Dans les temps difficiles, il vaut mieux allumer des bougies que maudire l'obscurité. D'ailleurs, est-il un esprit qui ignore l'habilité redoutable avec laquelle les chefs d'Etat enserrent le monde dans un réseau de correspondances stylées, d'agences télégraphiques dévouées, de journaux dénaturant les faits, tantôt trompant l'opinion internationale, tantôt l'affolant avec un art perfide ? Ces temps sont les nôtres &, par-dessus tout, la guerre est venue s'inviter.
- L'offensive russe est lancée -
L'armée, que le Tsar Alexandre III vient de passer en revue, se met en marche vers la ligne d'horizon, qui se matérialise ici par une plaine barrée par les Carpathes. Ces soldats, innombrables, sont la fierté de la Russie & leur victoire est pour l'état-major impérial, une évidence. A Vienne, l'Empereur François-Joseph décrète la mobilisation générale & son chancelier prévient la presse de l'odieuse décision russe d'agresser la Double monarchie. Le Comte Gusztav Kalnoky von Köröspatak affirme que les motifs de guerre évoqués par la Russie ne sont que l'expression d'un cerveau manifestement dérangé. Jamais l'Autriche-Hongrie n'a agi pour nuire aux intérêts russes ou même américains. En conséquence, l'armée est mise en alerte pour défendre l'empire & les Habsbourg appellent les souverains du monde entier à rompre leurs relations avec la Russie & ne plus favoriser son économie. Beaucoup de lignes ferroviaires sont mises à l'arrêt ou carrément dynamitées. Les escadrons de cavalerie galopent dans toutes les directions. L'infanterie marche avec détermination. L'artillerie lourde connait ses cibles. Les opérations commencent.
- Attaques sur tous les fronts -
Pendant que la presse russe jette feu & flamme sur l'Autriche-Hongrie, une campagne à la fois militaire & politique est entamée à la frontière contre les dispositifs de l'Empereur François-Joseph. En Galicie, la ligne du front est immense. Toute la frontière entre l'Autriche-Hongrie & la Russie est couverte par les divisions & les opérations suivent trois directions, avec pour première cible, la belle ville de Cracovie, la seconde, l'important noeud ferroviaire de Tarnopol & entre les deux, la petite ville de Lemberg. Autour de Cracovie, que les Russes espéraient prendre rapidement, les Autrichiens offrent une vaillante résistance. Cracovie, surnommée la Florence du Nord, est prise par l'armée du Tsar, mais les Autrichiens n'ont en fait été que bousculés. Ils se ressaisissent vite & contre-attaquent ardemment, empêchant la manoeuvre adverse sur Prague. A l'autre extrémité du front, c'est la Garde impériale qui a été affectée à l'opération sur Tarnopol. La fière unité entre dans la ville vide de garnison, hisse le drapeau russe, puis doit se terrer dans les caves, lorsque l'armée du général Josip Filipovic arrive. Cette armée est l'exemple même du brassage de peuples de l'empire de François-Joseph. On y voit des Croates, des Hongrois, des Slovaques & surtout un parc d'artillerie de gros calibre. Les pertes sont lourdes & la Garde russe n'est soulagée que lorsque Filipovic regarde sur sa gauche. Là, une brèche immense est restée sans être comblée par aucune unité. Le Grand Duc Vladimir, chef des opérations, ordonne que l'on s'y engouffre. Cette percée au centre de la Galicie, vise directement Budapest.
- Rencontre mortelle en Méditerranée -
Sur toutes les cartes d'état-major & dans les mémoires des officiers les plus rusés, il est de notoriété publique qu'une flotte russe est restée près de Port-Saïd, bloquée par la fermeture du canal de Suez. Là, les officiers s'ennuient & les marins deviennent paresseux, profitant du beau temps au large de l'Egypte pour écrire à leur famille. Pourtant, tous ces hommes désabusés vont avoir l'occasion de montrer leurs connaissances du combat dans les jours qui viennent. Car l'amiral Maximilian Daublebsky von Sterneck a arboré hier son pavillon sur le cuirassé Tegetthoff & a pris le commandement de l'escadre austro-hongroise de Méditerranée. Sa mission : traquer & détruire la flotte russe à la sieste depuis plusieurs mois devant Port-Saïd. Le repérage est confirmé à la mi-août & la manoeuvre débute par l'attaque des destroyers, pendant que les artilleurs des cuirassés ajustent leurs mesures de télémétrie. Un violent duel d'artillerie retentit soudain & les deux escadres, de forces équivalentes, se rendent coup pour coup. Les détonations formidables sont entendues jusqu'à Chypre. Plusieurs bateaux sont durement touchés, d'autres sombrent. L'amiral Daublebsky, un homme au regard d'acier, signale qu'il vient de remporter une belle victoire. Les Russes démentent aussitôt.
- L'Angleterre s'engage officiellement -
Brisant le "splendide isolement" qui tenait le Royaume Uni loin des affaires européennes, certes de plus en plus tendues, la Reine Victoria vient de ratifier un traité d'alliance avec le Sultan des Ottomans, le ténébreux Abdul-Hamid II. Cette nouvelle fait l'effet d'une bombe dans les milieux diplomatiques. Car, si tous savaient que ces deux nations s'entendaient plutôt bien, nul ne pouvait deviner en ces temps troubles, sinistres & virulents que l'Angleterre allait se passer la bague au doigt. C'est peut-être parce que, depuis quelques mois, l'équilibre européen n'existe plus, que les gouvernements les plus prudents décident de se serrer les coudes. Un débat s'ouvre dans les couloirs de la diplomatie &, à l'heure où l'on se fait encore des illusions au coeur du tourbillon militaire qui virevolte en Europe, certains de ces ambassadeurs, convaincus de l'intervention inévitable de l'Empire Ottoman aux côtés de l'Autriche ou de la Russie, sont obligés de rectifier leur jugement. Le Roi Carol de Roumanie n'a-t-il pas dit qu'en cas de lutte entre le Tsar & un autre Etat, les fusils ottomans partiraient tout seuls ! En tout état de cause, cette alliance officielle tombe après l'union de la Russie & de la France, & cimente petit à petit de véritables blocs inébranlables. Gare à ceux qui, maintenant, feraient preuve d'une trop grande témérité face à ces hydres à deux têtes.
- L'Italie entre en lice -
Et justement, s'il fallait qu'une nation ose vérifier la solidité des liens indéfectibles d'une alliance officielle, c'est bien l'Italie du Roi Umberto. Sachant que la France & l'Italie ont des liens diplomatiques forts, il semblait évident que les Italiens allaient hésiter à déclarer la guerre à la Russie. L'hésitation n'a pourtant guère été longue & Rome signifie dès à présent à Saint-Petersbourg, que le royaume d'Italie déclare la guerre à la Russie, conformément aux accords bien connus de tous, du traité d'alliance austro-italien, signé à Trieste en automne 1885. La mobilisation générale active aussitôt une levée en masse inédite & l'on a l'impression que toute la nation est sous les drapeaux. Une armée de réserve vient barrer les Alpes, pendant que trois corps sont formés & armés & qu'une nouvelle escadre sort de cale !
En parallèle, l'Italie exige des Etats-Unis qu'ils cessent leurs intimidations incessantes & lèvent le blocus de Gibraltar. Ces tergiversations malsaines & ces actions irréfléchies risquent d'agacer toute l'Europe. Ce à quoi va répondre Washington...
- Comme une trainée de poudre -
Monsieur Cleveland, Président des Etats-Unis d'Amérique, alarme les capitales européennes, en indiquant son désir d'assombrir la situation. Les discours émis depuis Washington nous ont habitué à ce genre d'orages, soulevés d'abord, puis calmés d'un geste. Mais cette fois, le public doit comprendre, au-delà de ces manifestations bruyantes, que les Etats-Unis sont décidés à entrer dans la danse & convoquent l'ambassadeur d'Autriche-Hongrie pour lui signifier que le Congrès s'est prononcé pour une déclaration de guerre. Les griefs qui amènent les Etats-Unis à se fâcher sont les émeutes de New York, que Vienne aurait encouragées, ainsi que le soutien inconditionnel au royaume d'Italie &, enfin, la responsabilité des services secrets autrichiens dans l'enlèvement de l'homme d'affaire américain, Monsieur Archbold. Washington indique déjà ses conditions de paix : Vienne doit renoncer à ses activités en Amérique & payer cent millions de dédommagements pour ses activités illicites. Quelles seront les suites de toutes ces déclarations ? Nous le saurons bientôt.
- Le monde s'embrase -
Comment oublier que les premiers feux de la guerre ont été allumés en Extrême-Orient par l'Empereur du Japon ? Le courage nippon entend capturer l'essence de l'autonomie gagnée au prix fort, au moment où l'Espagne appelle à elle ses alliés. D'ailleurs la propagande japonaise s'emploie à photographier l'officier espagnol qui s'est rendu & a demandé un changement de nationalité. Les autorités se délectent de ses apparitions en kimono & jouent de cette image dans tout le pays. Mais il faut nous concentrer céans sur la manoeuvre exemplaire de la flotte japonaise, qui encercle l'escadre ennemie, afin de la couler. La bataille n'est qu'un tir d'exercice pour les artilleurs nippons, mais une atroce défaite pour les Espagnols qui perdent tous leurs navires, envoyés dans les tréfonds de la Baie de Manille non loin de l'île de Corregidor, reconnaissable par sa forme de têtard. A la défaite amère, s'ajoute l'humiliation, puisque les Espagnols n'ont manoeuvré que pour évacuer leurs navires en longeant la côte. Ce massacre n'est pas sans conséquence, puisque tous les hommes du second corps, qui étaient embarqués à bord, périssent dans le naufrage. Qu'importe. L'Espagne amenuise la nouvelle en métropole & décide d'envoyer sur place une nouvelle escadre. Mais, au lieu de négocier son passage par le canal de Panama, l'amirauté ordonne à ses navires de réaliser le contournement de l'Amérique par le Cap Horn !
A côté de ces opérations, la Chine signale qu'elle étend son refus de vendre quelque marchandise que ce soit à l'Empire Ottoman, mais aussi à l'Autriche-Hongrie & à l'Espagne.
- Surveillance du Détroit de Gibraltar -
L'amiral Ruffus Griffin continue d'interdire le franchissement des Colonnes d'Hercule grâce aux patrouilles incessantes de l'escadre américaine qui étrangle le goulot de Gibraltar. En attendant, les marins américains, qui s'ennuient sec en plein cagnard, puisqu'aucun croiseur ne se présente, espèrent organiser un tournoi de boxe anglaise avec leurs homologues britanniques à terre, sur le célèbre rocher. Mais les autorités britanniques ont décliné cette invitation, le Foreign Office acceptant le débarquement des civils, pas des militaires.
On comprend mieux l'imbroglio lorsque l'on reçoit une dépêche d'Alexandrie, qui signale que Lord Charles Beresford, chef de l'Amirauté britannique, a ordonné à la première escadre de la Royal Navy de toujours guetter le trafic du canal de Suez & avertit les marines américaine, autrichienne, italienne & russe, que leur navires de guerre n'ont pas l'autorisation de passer.
- Célébration du Centenaire de la Révolution -
A Paris, l'Exposition Universelle se poursuit & les fêtes pour le quatorze juillet sont particulièrement soignées. Après le défilé militaire, le Président Carnot est arrivé en voiture à deux heures devant le pavillon du Salvador, qui est installé symboliquement dans le palais que les Etats-Unis avaient abandonné en plein chantier. Monsieur Poubelle, préfet de la Seine, y rejoint le Président de la République pour déguster les principaux produits du pays, c'est-à-dire du cacao & du café, que l'on sert devant un buffet garni & auquel tout le cortège fait grand honneur. Quelques jours plus tard, Monsieur le Président a tenu à inviter tous les maires de France, soit plus de onze mille convives, pour un banquet gargantuesque.
- A propos d'un monument -
Aujourd'hui, a lieu à Berlin l'inauguration d'un monument exceptionnel élevé à la gloire du Reich, une tour de 450 mètres de haut bâtie en marbre, sur une structure de métal. Pourquoi donc érige-t-on un tel monument l'année de l'Exposition Universelle de Paris ? C'est bien simple. Les bons voisins de la France préparent une série de piques plus ou moins directes contre la République. Tout ce qui peut froisser les Français, les irriter, les agacer, l'Allemagne le fait. La tour de Monsieur Eiffel n'aura pas gardé longtemps son titre de construction la plus haute du monde. Berlin, avec sa Porte de Brandebourg & sa Colonne de la Victoire, devient une capitale monumentale.
Les Britanniques ne veulent rien ériger d'aussi comparable, mais ils investissent brillamment dans l'éducation de la jeunesse, dans les possessions d'outremer. Le ministre décrète l'ouverture de Public Schools dans toutes les colonies sur le même modèle que celles en place au Royaume Uni, avec un temps réservé à la pratique du sport.
En Russie, malgré la guerre, le gouvernement souhaite améliorer le confort des citoyens en construisant des cités ouvrières modèles dotées de dispensaires, de parcs & d'un système d'égouts moderne. Les deux villes qui servent de laboratoire pour cette propagande tsariste sont Toula & Ekaterinbourg.
- Succession éclair -
Amsterdam est une bien belle capitale & jusqu'à présent, elle vivait dans le confort de la paix & des aménagements de son souverain Willem III. Mais depuis le décès du Roi, la société néerlandaise souffre de convulsions, la dynastie se perd dans les méandres de la succession. Car, à peine la Reine Wilhelmine était-elle promise au trône, que le peuple & les parlementaires grondaient. Le palais ne pouvait dignement lui faire prendre des vessies de cochons pour des lanternes vénitiennes, d'autant que la petite Reine se déclarait ne pas avoir l'aura d'un destin royal & donc inapte à régner. Aussi, le testament du Roi est-il aujourd'hui reconnu caduc & la succession se tourne vers le dernier héritier légitime. Il s'agit du fils de Sophie d'Orange-Nassau, soeur du Roi & épouse de son cousin utérin le Grand Duc Charles-Alexandre de Saxe-Weimar-Eisenach. Ce fils devient le successeur licite que tout le monde attendait & on envoie une mission le chercher promptement à Weimar, pour le ramener triomphalement aux Pays-Bas. Charles-Auguste devient le nouveau Roi des Pays-Bas. On le dit intelligent, marcheur infatigable, tireur émérite, passionné de livres, écrivant & parlant couramment le néerlandais.
- Protestations contre la Confédération Helvétique -
Le grand empire allemand accuse la petite république suisse de troubler la tranquillité européenne. Toute cette colère vient de l'expulsion d'un policier germain, qui jouait le rôle d'agent recruteur sur le territoire helvétique. le Conseil fédéral a eu la hardiesse d'ouvrir les yeux sur ses menées inexplicables & de faire respecter la loi suisse. Cela n'a pas fait plaisir outre-Rhin, car le Prince de Bismarck n'admet point qu'on lui donne des leçons de droit international. Son journal le plus officieux, la Gazette de l'Allemagne du Nord, lance un avertissement : "les Etats voisins de la Suisse n'accomplissent qu'un acte de légitime défense en essayant, à l'aide de leur police, de défendre leurs populations contre les agissements subversifs de fonctionnaires manipulés par quelque acteur en coulisse. Dans le cas où les agents suisses ne réussiraient pas à contenir les menées révolutionnaires fomentées au coeur de l'Europe par des nations peu scrupuleuses, les puissances voisines devront exercer un contrôle plus rigoureux de leurs frontières". La Suisse semble résolue à maintenir ses droits en dépit de toutes accusations & de toutes les vexations. L'Allemagne, dans cette affaire, démontre qu'elle n'arrive pas à sortir du labyrinthe de l'affaire Mayerling, dans lequel sont déjà égarées plusieurs puissances de haut rang.
- Carnets coloniaux -
Gérard de Nerval déclarait qu'on rêvait de paradis en regardant danser les almées, ces danseuses égyptiennes à la sensualité exquise. Il semble que Wilhelm von Hahnke, commandant la Garde du Kaiser, se lasse des fortes amazones du Roi d'Abomey & décide de donner de l'action à ses hommes. Les troupes allemandes d'Afrique s'enhardissent donc & réussissent à étendre leur domination sur les territoires faméliques de Gambie & du Togo. Ces modestes contrées n'ont aucun intérêt, mais l'Allemagne y voit là un moyen de prouver le courage de l'armée du Kaiser. Le colonel Alfred von Scholten, commandant les Uhlans de Dakar, écrit à sa tendre épouse Adèle restée en Poméranie occidentale, que la Gambie est un pays inhospitalier, ennuyeux & que la seule chose à faire est de voler les planteurs d'arachides qui vivotent sur l'île de Banjul, près du hameau de Bathurst. Les officiers de la Garde impériale, obligés de manoeuvrer dans la forêt du Togoland, n'ont guère l'occasion de fanfaronner davantage, Lomé étant un bourg perdu sur un rivage turpide & peu peuplé. Tant pis pour les almées...
- Conspiration avortée en Amérique -
Ils sont allés jusqu'à fouiller tous les syndicats, les bars, beaux hôtels & les bordels les plus miteux afin de trouver réponses à leurs nombreuses questions. Mais de qui parle-t-on ? Des agents du National Bureau of Investigation, bien sûr, envoyés en toute hâte par Washington pour enquêter & arrêter au plus tôt les activistes très suspects de Détroit & Cleveland. L'histoire est brève & navrante, puisque les services américains démantèlent en une journée un réseau mis en place récemment par l'Italie. Hors d'état de nuire, ces veules personnes sont dirigées vers les prisons du Michigan.
- Arrestation de pilleurs d'Art -
L'action de contrebande d'oeuvres d'art en Asie centrale a pu être démantelée par une dénonciation dans la presse russe. Le trafic honteux que contrôlaient des ressortissants autrichiens dans un immense secteur, de Lhassa à Samarcande, est enfin dévoilé au grand jour. Les journaux de la Sainte Russie s'empressent d'étaler le scandale démasqué. La bande de malhonnêtes étant localisée & mise sous les verrous, l'Autriche-Hongrie doit immédiatement cesser ce pillage à grande échelle & accepter de perdre les revenus de ce trafic infâme.
- Nouvelles voies ferrées -
Les poseurs de rail ont été peu mis à contribution cette saison. Les Russes, par exemple, ont juste réalisé un ligne de Varsovie à Lublin. Dans l'Empire du Milieu, on pose des rails tout aussi lentement & soigneusement, cette fois de Lan-Tchéou à Cheng-Tu.
- Misère & fatalité -
L'abolition de la misère. tel a été le cheval de bataille de tous les réformateurs, un cheval de bataille difficile, au surplus, rétif au plus haut point & qui, presque toujours, a forcé les cavaliers à vider piteusement les arçons. De bons esprits ont fini par en conclure que la misère était une fatalité, qu'elle était, pour ainsi dire, la condition nécessaire & douloureuse de l'histoire.
L'irrédentisme, habilement exploité par le Piémont, a formé le royaume d'Italie. Mais depuis, le Roi Umberto en a décidé autrement & s'est entendu avec l'Autriche & l'irrédentisme officiel a baissé pavillon pour faire amende honorable aux accords entre Vienne & Rome. Cependant, l'irrédentisme spontané est moins docile & suit sa pente naturelle qui est la haine des Autrichiens, doublée d'un amour pour Trieste & le Trentin. C'est pourquoi de nouveaux incidents naissent sous les pas d'une politique qui s'efforce en vain d'oublier les aspirations populaires. Ce sont des rixes, des insultes, des excitations continuelles. Ainsi, dans la ville de Palerme, l'armée est attendue pour calmer la foule.
La grogne s'entend à Tiflis, à la bordure méridionale de l'empire russe. Le Tsar devra y envoyer l'armée. A Madrid, comme à Lahore, l'armée est intervenue à propos. Par contre, à Benghazi, l'armée italienne n'a pas daigné se montrer. Les voies ferrées vers Tobrouk sont sabotées & la grogne gagne toute la colonie. A Cracovie, enfin, de nombreux manifestants sont sortis dans les rues, malgré la mobilisation générale & les premiers assauts des Russes. Evidemment, tous ces mécontents se sont cachés lorsque le canon a tonné, très fort dans le secteur.
- Commerce & Consortiums -
Le marché neutre du Salvador a été immédiatement happé par des industriels attentifs. Cela semble avoir réveillé les appétits, puisque la Grèce devient la cliente d'un nouveau fournisseur.
Un nouveau consortium voit le jour pour les arts de la table, au Japon. Ce sont les Laques impériales d'Hiroshima, qui font du pays du Soleil levant un beau prétendant à l'hégémonie mondiale du commerce. Ce sont pourtant les Belges qui maîtrisent le mieux les activités économiques, en créant deux nouvelles manufactures. D'abord la société des Forges, Usines & Fonderies de Haine-Saint-Pierre, près de Charleroi, qui construit aussi bien des gazomètres, que des chaudières & des locomotives. Ensuite, la Brasserie Artois de Louvain, dont les bureaux principaux sont dirigés à Bruxelles par Monsieur Adolphe de Spoelberch, le principal actionnaire.
♦
Alimentaire : Abyssinie (AUTRICHE), Argentine, BELGIQUE, Ceylan (ROYAUME UNI), CHINE, ESPAGNE, ITALIE, MEXIQUE, TURQUIE.
Armement : ALLEMAGNE, AUTRICHE, BELGIQUE, CHINE, ESPAGNE, FRANCE, ROYAUME UNI, RUSSIE, Suède.
Banque : AUTRICHE, BELGIQUE, FRANCE, JAPON, ROYAUME UNI, Suisse.
Chantier naval : BELGIQUE, ESPAGNE, Grèce, JAPON, ROYAUME UNI.
Charbonnage : ALLEMAGNE, BELGIQUE, ETATS-UNIS, Mandchourie (CHINE), Mozambique (ITALIE).
Chimie : ALLEMAGNE, JAPON, Norvège, ROYAUME UNI.
Gisements : Brésil, Congo (BELGIQUE), Etats Malais (PAYS-BAS), Matebeleland (ROYAUME UNI), Nigeria (ALLEMAGNE), RUSSIE.
Machines outils : BELGIQUE, Danemark, ITALIE, JAPON, PAYS-BAS, RUSSIE.
Mines : Australie, Côte d'Or (ESPAGNE), Katanga (BELGIQUE), MEXIQUE, RUSSIE, Transvaal.
Pétrole : Azerbaïdjan (RUSSIE), BELGIQUE, Birmanie (PAYS-BAS), ETATS-UNIS, Roumanie, Sumatra (PAYS-BAS).
Sidérurgie : BELGIQUE, ESPAGNE, JAPON, MEXIQUE.
Tabac : Barbade (ROYAUME UNI), BELGIQUE, Cuba (ESPAGNE), JAPON, MEXIQUE, Nicaragua, TURQUIE.
Textile : AUTRICHE, BELGIQUE, Corée (JAPON), Egypte (TURQUIE), Gujarat (ROYAUME UNI), Maroc (FRANCE), Pendjab (ROYAUME UNI).
Verrerie : AUTRICHE, BELGIQUE, Canada, CHINE, FRANCE, JAPON, Perse.
DATE LIMITE DE L'AUTOMNE 1889 : VENDREDI 26 AVRIL
Nouvel ambassadeur pour le Royaume des Pays-Bas : Yves Vandersmissen
La Conférence de Berlin a réuni cet hiver plusieurs comités internationaux, à l'initiative du Prince Otto von...
Agé de 83 ans, Victor Hugo s'est éteint à Paris ce 22 mai 1885. Il incarnait à double titre l'image du Grand...
L'ambassadeur britannique à Pékin, Sir Nicholas O'Connor, rencontre le Prince Yung-Lu, afin de lui signifier...
Malgré la guerre engagée par la Grande Bretagne au bout du monde,...
Les principales puissances européennes accentuent leur emprise sur les territoires...
Bien sots ont été ceux qui ont oublié dans l'équation mondiale le rôle du Sultan des Ottomans. A...
Les démons qui s'étaient apaisés sous les bonnes...
Un maintien discret & un air d'innocence semblent convenir à Lord Richard Lyons,...
Comme il descendait dans les mers impassibles, porteur de blés flamands ou de coton...
Le progrès est en marche, le présent déjà plaisant & l'avenir radieux. A...
Le tropique du Capricorne porte ce nom, parce que le...
Les sanglots longs des violons de l'automne, bercent nos coeurs d'une langueur monotone. Tout suffocant &...
Dans le sardanapalesque harem du palais de Topkapi de Constantinople, une concubine circassienne déambule depuis...
Il ne faut jamais s'endormir sur d'anciens lauriers & il ne faudrait pas croire que,...
Pendant que l'Allemagne vit une année singulière, la conquête des déserts semble vivement passionner le grand...
La ville de Paris se trouve évidemment à un moment décisif de son histoire. La grande...
Nous avons la bonne fortune de donner des nouvelles complètes des activités...
Devant le flot de l'opinion publique qui grossit chaque jour & s'apprête à les...
Quatre cent mille moutons, quarante-cinq mille boeufs, dix-huit mille porcs, quatre mille...
C'est toujours un bain de jouvence que de vivre une aventure. Les officiers se sentent ragaillardis &...
Un nouveau souffle, âpre & fougueux, virevolte à travers les plaines, se moquant des...
La victoire est-elle proche ? Telle est la question que chacun s'adresse en...
L'épuisement & la ruine se sont abattus sur les sols envahis. Les cités & les villages sont dépouillés...
Il y a dans la vie des peuples des moments solennels, où l'honneur national violemment excité s'impose comme une...
Au moment où nous mettons sous presse, le vie politique ne s'est guère assoupie & l'activité diplomatique...