Au moment où nous mettons sous presse, le vie politique ne s'est guère assoupie & l'activité diplomatique n'a pas connu de trêve. Même le Carnaval, ou ce qui en reste, n'a pas ralenti le rythme endiablé des échanges épistolaires entre les chancelleries. Tout cela n'a pas empêché les puissances de se défier, de se disputer, de s'empoigner. L'hiver semblait avoir ouvert la voie à la paix. Ce printemps est tout entier dédié aux combats les plus sanglants. Quoique...
- La République jette toutes ses forces -
Ce que le quidam de chaque nation d'Europe redoutait est devenu une réalité. Car, rappelant au monde qu'elle est l'alliée de l'Italie, la France déclare la guerre à la Grande Bretagne, à l'Allemagne & à la Russie. Beaucoup se demandent, si la France aura les reins assez solides pour oser défier le monde entier, mais dans l'Hexagone, les hommes restent confiants. Les journaux ne disent-ils pas à l'unisson que les ennemis de la République reculent partout ? Dans les estaminets, sur les places, dans les gares, les vieillards, les femmes & les enfants viennent saluer le courage des soldats. Un véritable élan offensif envahi les coeurs. Dans les coulisses de ce théâtre, un acte se joue entre les esprits les plus rusés. Exilé à Jersey, le général Boulanger, que certains espéraient utiliser contre la France, a été - par un hasard extraordinaire - récupéré par le Président Sadi Carnot, qui l'a nommé ministre de la Guerre. Cet événement ressemble à un concours de circonstances & coupe, bien à propos, l'herbe sous le pied des conspirateurs.
- Acharnement néerlandais -
Sa Majesté Charles-Auguste, Roi des Pays-Bas, a prouvé une fois de plus qu'il a toujours cet admirable élan d'enthousiasme, qui est une grande force & un signe de grande personnalité. Ce sont les souverains forts & les peuples généreux qui font les poussées de civilisation. Toutefois, la générosité batave est aujourd'hui mise à mal par un manque d'expérience & de pratique sur le terrain. C'est là le revers de la médaille, face à une nation qui a l'habitude de la guerre. A Marseille, la leçon tactique des Français ne semble pas avoir été assimilée. En conséquence, les Hollandais s'entêtent &, après un bombardement en règle de la ville, ils lancent une forte attaque d'infanterie. Mais c'est un second échec, plus cuisant que le précédent encore. Car les Français ne sont pas restés longtemps spectateurs & ont très logiquement amener leur première armée en soutien de la garnison de la cité phocéenne. La résistance a été vigoureuse & l'on dit que même la population a été admirable de patriotisme & de mâle énergie. Mais, à la vue du ralentissement du feu de l'assaillant & de l'état critique des plans bataves, les Français se lancent sur les traces de la colonne adverse en retraite. Les cadavres hollandais sont par tas. Dans les ambulances, on marche dans le sang jusqu'à la cheville. La première armée du Roi est anéantie, avant même que les renforts ne soient arrivés.
- La guerre ravage maintenant l'Espagne -
Contre les Espagnols, l'armée française est encore plus incisive, puisqu'elle ne se contente pas de se défendre. Nous avons récolté des informations qui nous viennent de sources fiables & sûres pour ce qui est des opérations autour de Bilbao. Un premier combat très vif a permis au vieux général Billot d'exterminer les fantassins démoralisés du cinquième corps. Cette manoeuvre efficace offre Bilbao sur un plateau & les Français s'autorisent même à envoyer la Garde à Bordeaux, tant la résistance espagnole est faible. Le scénario est identique devant Barcelone, où les Espagnols se bornent à armer tout ce qu'ils trouvent comme civils, réservant la totalité de leurs forces régulières pour sauver Madrid. Les francs-tireurs de Barcelone sont balayés par l'armée du général Edouard-Fernand Jamont, un spécialiste de l'artillerie & du génie. L'armée française sort triomphante de cette opération facile & un régiment de Pionniers escalade le monument Christophe Colomb pour y faire flotter une bannière française. Deux cités majeures perdues en une saison, c'est dur pour l'Espagne. Toutefois, elle parvient, comme souvent, à atténuer son malheur en se contentant d'une petite victoire, qui a son importance. En effet, Fès au Maroc est enfin tombée, le bastion n'est plus & le consortium textile doit cesser ses activités.
- Les Américains à Alicante -
Une troupe nombreuse envoyée par l'Oncle Sam débarque à Alicante, ville dominée par le château de Santa Barbara, sécurise les installations portuaires & s'en va ensuite soutenir le Roi d'Espagne à Madrid. Cette action est sans intérêt, jusqu'à ce que les sirènes du navire amiral du commodore Winfield Scott Schley retentissent. Car, dans l'horizon méditerranéen, se découvre l'armada italienne de l'amiral Carlo Mirabello, qui a pour ordre de venir s'imposer à Alicante. Les escadres se déploient & les tirs commencent à fuser. Très vite, Mirabello comprend qu'il est en infériorité numérique & décide de battre en retraite. Mais les Américains ne veulent pas lâcher leur proie & s'acharnent à poursuivre la plus faible des escadres, qui est envoyée illico par le fond, entrainant la mort de milliers de marins, mais aussi de milliers de soldats embarqués. La Regia Marina vient de subir sa plus grande défaite de la guerre. Quant aux Américains, ils viennent de prouver au monde qu'ils détiennent une force de frappe redoutable sur les flots.
- Cauchemar logistique en Italie -
Le Roi Umberto est mal inspiré de se disperser de la sorte, car un gigantesque danger menace l'Italie métropolitaine. Les escadres britanniques peuvent agir à tout moment, les forces allemandes se concentrent en Suisse & au Tyrol, pendant que les Russes ne cessent d'amener des renforts en Carinthie. L'assaut est imminent & il a fallu bien du labeur pour que nos collaborateurs parviennent à élucider la lutte terrifiante qui commence. La première menace, celle de la marine britannique, devient fictive, dès que l'amirauté italienne apprend que la Royal Navy est dans le secteur pour intercepter les navires italiens entre Corse & Sardaigne, non pour débarquer des forces terrestres. Le second péril est bien plus inquiétant, avec l'offensive générale des armées germano-russes. Cependant, l'armée allemande bute devant un encombrement magistral des unités lourdes qui doivent traverser les Alpes. Du col du Brenner au col du Simplon, via la passe du San Bernardino, l'état-major du Kaiser n'a rien trouvé de mieux que de forcer l'arc alpin avec cinq armées tirant un attirail interminable, & qui doivent toutes arriver en même temps devant Turin ! Le capharnaüm qui s'ensuit sur les étroits chemins de montagne, sous les avalanches printanières & les tirs d'artillerie des Italiens entrainent un imbroglio fatal. Malgré cela, les Allemands tentent de submerger les défenses italiennes, avec une attaque en direction de Turin, l'autre vers Milan. Des éclaireurs sont envoyés dans toutes les directions &, soudain, une acclamation immense parcourt le camp prussien : "der Kaiser ist da !" (l'Empereur est là). Les casques pointus redoublent d'efforts pour faire craquer les lignes italiennes & réussissent à entrer dans Milan, qui n'avait aucune division de garnison.
- Bataille du Trentin -
Depuis quelques jours, une bataille était considérée comme imminente & d'après les premières dépêches, les armées du Grand Duc Vladimir, appuyées par tous les canons apportés dans les Alpes, ont essuyé une défaite cinglante. Pourtant, les Russes avaient beaucoup d'ambition & pensaient faire nettement mieux, en s'emparant de Venise dès les premiers jours de l'offensive. Ils sont surpris par des Italiens survoltés, qui n'ont pas hésité à lancer des attaques jusque dans le Haut Adige. Autour de la ville de Trente, les combats sont très violents & les pertes sont déjà conséquentes. Le cinq janvier, le général Nikolaï Stoletov a lancé une seconde vague offensive depuis Udine, ville qu'il avait occupé la veille. Mais au contact des Italiens, à Bassano del Grappa, la bataille reprend avec une nouvelle furie, le général Stoletov reçoit une balle qui lui fracasse la mâchoire, puis un éclat d'obus à l'épaule le projette à dix mètres. Il se fait bander la tête & mène le combat jusqu'à épuisement, puis doit se réfugier dans une église pour y être plus sérieusement pansé. Jour & nuit, les assaillants tentent de déborder les défenseurs, mais au bout d'une lutte digne des feux de l'enfer, on ne sait plus qui attaque & qui défend.
- Horreur en Extrême Orient -
A Hué, l'ancienne capitale des Empereurs annamites, dont on a déjà beaucoup ragoté dans les pages des journaux, l'horreur est présente partout. On s'étrangle aujourd'hui dans les bassins de nénuphars, on s'étripe au pied de la grande pagode, on s'embroche devant la porte du Midi. Tout cela, pour savoir qui va contrôler le palais de l'Harmonie Suprême sans se soucier des génies gardiens de la citadelle. La doctrine traditionnelle du Bushido, réintégrée à l'armée, ainsi que l'apport d'officiers étrangers, donnent un élan inespéré aux forces nippones. Sous le commandement d'un nouvel officier, le général Yamaji Motoharu, promu en raison de sa dureté, les Japonais réussissent à reprendre la citadelle, interceptent les derniers bataillons devant la gare & organisent un véritable massacre. Le dix-huitième régiment d'infanterie, dont le nom de code est Tonnerre, est chargé de ne pas faire de prisonniers & assassine tous les soldats français, ainsi que près de vingt mille civils annamites traités comme des auxiliaires complices, ne laissant que trente survivants pour enterrer les cadavres hors de la ville. Evidemment, le récit de ces odieux massacres est controversé. Mais la plupart des correspondants, comme celui du journal américain New York World ou le quotidien britannique London Black and White, décrivent un carnage à grande échelle & de sang-froid. Notons qu'il semblerait que la garnison de Saïgon ait déposé les armes, suite au bombardement intensif & au débarquement des forces japonaises. Nous n'avons pourtant pas reçu de confirmation. Quant à Bangkok, ce qu'il s'y trame est tout bonnement inaccessible.
- Carnets coloniaux -
Une opération militaire est pratiquement passée inaperçue en Europe, alors, qu'elle a fait couler des hectolitres d'encre dans les journaux d'Amérique. La Royal Navy a réussi, en effet, à se faufiler à travers le canal de Panama pour entrer dans le Pacifique & débarquer sur les plages du Costa Rica le cinquième corps des Royal Welsh Fusiliers. Le général menant cette troupe téméraire est Sir Francis Wallace Grenfell, un officier qui a toute la confiance de la Reine Victoria. Cela se vérifie avec la marche sans accroc de Grenfell vers San José, la bourgade qui sert de capitale à ce petit pays d'Amérique Centrale. La garnison est tôt maîtrisée, le Président Zeledon arrêté & le pays est subjugué. La puissance qui y contrôlait le marché neutre est grugée & l'on ne sait toujours pas pourquoi, en Grande Bretagne, quelqu'un a exigé une telle entreprise. Car, au Costa Rica, il n'y a rien !
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Au Mozambique, le général Baldissera doit s'organiser pour redonner forces à ses hommes épuisés, lorsque la rumeur enfle. A Pretoria, le Président Paul Kruger a été assassiné. L'intervention de services étrangers est immédiatement pointée du doigt par la presse locale & les Boers décident de replier toutes leurs forces au Transvaal. Dans le camp italien, l'enthousiasme est général. Les soldats jettent leurs armes & s'embrassent, regardant la guerre comme finie.
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Une campagne d'expédition punitive se transforme en une guerre terrible, entre les Mahdistes & les Autrichiens. En grande difficulté la saison passée, lorsque Massaoua fut prise, les Autrichiens réagissent avec une ardeur implacable. Le 20 juillet, les troupes du général Heinrich Vonbank débarquent à Suakin, concentrent sur-le-champ leur attaque en un point de la défense & arrivent à percer les lignes. L'acte qui s'ensuit narre une déroute totale pour les indigènes, dont les barrières faites de buissons épineux entrelacés ne sont pas de taille à dissuader l'attaquant. Le général Vonbank pousse son avantage avec fracas & défait les Soudanais, qui sont "abattus comme des étourneaux". Les indigènes abandonnent Suakin & Massaoua pour se replier en désordre vers Khartoum. Au milieu de ce tourbillon militaire, les fonctionnaires du Bureau colonial austro-hongrois en Ethiopie ont arrêté Arthur Rimbaud, un trafiquant français, qui parle parfaitement l'arabe & l'allemand. Il lui a été demandé de s'expliquer sur le transport de fournitures militaires à destination du Négus & du Mahdi.
- Le Congrès des aveugles -
Des avis de Constantinople annoncent que plusieurs soldats irréguliers ont été arrêtés. On croit à une conspiration en faveur du Prince Mehmed Reshad, demi-frère du Sultan. Mais ce n'est en réalité qu'un jeu de dupes. Ces troubles apparaissent étonnamment le jour où s'ouvre dans la capitale un Congrès pour l'amélioration du sort des aveugles. Cet événement, souhaité par le Sultan Abdul Hamid II en personne doit, sous forme de clin d'oeil, éclairer le monde sur l'épidémie soudaine de cécité chez les diplomates. Les Turcs se montrent ainsi très inquiets des manipulations diplomatiques & des fausses rumeurs qui circulent plus encore que les vraies. Et le Grand Vizir de tirer une conclusion pour la presse : "Combien, parmi ces foyers d'obscurité, pourraient au contraire oeuvrer pour contribuer à éclairer la marche en avant de l'Humanité."
La première onde de choc parvient aux Pays-Bas, où le président du Conseil des ministres, monsieur Aeneas Mackay, peu à l'aise dans la tourmente guerrière & les mauvaises nouvelles qui déferlent, n'a pas eu la carrure internationale pour gérer l'affaire des espions néerlandais arrêtés en Grèce. Il est remplacé, après des élections houleuses, par un libéral nommé Gijsbert van Tienhoven, connu comme étant le pétillant bourgmestre d'Amsterdam.
- Affaires, espionnage & révélations -
On mande de Berlin, à la Gazette de Cologne, qu'un dernier espion aux yeux bridés a été arrêté. Le journal de Francfort confirme cette nouvelle & s'épanche sur cette affaire absurde. Malgré le mardi gras, les ministres du Reich se sont réunis à la Chancellerie, au palais de Schulenburg. La police de circulation de Berlin, dont les agents sont surnommés les souris blanches en raison de leur shako très pâle, ont parfaitement épaulé les détectives de la police impériale & emmené le dernier suspect au siège de la police, à Alexanderplatz. Monsieur Bernhard von Richtofen, chef du service berlinois, explique que ces pratiques orientales de recherches de renseignements sont grossières & mal venues.
Un autre bras de fer s'est engagé entre les services secrets du Sultan de l'Empire Ottoman & ceux du Roi des Pays-Bas. En effet, une nouvelle affaire éclate, lorsque quelques fonctionnaires consulaires turcs sont arrêtés en pleine rue, à Amsterdam. La police néerlandaise qui, selon les ordres de Monsieur Poortvliet, le nouveau ministre de l'Intérieur, refuse de voir ces gens circuler aussi aisément sur le territoire national, emmène tout ce beau monde au poste. Les diplomates d'Abdul Hamid II sont scandalisés, eux qui n'ont toujours pas d'éclaircissement sur le rôle exact des Pays-Bas lors des troubles d'Athènes. Une fois de plus, le Roi Charles Auguste d'Orange-Nassau marche sur un fil, comme s'il voulait être le funambule de la diplomatie.
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Depuis hier, la presse internationale est submergée de déclarations venant des gazettes italiennes. D'abord, le ministère des Affaires étrangères du Roi Umberto dénonce publiquement l'activité du port de Damman, qui est le lieu de départ d’un trafic de pétrole de contrebande, qui enrichit les Etats-Unis. Certes, monsieur Archbold, dont le nom a déjà fait les choux gras des publications des quatre coins du monde, a réussi à s'extirper de la nasse italienne, mais le trafic est aussitôt & définitivement interrompu.
Ce n'est pas tout ; monsieur Agostino Depretis, le Président du Conseil des ministres d'Italie, exprime sa défiance vis à vis du Président des Etats-Unis, "qui invente en public des excuses pour se dédouaner & rallier d'autres nations à sa cause, sous de faux prétextes, tout en créant de toutes pièces les preuves dont il a besoin pour manipuler le monde". A cela, Washington répond que l'Italie doit cesser le combat & signer un traité de paix. Ce dernier entérinera la restitution de l'Islande au Danemark, l'acceptation de l'indépendance des républiques sicilienne & sarde, ainsi que la cession d'oeuvres d'art aux Etats-Unis, comme le David de Michel-Ange ou l'obélisque de la Minerve.
Enfin, l'administration italienne tient à faire savoir que l'Allemagne & la Russie ont exigé de l'Autriche-Hongrie d'obtenir tous les renseignements possibles sur l'affaire Mayerling. Les lecteurs attentifs doivent se souvenir que l'enquête des agents italiens s'était funestement terminée à Hambourg, ce que les services autrichiens ont confirmé. En conclusion, l'Allemagne & la Russie doivent savoir que l'Italie n'a rien à se reprocher dans cette affaire & que la guerre qui oppose maintenant ces trois puissances est un non-sens.
- Développements urbains -
Dans le Reich, une ville reçoit l'attention des autorités, afin de s'épanouir pleinement. C'est Karlsruhe, la paisible bourgade au bord du Rhin, que le Margrave de Bade avait voulu prestigieuse en y construisant un château remarquable, cerné de jardins disposés dans un cercle géant. Aujourd'hui, le Kaiser élève la petite ville au rang de cité majeure. Les campagnes aux alentours sont grassement aidées par des subventions.
Au bord de la Mer Noire, Trabzon, qui garde pour les Occidentaux le nom gracieux de Trébizonde & le souvenir de Xénophon ou de Marco Polo, est le lieu d'une vive activité qui veut faire de ce petit port une ville majeure de l'Empire Ottoman. Aussitôt, le Grand Vizir décide d'y réaliser de fabuleux parcs & jardins, ainsi qu'un institut de botanique, donnant à cette cité une dimension bucolique inédite. La population, mais aussi de nombreux voyageurs, témoignent de la splendeur de cet espace unique, où règnent les conifères, les châtaigniers, les cactus de Noël, les pistachiers & le jasmin.
Dans l'Amérique lointaine, au-delà du Mississippi, au confins de la Grande Plaine, sommeille le bourg bovin d'Abilène. Le Président Cleveland, qui souhaite dynamiser la région & faire de cette ville un centre de foires important, y fait construire de grands bâtiments publics. Abilène devient ainsi la plus grande ville du Texas.
Au coeur des Indes britanniques, une nouvelle cité majeure est élevée, qui prend le nom de New Delhi & qui est destinée à devenir la capitale du Raj britannique.
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Bruxelles, la capitale d'un royaume prospère, s'embellit & se modernise, avec le percement de nouveaux boulevards & la construction d'un train souterrain métropolitain. Bruxelles devient donc la seconde ville du monde à posséder de tels équipements, que seule Londres avaient concrétisé il y a presque un quart de siècle.
Très loin de là, une foule considérable est venue assister au discours du Prince Ito Hirobumi, le fidèle premier ministre de l'Empereur Mutsu Hito, qui alloue de substantiels crédits pour construire des routes, des poissonneries & des fabriques de savon. Au Japon, l'hygiène est devenue une des priorités des autorités.
Entre les deux, la Russie essaie de ne pas vivre que de la guerre & se réjouit de voir passer de ville en ville un cirque itinérant, qui propose des spectacles de cavalcades réalisées par des Cosaques circassiens & des farandoles d'ours domptés. La population y trouve un réconfort, amplifié par la remise de médailles aux familles qui ont perdu un être cher au combat.
- Activités ferroviaires -
L'Empire du Milieu vient de terminer sa première ligne internationale, en reliant Kumming à Hanoï, au Tonkin.
Le Roi des Belges, qui souhaite faire de l'Etat Indépendant du Congo un magnifique modèle de gestion des terres, fait construire le long du fleuve, une ligne de chemin de fer de Léopoldville à Coquilhatville & Lisala.
Le Sultan, qui désire faire de son empire colonial une véritable vitrine pour la civilisation, fait placer une voie ferrée à travers la brousse du Kenya, pour relier Mombasa à Kampala.
- Jeux Olympiques & Course cycliste -
Nous avons reçu des nouvelles de la capitale grecque, où le Roi des Hellènes Georges Ier, le Sultan Abdul Hamid II & l'envoyé spécial de Sa Majesté Victoria, Robert Gascoigne-Cecil, Marquis de Salisbury, ont confirmé l'ouverture des Olympiades modernes pour l'été 1892. Un Comité International Olympique a été créé pour réinstaurer les Jeux & en organiser l'événement tous les quatre ans. C'est Monsieur Dimitrios Vikélas, un Grec qui a habité aussi bien à Londres, qu'à Paris, Constantinople ou Odessa, qui devient le premier président de ce Comité, promptement soutenu par le Baron Pierre de Coubertin & le consul britannique William Penny Brooks. La Grande Bretagne met d'ailleurs les bouchées doubles dans le pays, faisant tout pour rétablir la sérénité, mais aussi pour réhabiliter le sanctuaire antique d'Olympie & aider les Ottomans à construire un stade imposant. Rappelons que de nombreuses nations se sont montrées intéressées, parmi lesquelles cinq grandes puissances : l'Autriche-Hongrie, les Etats-Unis d'Amérique, la France, les Pays-Bas & l'Empire Ottoman. Il faut y ajouter le Royaume-Uni, qui vient de confirmer sa participation. En bref, les Evzones veillent, les musées sont rouverts & les travaux du stade olympique avancent à grands pas.
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Les Belges & les Hollandais se sont entendus pour faire de ce printemps un moment joyeux, dans la campagne ardennaise & jusque dans la Basse-Meuse. Pour cela, ils ont organisé une course de petites reines entre Saint-Hubert & Bois-le-Duc. Les bicyclettes étant onéreuses, le cyclisme est considéré depuis des années comme une affaire de gentlemen. Ainsi, pour attirer plus de candidats, le Roi Léopold II a doté la course d'une bourse. Le succès est au rendez-vous, surtout lorsque le peloton roulant s'étire le long de la Meuse, où la foule est aussi nombreuse que les guinguettes. Si certains coureurs fatigués abandonnent à la première terrasse venue, le Liégeois Léon Houa remporte l'édition avec trente minutes d'avance sur ses poursuivants.
- Révolution mexicaine -
Toujours aussi peu préoccupé par les malheurs de son peuple, le Président Diaz s'était une fois de plus montré fort maladroit lorsque la bise fut venue. On pouvait alors écrire que la fin du Porfiriato coïncidait avec une période d'anarchie & de guerre civile. D'ailleurs, les timides efforts présidentiels pour vaincre la révolution du Yucatan ne faisaient qu'augmenter le nombre des rebelles, totalement imperméables à la corruption gouvernementale. Daniel Traconis Garcia, gouverneur de la région & chef militaire reconnu, prend aujourd'hui la tête de la révolution & organise la résistance à la réaction des généraux de Mexico. Sa petite armée vient bloquer les corps envoyés par le Président, pour reprendre Campêche. Rien n'y fait. Pire ! Le très indépendantiste gouverneur de Chihuahua, Luis Terrazas, se prononce pour l'autonomie de sa province & se prépare à lever une autre armée. Le Mexique est à feu & à sang...
- Révoltes & soulèvements -
Dans l'immense Empire Céleste, la vindicte d'Urumtsi n'a pas été corrigée. La ville ne rapporte plus rien, tant que l'armée de l'Impératrice n'aura pas agi avec fermeté.
A Constantinople, l'armée devra rester, car la situation est au plus chancelante & pour le moins confuse. Le Sultan doit donc prononcer au plus vite un iradé impérial afin de ramener la placidité recommandée.
La Confédération Helvétique, sous administration allemande, n'est pas exempte de mécontents, qui le font savoir par un défilé de manifestants à Berne. L'armée devra intervenir.
En France tout est rentré dans l'ordre grâce aux vigilantes garnisons urbaines, mais Alger est totalement abandonnée à son sort depuis des mois. La population a attaqué le siège du gouvernorat, au palais Dar Hassan Pacha, & fait prisonnier le gouverneur général Louis Tirman. Sans réaction prochaine, l'Algérie pourrait proclamer son indépendance.
La situation est exactement la même à Tunis, où les Italiens sont incapables de restaurer leur autorité. De surcroit, l'Italie métropolitaine connait aussi quelques remous, avec des voies de chemins de fer qui sautent & les villes de Bologne & de Parme qui se révoltent.
- Liste des Consortiums -
En Autriche, le chimiste Carl Auer von Welsbach met au point le bec Auer à partir du brûleur Bunsen & fonde la Treibacher Chemical Works, une fabrique de lampes à gaz, de sulfures métalliques & de produits rares pour les industries pharmaceutiques.
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Alimentaire : Abyssinie (AUTRICHE), Argentine, BELGIQUE, Ceylan (ROYAUME UNI), CHINE, ESPAGNE, ITALIE, MEXIQUE, TURQUIE.
Armement : ALLEMAGNE, AUTRICHE, BELGIQUE, CHINE, ESPAGNE, FRANCE, ROYAUME UNI, RUSSIE, Suède.
Banque : AUTRICHE, BELGIQUE, FRANCE, JAPON, ROYAUME UNI, Suisse (ALLEMAGNE).
Chantier naval : BELGIQUE, ESPAGNE, Grèce, JAPON, MEXIQUE, ROYAUME UNI.
Charbonnage : ALLEMAGNE, BELGIQUE, ETATS-UNIS, Mandchourie (CHINE), Mozambique (ITALIE).
Chimie : ALLEMAGNE, AUTRICHE, BELGIQUE, JAPON, Norvège, ROYAUME UNI.
Gisements : Brésil, Congo (BELGIQUE), Etats Malais (PAYS-BAS), Matebeleland (ROYAUME UNI), Nigeria (ALLEMAGNE), RUSSIE.
Machines outils : BELGIQUE, Danemark, ITALIE, JAPON, PAYS-BAS, ROYAUME UNI, RUSSIE.
Mines : Australie, Côte d'Or (ESPAGNE), Katanga (BELGIQUE), MEXIQUE, RUSSIE, Transvaal.
Pétrole : Azerbaïdjan (RUSSIE), BELGIQUE, Birmanie (PAYS-BAS), ETATS-UNIS, Roumanie, ROYAUME UNI, Sumatra (PAYS-BAS).
Sidérurgie : BELGIQUE, ESPAGNE, JAPON, MEXIQUE, ROYAUME UNI.
Tabac : Barbade (ROYAUME UNI), BELGIQUE, Cuba (ESPAGNE), JAPON, MEXIQUE, Nicaragua, TURQUIE.
Textile : BELGIQUE, Corée (JAPON), Egypte (TURQUIE), Gujarat (ROYAUME UNI), Maroc (FRANCE), Pendjab (ROYAUME UNI), RUSSIE.
Verrerie : ALLEMAGNE, BELGIQUE, Canada, CHINE, FRANCE, JAPON, Perse.
ATTENTION : comme certains l'ont constaté & se sont inquiétés des heures de dingue passées par le MJ pour placer, enlever, déplacer le nombre fou d'armées, de corps & d'escadres, il est précisé à partir de maintenant dans les règles, qu'en temps de guerre, le plafond militaire peut être dépassé jusqu'au double du nombre de corps d'armées, maximum. C'est un changement qui est indispensable, sinon, on va droit dans le mur... surtout moi. Evidemment, pas mal de stratèges sont bien au-delà de ce nombre. Il va de soi, qu'ils peuvent garder leurs unités, mais qu'ils ne pourront plus en lever, jusqu'à revenir à moins du double du plafond. Exceptionnellement, ils peuvent même envisager de détruire ou démobiliser certaines unités dès ce tour. Ayant pitié de votre rédacteur.
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