L’ILLUSTRATION


Eté 1886 ❖ Journal du monde d’Empire ❖ 24 mars 2023

L'EUROPE EN MEFIANCE

Les démons qui s'étaient apaisés sous les bonnes influences du Sultan se sont réveillés à mesure que les ambitions grandissaient dans les Balkans & s'éloignaient d'un statu quo. La Chine, sensible comme toujours, avait elle aussi évité de prononcer le nom du diable, par crainte sans doute, de le faire apparaître. Quant au Japon, il devenait l'un des plus gros exportateurs, grâce à sa force industrielle, devenue la première du monde. Les puissances orientales, que l'on croyait secondaires, passent résolument au-devant de la scène & font chauffer les esprits. Le monde regarde comme médusé & constate froidement la peur de la défiance, qui empeste dans les couloirs des ambassades. Et, au milieu de ces regards biaiseux, les Britanniques n'ont pas trouvé la clef du verrou égyptien.

 

- L'Europe en méfiance - 

Bien des chancelleries connaissent des hauts & des bas, mais force est de constater que la diplomatie s'active avec un doigté délicat. Les tentaculaires influences de chacun veulent s'assurer les bonnes grâces d'autrui. Des fonctionnaires travaillent d'arrache-pied, classant toutes les informations possibles, des ambassadeurs désemparés balbutient, pour ne pas les éventer, les projets à longs termes de leur souverain, des accusations gratuites fusent & laissent de profonds stigmates. Il y a dans l'air estival un parfum subtil de méfiance, qui augure d'une ambiance électrique pour les semaines à venir. La vieille Europe est la première touchée par cette vague de suspicion & d'hésitation, plombant ses ambitions, alors que les empires orientaux s'épanouissent à grande vitesse.

 

- L'Europe en paix -

D'après une dépêche d'Andrinople, publiée par le quotidien The Observer, l'armée du maréchal Osman Nuri Pacha a opéré avec une célérité déconcertante dans la vallée entre Rhodopes & Balkans, pour défaire les troupes bulgares & marcher avec vigueur sur Sofia. Tout indique l'imminence d'une grande victoire, dans une guerre qui n'a duré que quelques semaines. Hier soir, favorisés par un temps superbe, les Turcs ont pris d'assaut, après une résistance désespérée des Bulgares, les fortifications avancées de la colline de Vitosha, pierre d'angle des défenses de la capitale. Aussitôt, un cessez-le-feu est proposé, puis une paix est signée avec rapidité, les Ottomans ayant battu l'armée adverse, réglé le sort du Prince Alexandre & pacifié la région, qui redevient province d'Empire. Le Sultan Abdul Hamid II est venu en personne saluer le défilé de la victoire de l'armée ottomane à Sofia & l'accueil qu'il a reçu tend à prouver que le calme reviendra vite dans la région.

 

Œcuménisme à Jérusalem -

D'après Monseigneur Ubriacone, un prélat italien revenant d'un colloque hiérosolymitain, la République Française a réussi à amadouer la Sublime Porte, puisque les voyageurs français sont à nouveau autorisés à venir en Terre Sainte. Cette nouvelle est mise à profit par les préfectures de département, qui constatent un apaisement bienvenu dans toute la France. L'été se révèle radieux, puisque le Sultan Abdul Hamid II a accepté que les Américains lancent un programme de restauration de la basilique de la Nativité, à Bethléem. Cette construction sacrée, érigée par l'Empereur Constantin, indique le lieu de naissance du Roi David & de Jésus Christ. L'équipe américaine vient restaurer la stabilité de l'édifice, en renforçant les mortiers, en rénovant les colonnes & en reforgeant l'étoile à quatorze branches de la sainte Grotte. Le Président des Etats-Unis offre une plaque en bronze, pour honorer la basilique du soutien des Américains & se permet de rappeler via la presse que "les Etats-Unis d'Amérique, forts de leurs 60 millions d'âmes, sont devenus la première nation chrétienne du Monde".

 

- Amère Méditerranée -

Du théâtre le plus scruté des guerres coloniales, c'est-à-dire depuis l'Egypte, deux faits importants sont signalés. Le rapatriement des soldats français d'abord, l'échec des stratèges britanniques ensuite. Du côté français, le général Jean-Baptiste Billot, remarqué par son teint pâle au milieu des hommes burinés par le soleil ardent des bords du Nil, doit se résoudre à sonner la retraite. Ses officiers & ses soldats sont encombrés d'eux-mêmes, gourds & patauds, vacillants en montant la rampe des bateaux accostés dans le port d'Alexandrie. Tous s'accrochent aux bastingages, ne comprenant pas pourquoi la France ne les rapatrie pas, après une défaite honteuse, laissant de plus le champ libre aux Britanniques, drôles d'alliés de circonstance. Ces derniers ne sont toutefois pas à la fête, puisqu'ils ne parviennent pas à entrer dans la capitale du Khédive. Les assauts des Royal Guards contre la redoute de Boulaq sont repoussés & les Egyptiens conservent leurs positions. L'artillerie des Scottish Black Watch avait fait un travail remarquable au printemps, mais le général Cameron - un vieux de la vieille - n'a plus assez d'hommes pour lancer un assaut décisif contre la citadelle du Caire. Les Ecossais sont à leur tour pris sous un déluge de feu & doivent envisager un repli salvateur. C'est alors que l'Amirauté demande aux officiers de ne plus exposer les hommes, tant que les renforts ne sont pas arrivés. Et ces renforts débarquent effectivement, mais à la fin de l'été & sous la forme d'une armée complète, ce qui augmente dangereusement le taux d'attrition. La manoeuvre de cette dernière est un cauchemar logistique & prend un temps infini. On se marche dessus, on ne sait où empiler le matériel, la dysenterie fait des ravages. Le Comte de Legless, médecin en chef de l'armée, constate "que le voyage en mer a été affreux, qu'un grand nombre de soldats sont maintenant saisis de fortes fièvres, avec des vomissements & de fortes douleurs dans les reins. Leur tête & leur cou sont appesantis & ce qu'il vomissent est de couleur safran. Le Seigneur donne, le Seigneur reprend. De nombreux cadavres doivent être enterrés dans le sable, à la va vite, dans une fournaise infernale, au milieu de miasmes inquiétants."

 

- Aux confins de l'Europe -

Les rêves de conquêtes du Tsar trouvent un écho à la bordure de l'Asie, dans le Caucase, mais aussi loin de l'Oural, en pleine Asie Centrale. Là, le général Tcherniaiev, en arrivant devant Tachkent, lance les Cosaques & les Circassiens contre les escadrons de cavalerie des Ouzbeks. Malheureusement, les communications télégraphiques sont interrompues dans cette région loin de tout & bien malin est celui qui pourrait écrire ce qui s'y déroule réellement. Pourtant, prenant appui sur les témoignages de la saison dernière & des civils fuyants la région, les Russes agissent sur place avec des méthodes... d'un autre temps. En tous cas, Tachkent n'est pas à eux.

L'ambassade de la Confédération Helvétique à Saint-Petersbourg communique un rapport relatant les cruautés & les massacres commis par les militaires russes parmi les populations musulmanes & israélites dans les régions envahies du Caucase. Qu'importe ! L'effort principal se dirige vers Bakou, où les Azeris sont culbutés par la puissance de feu de l'armée du Grand Duc Vladimir, épaulée par la Garde impériale. Le Grand Duc, frère du Tsar, est un homme brillant, instruit & ami des Arts. S'il ne s'abaisse pas à répondre aux diplomates de l'Occident, gageons qu'il parvienne à tempérer l'ardeur sauvage de ses hommes. Nous sommes en Europe, tout de même !

 

- La revanche de l'Empire du Milieu -

Pendant qu'une partie de la presse étrangère s'évertue à faire circuler le bruit d'une paix imminente, le Times nous apprend que la Chine poursuit ses activités contre la Mandchourie. On considère comme absolument vaines les nouvelles que certains journaux s'obstinent à publier sur des négociations engagées en vue de la paix. Les Mandchous ont subi à la frontière une défaite si grave, que certainement ils ne traiteront pas avant d'avoir relevé l'honneur de leurs armes. C'est pourquoi le Prince Yung-Lu a traversé la cour bordée de troènes en fleur, aimant leur senteur fine & entêtante, pour se précipiter dans la salle du trône & narrer à l'Impératrice les exploits des forces armées, qui ont repoussé l'envahisseur de l'autre côté de la frontière & ont osé installer une tête de pont à Dandong, au Sud-Est de la Mandchourie.

 

- Carnets coloniaux -

On assure que les Turcs, ayant débarqué à Zanzibar, marchent victorieusement pour prendre la citadelle. Le commodore Tahir Bey, commandant l'escadre ottomane, prend part à l'offensive, la ville étant bombardée massivement depuis ses navires, la garnison harcelée & submergée par l'infanterie de marine. La lutte a été extrêmement vive, mais le Sultan de Zanzibar doit capituler, sans condition. La citadelle arbore dès à présent le pavillon ottoman.

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Dans les Etats Malais, les indigènes répondent énergiquement aux attaques des Néerlandais & le général Otto van Rees argue qu'il n'est qu'à une courte distance de Kuala-Lumpur & qu'il a derrière lui des renforts considérables. De fait, voilà opportunément les Grenadiers du Roi qui arrivent enfin & viennent ajouter leurs canons à ceux des Chasseurs d'Orient. Un dernier coup de rein permet de mettre en fuite les autochtones récalcitrants, pendant que les Bataves investissent la capitale & le précieux gisement de caoutchouc. 

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Nous apprenons de sources autorisées, que l'infanterie de la Garde du Kaiser s'est illustrée à Douala, au Cameroun. La pacification de cette région n'aura donc pas été de tout repos pour l'Allemagne, mais elle est concrète.

 

- Luxe à l'orientale -

Constantinople s'embellit d'un hôtel resplendissant pour la clientèle aisée & les voyageurs les plus fortunés d'Europe, d'Asie & même d'Amérique. Non loin du Bosphore, le Pera Palace Hotel devient l'un des établissements les plus luxueux du monde, à l'égal du Meurice à Paris ou le Sacher à Vienne, avec divans somptueux, électricité & eau chaude dans toutes les chambres. Une nouvelle compétition s'ouvre pour déterminer laquelle des capitales sera la plus visitée du monde. Constantinople, qui a des jonctions maritimes jusqu'aux Etats-Unis & le terminus de l'Orient Express, est décidément une destination phare. Et dans cette émulation, les palaces jouent un rôle de première importance, proposant de surcroît les mets les plus délicats dans leur restaurant, à l'instar de ce que fait Monsieur Escoffier à Monte-Carlo. 

Les Hollandais voient plus loin, en faisant de Paramaribo, le chef-lieu de la Guyane néerlandaise, une cité majeure en bordure de la jungle équatoriale. Ils y établissent un palais du gouverneur, un bureau télégraphique & surtout de nouvelles installations portuaires.

Les Belges, enfin, au moment de leur recensement, annoncent dépasser les six millions d'individus & élèvent Gand au rang de cité majeure.

 

- Voyage & Espionnage -

De nombreuses administrations doivent ficher des personnalités féminines étranges, qui apparaissent ci & là, avec pour vocation de mémoriser le plus de renseignements possibles. On connaissait les confessions d'ambassadeurs, les aides financières secrètes, les caisses d'armes débarquées de nuit, mais voici un monde nouveau qui se dévoile petit à petit, celui de l'espionne en jupon qui fouine avec discrétion, sous des airs innocents & pour qui on donnerait le Bon Dieu sans confession. Mais la fuite d'informations est une chose sérieuse, qui peut peser pour faire pencher la balance jaugeant les puissances. L'Egypte est d'ailleurs devenu un rendez-vous mondain incontournable pour les agents de nombreux services, qui trainent dans les beaux hôtels de la capitale, & l'on peut deviner sans sourciller que tous ces hommes endimanchés & ces dames élégantes sortant sous un soleil accablant ne sont pas venus pour se satisfaire d'observer les pyramides.

 

- L'extraordinaire pont du Forth -

La British Railway Company gère de mieux en mieux le chemin de fer national & réalise un ouvrage exceptionnel pour enjamber l'estuaire du Forth, afin de rejoindre Edimbourg. Les britanniques étoffent leur réseau en reliant Plymouth & Cardiff depuis Birmingham, la deuxième plus grande ville du Royaume Uni, & persévèrent de Manchester à York & de Glasgow à Edimbourg.

Démontrant un esprit de bon voisinage, Autrichiens & Ottomans se sont salués à Sofia, ville pacifiée, afin d'y ériger une seconde gare. Celle-ci permet de poursuivre le voyage depuis Vienne, jusqu'à Constantinople, via Andrinople. Ces travaux offrent aux compagnies intéressées de créer une ligne ornée du titre ronflant d'Orient Express, cher à sa Majesté François-Joseph. La Compagnie Internationale des Wagons-Lits ne tient pas à entrer dans une bataille juridique à propos de ce nom & se contente d'engranger les succès commerciaux. La compagnie austro-hongroise s'engage sur d'autres chantiers & crée la ligne Cracovie-Lemberg-Tarnopol dans le relief enchanteur des forêts de Galicie.

Le Reich construit autour de Berlin, qui se voit dotée de cinq gares, avec une nouvelle liaison pour Dresde, ainsi que Breslau & Stettin. De plus, les Allemands avancent leurs lignes vers la frontière de leurs cousins autrichiens, achevant la ligne Prague-Ratisbonne & entamant la voie Breslau-Prague.

En vrac, les Italiens peaufinent leur réseau, avec des lignes secondaires entre Venise & Florence & Parme. Sa Majesté Léopold II envoie dans l'Etat Libre du Congo des ouvriers pour poser une voie ferrée à travers la forêt vierge entre Léopoldville & Luluabourg. Les Mexicains allongent la ligne de Monterrey vers Chihuahua. Et les Français concrétisent une ligne indochinoise, de Saigon à Hué & ensuite jusque Hanoï.

Les compagnies maritimes se portent bien & regardent la British Steamship se réveiller. Cette dernière ouvre de nouvelles destinations depuis les ports de Londres & de Glasgow, vers Saint-Petersbourg, Anvers, New York & Bombay.

 

- Le canal de Panama -

On aurait pu penser que les Etats-Unis avait un quelconque projet de percement de l'isthme de Panama dans leurs tiroirs. Or, les voici bras croisés à regarder les manigances françaises dans l'enfer vert de la jungle colombienne. Car l'Etat de Panama n'existe pas. Il faut bien traiter avec le maître des lieux, le Président des Etats-Unis de Colombie, Rafael Nunez Moledo. C'est pourquoi, le projet français d'exécuter immédiatement des travaux à Panama est reporté aux calendes grecques, aucun accord n'ayant été trouvé. La République Française envoie donc Ferdinand de Lesseps plaider la cause à Bogota, afin d'obtenir le droit de creuser. Après de longues semaines de palabres, les Français obtiennent de pouvoir travailler, à la condition de financer tout eux-mêmes. Le budget déployé pour le percement d'un canal interocéanique s'élève à 170 millions de Francs & les travaux devraient en toute logique s'achever dans un an, soit pour l'automne 1887. Mais, déjà, certains éditorialistes s'inquiètent & le font savoir : si le gouvernement français n'a pas cru bon de prévenir la Colombie, l'a-t-il au moins fait avec Washington ? Les investisseurs connaissent-ils le terrain, au relief difficile & aux fréquents séismes ? A-t-on pensé aux maladies équatoriales qui empêchent la promiscuité des ouvriers ? Et de conclure ainsi : Paris lance un défi à la déesse Némésis...

 

- Plus ancien que la Bible -

Les archéologues de la mission américaine en Mésopotamie poursuivent leurs travaux dans les vestiges de l'ancienne Babylone & déclarent cette fois-ci avoir mis au jour les plus anciens textes écrits de l'Humanité. En effet, Cornelius van Alen Van Dyck affirme posséder des tablettes d'argile couvertes d'une écriture proto-cunéiforme datant du troisième millénaire avant le Christ. Ces textes seraient même antérieurs à l'écriture hiéroglyphique des Egyptiens. Cette découverte fait l'effet d'une bombe dans le milieu des historiens de l'Antiquité & des linguistes renommés. Aussitôt, Sir Henry Layard qui, lui aussi, a fait des fouilles à Babylone il y a vingt ans pour le compte de la Grande Bretagne, s'oppose à ces déclarations & vient étayer sa suspicion en rappelant les travaux de traduction de son compatriote George Smith, qui avait remarqué la similitude entre les récits de l'Epopée de Gilgamesh & le Déluge évoqué dans la Bible. Or, ces tablettes d'origine assyrienne, ne datent "que" du premier millénaire avant notre ère. Les lecteurs vont se régaler au cours des prochains épisodes de ce duel d'intelligence à distance.

 

- Le Concours Lomonossov -

A Moscou aussi, l'été est radieux & enthousiasmant. Le Tsar y a convié le corps scientifique à venir présenter le fruit de ses plus surprenantes recherches. Le premier invité à se mettre en évidence est le belge Jean Servais Stas, descendu à la gare d'Alexandre, d'une voiture bleue de Sèvres, livrée caractéristique des prestigieux trains de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits. C'est lui qui ouvre les présentations des innovations, avec l'esquisse d'un tableau périodique des éléments chimiques.

C'est ensuite, & surtout, l'Espagnol Cipriano Segundo Montesino, directeur de la compagnie nationale des chemins de fer, qui vient présenter les machines les plus puissantes dans le domaine ferroviaire, mais aussi maritime. A l'évidence, ses démonstrations sont les plus appréciées de tous. Pourtant, l'ingénieur russe Pavel Jablotchkov fait lui aussi sensation en déployant ses inventions, les bougies Jablotchkov, des lampes à arc qui peuvent éclairer les rails la nuit ou illuminer les boulevards des grandes capitales. Les Français avaient déjà fait appel à lui lors de l'Exposition Universelle de 1878. Et puisque nous évoquons la France, apprenons que cette nation ne fait pas les choses à moitié lorsqu'on prend la peine de l'inviter. Le Président Grévy est venu en personne saluer le Tsar & visiter le palais dans lequel se déroule le Concours. A sa suite, une extraordinaire cohorte des esprits les plus féconds de France, à savoir, messieurs Eiffel, Pasteur, Héroult, Fougeadoire, Bajac, Delamare-Deboutteville, chacun présentant ses maquettes, ses échantillons & autres prototypes.

De Constantinople, arrive tardivement la délégation du Sultan, qui n'a rien à présenter. Toutefois, les savants ottomans écoutent attentivement toutes les présentations. Quelques savants italiens & japonais ont aussi fait le déplacement. Le Concours récompense les meilleurs produits de l'industrie par des médailles & l'honneur suprême revient à Monsieur Montesino qui reçoit de Sa Majesté Alexandre III le prix Lomonossov accompagné de 15 millions de Roubles. 

 

- Exposition Coloniale de Marseille -

Déjà revenu de Russie, le Président Jules Grévy se rend céans à Marseille, pour visiter l'Exposition Coloniale, un événement franco-français destiné à faire connaître les richesses culturelles & économiques de l'empire français & à susciter l'installation de colons & le développement des colonies. On ne sait pourquoi le gouvernement a choisi ce nom, car en lieu & place d'Exposition, il apparaît que les Marseillais n'aient droit qu'à une foire, pour laquelle aucune publicité n'a été faite. D'ailleurs, aucun journal étranger ne mentionne cette action & aucun visiteur n'avait de papiers autres que français.

 

- Championnat des Nations -

A Edimbourg, vient de se conclure le Home Nations Championship de l'année 1886, qui est la quatrième édition du championnat de rugby entre les nations du Royaume Uni. C'est l'Angleterre & l'Ecosse qui remportent le tournoi, chacune des formations ayant remporté leurs matches successifs contre le Pays de galles & l'Irlande. Une dernière confrontation entre les deux meilleures équipes ne donne pas d'avantage, puisqu'elles n'ont pu se départager sur le terrain de jeu de Raeburn Place. Le sport est un loisir de plus en plus pratiqué, notamment par l'élite des jeunes hommes inscrits à l'université, mais aussi par quelques ouvriers passionnés. L'athlétisme, l'aviron, le football & le rugby obtiennent un succès qui déplacent des foules de spectateurs. Les travailleurs britanniques emportent avec eux leurs coutumes à l'étranger & l'on voit des équipes nationales se créer en Afrique du Sud, en Australie, en Nouvelle-Zélande, mais aussi en Belgique, en France & en Argentine.

 

- Désagréments -

Les Apaches de Geronimo ne cessent d'engendrer des problèmes. Après avoir semer la terreur en Arizona, les voici au Mexique, où l'armée régulière ne parvient pas à les intercepter. Alors, le Président Porfirio Diaz change de stratégie, fait construire un train, envoie la Garde & reprend le contrôle de Chihuhua. Geronimo est obligé de se dérober & de repasser le Rio Grande. Là, les Américains ne s'en laissent point compter & font converger plusieurs corps d'armée pour se débarrasser de cet importun. Pour l'heure, Geronimo semble se diriger vers le Texas.

Partout ailleurs, les gouvernements tiennent leurs populations avec tact & fermeté.

 

- Consortiums actuels -

Alimentaire : Abyssinie, Argentine, Ceylan, CHINE, ITALIE, MEXIQUE, TURQUIE.

Armement : AUTRICHE, BELGIQUE, CHINE, ESPAGNE, Suède.

Banque : FRANCE, JAPON, ROYAUME UNI, Suisse.

Chantier naval : ESPAGNE, Grèce, JAPON, ROYAUME UNI.

Charbonnage : ALLEMAGNE, ETATS-UNIS, Mandchourie, Mozambique.

Chimie : ALLEMAGNE, JAPON, Norvège.

Gisements : Brésil, Congo (BELGIQUE), Etats Malais (PAYS-BAS), Matebeleland, Nigeria (ALLEMAGNE), RUSSIE.

Machines outils : Danemark, ITALIE, PAYS-BAS.

Mines : Australie, Côte d'Or, Katanga (BELGIQUE), MEXIQUE, RUSSIE.

Pétrole : Azerbaïdjan (RUSSIE), Birmanie, ETATS-UNIS, Roumanie, Sumatra (PAYS-BAS).

Sidérurgie : BELGIQUE, ESPAGNE, JAPON, MEXIQUE.

Tabac : Barbade, Cuba (ESPAGNE), JAPON, Nicaragua, TURQUIE.

Textile : Corée, Egypte, Gujarat (ROYAUME UNI), Maroc (FRANCE), Pendjab.

Verrerie : AUTRICHE, Canada, CHINE, FRANCE, Perse.

 

DATE LIMITE DE L'AUTOMNE 1886 : VENDREDI 21 AVRIL

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