UNE ANNEE MOUVEMENTEE

Les principales puissances européennes accentuent leur emprise sur les territoires africains & asiatiques. Ce, pendant qu'en Europe même, une tragédie se joue. La Serbie envahit la Bulgarie, mais est repoussée, l'intervention autrichienne mettant fin aux combats & ouvrant les débats. Le Sultan scrute toutes ces interventions, qui malmènent la sérénité des Balkans & prévient les nations que l'idée est mauvaise de vouloir jouer au pyromane dans cette poudrière. Et l'Angleterre ? Sa Majesté, la première nation du Monde, s'entête à donner mal à la tête aux diplomates de tous les horizons en abandonnant la Chine & en intervenant dans le dos des Français en Egypte. La fin de l'année implique aussi de dresser des bilans & de suivre l'évolution de la Bourse, marquant au fer rouge la bonne conduite aux affaires des meilleurs gouvernements.

- Emoi en Europe balkanique -

Insatisfaite du tracé de ses frontières, la Serbie réclame depuis des mois des territoires à la Bulgarie. Des forces serbes dirigées par la Roi Milan envahissent en conséquence le pays en s'approchant de Sofia, la capitale. Or, commandées par le Prince Alexandre & le général Stambolov, les troupes bulgares contre-attaquent & parviennent à repousser les Serbes. L'Empire Ottoman intervient diplomatiquement pour calmer avec tact les esprits, jusqu'à ce que l'Autriche-Hongrie entre en lice. L'armée conduite par le Prince Rodolphe de Habsbourg en personne avance dans un ordre impeccable vers Belgrade. Eclairées par une nombreuse cavalerie, les têtes de colonnes sont toutefois gênées dans leur mouvement par la rareté & le peu de viabilité des routes... & surtout par l'incroyable nombre de divisions engagées sur le front. Deux armées & un corps de Dragons ont été mobilisés pour s'en prendre à la petite Serbie, écrasée par la foudre en quelques jours. Mais que de pertes du côté autrichien ! L'effrayante concentration des hommes & la promiscuité des régiments ont inévitablement déclenché des foyers d'épidémie. Qu'importe... Le Prince Rodolphe aurait dicté ces mots pour la presse : "Suite à la provocation intolérable orchestrée par le Roi de Serbie, & au risque que celui-ci fait courir à la Double Couronne en déstabilisant sa politique extérieure de paix, & notamment avec le Tsar de toutes les Russies, le Roi de Serbie est destitué & la Serbie rattachée à l'empire d'Autriche-Hongrie." En Russie, on s'offusque de "cette odieuse manipulation". A suivre...

- Annales de Méditerranée -

La campagne d'Egypte prend une tournure différente, avec une manoeuvre plus audacieuse de la part des Français. L'armée du général Jean-Baptiste Billot attaque les Egyptiens de front, pendant que le corps de Spahis tente de déborder les défenses massées sur la rive gauche par un large crochet. Mais, alors que la victoire lui tend les bras, le général Billot est soudain en proie au doute. L'armée égyptienne, arc-boutée devant la capitale, rugit sur son adversaire tel un lion acculé. L'artillerie du Roi Tawfiq, que l'envahisseur n'avait pas estimée à sa juste valeur, démontre son efficacité remarquable. Il faut une vive réaction de la part des Français pour reprendre l'initiative. C'est la marine qui apporte la solution en embarquant un certain nombre de régiments, sans tenir compte des pertes que le feu égyptien leur fait subir, passant ensuite par le canal de Suez, pour être débarqués de nuit. L'opération est accomplie si rapidement qu'Ismaïlia est occupée sans résistance. Les Spahis en profitent pour avancer vers Le Caire, par l'écluse de Kassassin, qui indique l'entrée du canal d'eau douce creusé par les ingénieurs français il y a vingt ans & qui va d'Ismaïlia à la branche du Nil qui mène vers Damiette. Depuis, l'état-major de la République est silencieux. C'est grâce au journal britannique Daily Telegraph, qui reçoit une dépêche d'Egypte, que nous pouvons en savoir plus, car il annonce que la canonnade est engagée sur toute la ligne du Nil, que les Français cherchent à forcer les défenses de la rive gauche, mais qu'ils sont repoussés. Quant à l'attaque depuis Ismaïlia, elle n'a pas rencontré le succès escompté.

♦

En Libye, nous avions laissé à l'automne les Italiens marris devant la ville de Benghazi. Leurs corps d'armée usés jusqu'à la corde doivent passer sans transition de l'offensive à la défensive, en attendant les renforts. Heureusement, l'amiral d'Aste couvre sous le feu de ses canons de marine la piteuse retraite de la Garde du Roi. Et c'est une fois de plus, le 2° corps d'infanterie du colonel Tomasso de Cristoforis, dont l'atavisme fait ressurgir l'héroïsme exprimé lors de la prise de Tunis, qui intervient avec une grande pertinence dans cet imbroglio militaire. Il permet aussitôt de reprendre l'opération que souhaitait le Roi Umberto, à savoir anéantir avec fracas la résistance des indigènes & s'emparer de la perle de Cyrénaïque, afin de conclure un contrôle sur toute la Libye.

- La surprise de fin d'année - 

Etait-ce prévu ? Etait-ce une stratégie longuement préparée & soudain mise en oeuvre ? En tous cas, les témoins de l'événement sont catégoriques : les Britanniques débarquent en force en Egypte depuis le canal de Suez, eux aussi, mais bien après l'opération française. Représentent-ils la seconde vague d'assaut ? Nous nous permettons d'en douter, car le discours du vieux général Duncan Cameron - il a 77 ans - commandant les Scottish Black Watch débarqués sur place, est sans équivoque. Loin des velléités de circonstance, l'officier de Sa Majesté explique que son corps d'armée a reçu l'ordre de marcher vers Le Caire, pendant que les Royal Guards couvrent la ville de Suez, afin de garantir le libre passage de tous les navires par le canal. La fin de l'hiver est donc bouillante du point de vue politique & l'on hume dans les couloirs des chancelleries un regain d'activités & une tension à son comble. A l'évidence, il règne depuis quelques semaines un agacement général face à l'appétit colonial français. 

- Carnets d'Afrique - 

L'Afrique est l'enjeu des prétentions européennes, principalement française & anglaise, depuis le début du siècle & les peuples ont mené la vie dure aux prétentions des uns & des autres. Mais aujourd'hui, l'exploration des terres inconnues aux horizons infinis est une passion & la colonisation s'intensifie à un rythme effréné. L'Allemagne, qui s'est installée au Nigeria, veut profiter d'une magnifique position dans le golfe de Guinée pour accentuer son emprise. Une première mission est lancée au Sénégal, où le débarquement des Grenadiers s'effectue avec une rigueur germanique impressionnante. Le pays, en proie à des disputes de clans, est immédiatement pacifié avec la prise de la ville. Mais, au Cameroun, l'opération ne se déroule pas aussi bien, puisque l'état-major note un rassemblement inattendu des indigènes, qui se montrent particulièrement hostiles aux investigations étrangères. La prise de Douala est remise à plus tard & le 2e corps est obligé de s'abriter sous le regard bienveillant des artilleurs de la marine impériale. 

♦

Les Espagnols s'étaient montrés discrets & peu attirés par l'impérialisme, mais l'emballement international les décide à mener une campagne en Côte d'Or, afin de se saisir d'Accra & de ses irrésistibles mines d'or. Mal leur en a pris, car leur armée, déjà malmenée par la lenteur & la lourdeur du matériel de siège, est accueillie par les fiers Ashantis, qui ne font pas de quartier. Mal adaptés, mal armés, mal commandés, les soldats espagnols se font étriller & doivent rembarquer pour ne pas être anéantis, en abandonnant sur les plages leurs obusiers. Il n'y a même pas eu de bataille à Accra, juste une défaite, complète.

- Le long de l'Iaxarte - 

Un événement très important vient de se produire en Orient. Au-delà de l'Oural, tournant le dos à l'Europe, une colonne russe remonte le fleuve Syr-Daria, l'ancien Iaxarte d'Alexandre le Grand. Cette colonne, emmenée par le général Mikhaïl Tcherniaïev, un homme qui ne connaît pas la peur & encore moins la pitié, atteint Ak-Meched à travers les plaines désolées du Turkestan & bouscule tout sur son passage. Dans un climat désertique froid & dans une atmosphère de fin du monde, les Cosaques progressent virilement, soutenus depuis le fleuve par des canots & des radeaux blindés. La forteresse d'Ak-Meched est prise, la ville est en flammes, tous les défenseurs sont massacrés & les Russes continuent d'amener toujours plus de troupes. L'objectif de cette offensive, dans un territoire arriéré connu pour être l'un des plus pauvres d'Asie Centrale, est assurément la ville de Tachkent, aux confins du désert du Kyzyl-Koum, qu'il va falloir longer.

- Tumultueuses tribulations en Chine - 

A l'heure où le célèbre explorateur Richard Burton traduit les Mille & Une Nuits - une vaste collection de contes populaires arabes - la mode pour l'Orient se déclare dans toutes les grandes villes d'Europe. Pourtant, les journaux qui s'intéressent aux civilisations d'Asie ne parlent que de ce qui se trame en Chine. Pendant longtemps, avouons-le, nous n'avons vu des Chinois que sur des tasses à thé. Mais aujourd'hui, rencontrer les citoyens de l'Empire du Milieu est une réalité. D'ailleurs, toutes les ambassades en Europe veulent en savoir plus sur les événements qui émaillent la vie de l'Impératrice T'seu-Hi. La crise continue-t-elle ou est-elle conjurée ? La question préoccupe bon nombre d'esprits à propos de la guerre dans cet Orient extrême, où la Grande Bretagne a engagé un bras de fer armé. D'abord, d'importants contingents se rassemblent à Pékin en vue d'une attaque surprise contre les Mandchous, qui occupent toujours le Nord de Pékin. Une seconde offensive a lieu le jour du Nouvel An, sous un ciel azuré, contre la concession de T'ien-Tsin, que les généraux chinois imaginent occupée par un corps britannique. Or, il n'y a pas l'ombre d'un "étranger au long nez" dans ce secteur. Quelques jours plus tard, une nouvelle tombe : les Pays-Bas & la Chine signent un traité de paix.

C'est aux Anglais de jouer : pendant que les habitants des environs continuent de se réfugier à Nankin, le cinquième corps d'armée britannique apparaît comme la plus grande menace. Fou-Tchéou est toujours occupée & l'on se dirige vers une confrontation violente lorsque, tout à coup...  Le dernier jour de l'hiver, Britanniques & Chinois surprennent le monde entier en déclarant avoir trouvé un terrain d'entente & signé un traité de paix. Ce dernier indique que le Royaume Uni abdique devant les prétentions de l'Empire du Milieu, rend la cité de Fou-Tchéou, retire toutes ses troupes & cède la concession de T'ien-Tsin.

♦

Pas si loin de là, dans les Etats malais, le corps meurtri des Chasseurs d'Orient se replie en grand désordre. Cette défaite rend la position des Hollandais en Asie extrêmement précaire. Après s'être mis tous les Radjahs à dos, le général Otto van Rees, à qui incombe la responsabilité de la perte de la bataille de Kuala-Lumpur, doit rendre des comptes. Il abandonne ses positions & fait rentrer tout son monde sur l'île de Java. Cet échec a un retentissement mondial & change les plans de plusieurs nations qui croyaient ne pas avoir voix au chapitre dans cette région.

♦

Les Britanniques font encore parler d'eux en Extrême-Orient, lorsqu'ils décident d'agresser l'île bien peuplée de Formose. Arrivés devant Taipeh, les Gordon Highlanders de Sir Alexander Ewart, général de son état, s'aperçoivent que les portes de la ville sont closes & que l'autochtone n'a pas l'intention de se soumettre. Les pauvres Ecossais sont laminés par la mitraille adverse & doivent s'abriter dans un village voisin pour ne pas succomber. Ce recul est l'échec de trop...

- Coup de tonnerre à Londres -

A Londres, le ciel devient rouge sang, lorsque le soleil d'hiver vient se coucher dans l'horizon occidental de la première cité du monde. Cinq heures quarante & une est indiqué à l'horloge de Big Ben lorsque les détonations de plusieurs bombes retentissent au loin. Très vite, la police localise la contestation dans le quartier de Lambeth, en rive droite de la Tamise. Avec la garnison militaire, la populace est vite contrôlée, mais l'acte laisse des traces. Tous les journaux du lendemain ne parlent que de cela. Non seulement le peuple de Londres gronde, mais peut-on aussi entendre de vives critiques à l'égard de William Gladstone dans les travées de la Chambre des Communes, au coeur du Palais de Westminster. Le Premier ministre va , en effet, devoir venir s'expliquer sur la politique du Royaume Uni qui, en quatre saisons, n'a conquis aucune ville, n'a développé aucun nouveau consortium, n'a pris aucun territoire majeur, n'a guère fait honneur à son armée & n'a aucune de ses sociétés placées dans les colonnes de la Bourse (voir plus bas) miroir de la santé de l'économie nationale. Pire, la guerre en Chine se solde par un revers tonitruant & la perte d'un territoire par la restitution de la concession de T'ien-Tsin. Le simple quidam est abasourdi. L'opposant politique est furieux. La Reine va devoir trancher.

- Voyages au long cours -

La thalassocratie commerciale japonaise est une évidence & les nouveaux paquebots lancés sur les flots donnent des complexes aux compagnies européennes & américaines. Pourtant, les Hollandais & les Italiens ne sont pas des amateurs en la matière, & ils comptent bien montrer au Japon le potentiel de leurs prochains vapeurs.

Les Américains aussi veulent épater les voyageurs en leur proposant des navires racés & luxueux. L'Oceanic & le Byzance représentent les fleurons de l'industrie navale américaine & font découvrir une nouvelle façon de traverser les océans.

♦

L'Italie maintient son haut niveau de construction ferroviaire & passe les Alpes pour atteindre Berne depuis Turin, ainsi qu'Ancône au départ de Rome.

Dans l'empire d'Autriche-Hongrie, une nouvelle gare est érigée dans l'Ouest de la capitale pour pouvoir aller rapidement à Linz. Vienne devient la cité la mieux desservie du monde, avec cinq stations d''où s'étend un magnifique réseau en étoile. De Temesvar, la ligne se prolonge jusqu'à Belgrade.

Varsovie est rattachée à Minsk, ce qui permet aux voyageurs de circuler rapidement de Moscou à Marseille sans utiliser de calèche. La Compagnie Internationale des Wagons-Lits investit encore en Russie, en reliant Kiev à Orel. En Belgique, Liége est reliée à Cologne & à Luxembourg.

Dans la péninsule ibérique, les Espagnols attachent Séville à Lisbonne. 

Mais c'est l'Allemagne qui devient la pierre angulaire de tous les réseaux européens, avec des jonctions internationales multiples. Cet hiver, les ouvriers du Reich ont posé des voies de Cologne à Liége, de Munich à Linz & même en Afrique, au Nigeria, pour atteindre Sokoto depuis Lagos. Cette colonie devient un laboratoire du bien-être allemand en milieu subtropical, avec les maisons bien alignées des colons avec d'impeccables jardins, des écoles ouvertes pour tous, des puits creusés partout pour assurer un approvisionnement régulier en eau potable.

L'archipel nippon continue de construire des voies & des gares, cette fois de Nagasaki à Kagoshima, de Tokyo à Niigata & de Sapporo aux petits villages de l'ile d'Hokkaido.

Après de longs mois de labeur, le Mexique concrétise enfin le premier tronçon d'un réseau ferré national, en reliant Mexico à Monterrey.

- Un vaccin contre la rage -

La France est à la pointe en ce qui concerne les soins & la recherche. Louis Pasteur, microbiologiste, qui a déjà laissé son nom à la pasteurisation alimentaire, a inoculé la vaccine dans l'estomac du jeune Joseph Maister pour tenter de le guérir de la rage & est parvenu à le sauver. La médecine entre dans l'ère de la vaccination. 

Ces travaux donnent un élan d'émulation aux scientifiques & médecins d'Autriche-Hongrie, qui reçoivent une aide importante du gouvernement pour favoriser les recherches de la faculté de médecine de Vienne. Poursuivant les travaux sur l'hygiène dans les hôpitaux, engagés par l'éminent docteur Ignace Semmelweiss, les universitaires - qui l'avaient accusé de maladie mentale & interné dans un asile psychiatrique - voient maintenant en lui un pionnier des maladies microbiennes & le précurseur des mesures d'antiseptie.

- Vieilles villes & nouvelles Cités -

L'instabilité de l'Empire Ottoman n'est plus qu'un mauvais souvenir, car le gouvernement du Sultan est désormais tout entier aux affaires. Non seulement Kâmil Pacha surveille minutieusement ce qui se trame dans les Balkans, mais encore s'intéresse-t-il au confort de la population. C'est ainsi que le grand Vizir s'est déplacé à Alep, la ville la plus peuplée de Syrie, pour en faire le siège du gouvernorat. Alep prend donc le titre de cité majeure, de nouveaux quartiers venant grossir autour des palais de la vieille ville, dominée par son impressionnante citadelle séculaire.

En une année combien de villes se sont aussi vite développées ? Charleroi, Philadelphie, Alep, soit trois cités, auxquelles il faut ajouter l'essor formidable du nombre de nouvelles manufactures. Le monde vit une passionnante transformation.

En Russie, le Comte Reutern, Président du Conseil des ministres, prétend ne pas oublier les initiatives nationales, en les aidant grâce à un organisme financier. Il crée ainsi le concours Lomonossov, soutenu par la banque de l'innovation de Moscou, afin d'aider les inventions nationales présentées chaque été.

- Le bûcher des vanités -

Nous n'aimons pas à grossir les incidents qui révèlent partout l'antipathie de deux peuples ou le mauvais vouloir de quelques agents étrangers aux frontières & jusqu'en dans les couloirs des ambassades. Nous invitons également nos compatriotes à rester calmes pour ne pas envenimer des manifestations, mêmes discourtoises. Mais il faut bien relater les excès de la foule, lorsqu'elle se manifeste aussi violemment. 

La population de Bilbao a été sèchement priée de cesser immédiatement ses actes anti-gouvernementaux. Pour cela, le Roi d'Espagne a envoyé le corps de la Garde patrouiller dans les rues.

Les dockers mécontents de New York sont sous les verrous, la grande cité retrouve son calme & sa vive activité commerciale.

Par contre, Wuhan n'a pas été libérée par les forces impériales, qui se sont contentées de bloquer les intentions offensives des Mandchous.

Au Mexique, le ministre de l'Intérieur s'est enquis des compétences de son homologue à la Guerre, car l'armée appelée en renfort pour apaiser la colère des gens de Monterrey s'est mise en marche, certes, mais par le chemin le plus difficile qui puisse être. Au lieu de faire courir une troupe jusqu'au port, d'où la flotte aurait logiquement embarqué les divisions afin de les mener avec rapidité & même un peu de joie pour les soldats, le général Rosendo Marquez a reçu l'ordre de faire marcher la soldatesque à travers les jungles de la forêt tropicale du Chiapas, pour franchir ensuite les montagnes de la Sierra Madre vers Mexico. De là, les officiers espèrent avoir un train. Mais que de temps perdu !

La situation ne s'arrange guère pour le Président Porfirio Diaz, puisque les Apaches conduits par Geronimo ont traversé la frontière mexicaine. Pourchassés par la cavalerie américaine en Arizona, les Apaches se sont volatilisés pour réapparaitre non loin de la douce ville d'Hermosillo. Cette menace engendre aussitôt un vent de panique dans la province du Sonora, au Nord du pays. 

- Bourse -

Le nouvel an fêté, les commis de toutes les places financières phosphorent sur les publications économiques, avec un oeil vorace sur les cotations en bourse. Les trois sociétés les plus performantes par catégorie gagnent des primes substantielles de trente, vingt & dix millions.

C'est avec une vive satisfaction que l'Empereur Guillaume constate les victoires de l'industrie allemande sur ses concurrents des quatre coins du monde. Dans les allées du pouvoir, les commentaires vont bon train & certains vont jusqu'à plaisanter que l'Allemagne, heureusement, n'a pas de compagnie maritime !

Notons encore que seuls cinq pays neutres sont accessibles du point de vue des influences économiques. Ce sont, Costa Rica, Equateur, Guatemala en Amérique latine, ainsi qu'Azerbaïdjan & Islande en Europe.  

Les coefficients nationaux ont été rectifiés selon les activités enregistrées. La hausse la plus spectaculaire nous vient d'Allemagne, qui augmente son indice économique de 20 points, pendant que l'Empire Ottoman enregistre une triste décroissance, due à un manque évident d'investissement dans les transports & la modernisation du pays.

- Consortiums actuels -

Alimentaire : Abyssinie, Argentine, Ceylan, CHINE, ITALIE, MEXIQUE, TURQUIE.

Armement : AUTRICHE, BELGIQUE, CHINE, Suède.

Banque : FRANCE, JAPON, ROYAUME UNI, Suisse.

Chantier naval : ESPAGNE, Grèce, JAPON, ROYAUME UNI.

Charbonnage : ALLEMAGNE, ETATS-UNIS, Mandchourie, Mozambique.

Chimie : ALLEMAGNE, Norvège.

Gisements : Brésil, Congo (BELGIQUE), Etats Malais, Matebeleland, Nigeria (ALLEMAGNE), RUSSIE.

Machines outils : Danemark, ITALIE, PAYS-BAS.

Mines : Australie, Côte d'Or, Katanga (BELGIQUE), MEXIQUE, RUSSIE.

Pétrole : Azerbaïdjan, Birmanie, ETATS-UNIS, Roumanie, Sumatra (PAYS-BAS).

Sidérurgie : BELGIQUE, ESPAGNE, JAPON, MEXIQUE.

Tabac : Barbade, Cuba (ESPAGNE), JAPON, Nicaragua, TURQUIE.

Textile : Corée, Egypte, Gujarat (ROYAUME UNI), Maroc (FRANCE), Pendjab.

Verrerie : AUTRICHE, Canada, CHINE, FRANCE, Perse.

DATE LIMITE DU PRINTEMPS 1886 : VENDREDI 3 MARS

Plus un seul ONR. Ca y est, cette fois, ça roule...