Devant le flot de l'opinion publique qui grossit chaque jour & s'apprête à les submerger, les diplomates s'effarent - on s'effarerait à moins - &, comme le naufragé qui va périr, ils cherchent sur le rivage une branche à laquelle ils puissent se raccrocher. Ainsi, la guerre entre en jeu & elle le fait par une porte malicieuse que l'on ne regardait pas, que l'on ne soupçonnait pas, que l'on n'entendait même pas geindre. Mais la grande actualité, celle qui prime sur toutes les autres, malgré l'ardente polémique des journaux sur les événements en cours, c'est l'invitation de la République à venir admirer le savoir-faire français en terme d'art, de technique & de construction.
- L'Exposition Universelle de Paris -
Pour la France, il n'est pas exagéré d'écrire que le premier siècle du nouveau monde vient de finir. Aujourd'hui commence le second siècle d'émancipation & de liberté, qui s'ouvrit en 1789 avec la session des Etats Généraux. Le centenaire de cet événement est célébré à Versailles & au Louvre, puis sur le Champ de Mars, au milieu des merveilles que sont venues admirer des millions de personnes. L'Exposition Universelle, la plus grande qui ait jamais existé, la plus complète, la plus magnifique, ouvre ses portes officiellement ce printemps. Monsieur Eugène Poubelle, préfet de la Seine, coupe le ruban tricolore à l'entrée du Trocadéro sous un lâcher de colombes. La journée est radieuse, le ciel magnifique & le tout Paris est dehors, fiévreux & enthousiaste. Un flot d'étrangers & de Parisiens circulent en fiacre sur les Champs Elysées, rue La Fayette & rue de la Paix. Voilà un réveil du printemps qui est de bon augure pour les réjouissances à venir. Le mouvement qui se manifeste dans tous les départements en faveur du Centenaire s'amplifie. Partout, les autorités & la population rivalisent de zèle pour donner à cette solennité le plus d'éclat possible. Dans les villes de provinces & les campagnes, il y a des salves d'artillerie, des feux d'artifice, des illuminations & des banquets populaires.
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Mais revenons à Paris, où les visiteurs découvrent d'abord deux pavillons français consacrés aux arts des nations du monde. Ainsi, peut-on déambuler entre les trésors archéologiques du Mexique ou les laques japonaises. Les uns vont vers le palais du cinématographe, pendant que d'autres vont s'immerger dans le site des colonies. En chemin, chacun peut se faire une idée de l'inventivité des nations invitées. La datcha & le manège de chevaux de la Russie. Le pavillon d'ingénierie nautique des Pays-Bas. Le palais des Mille & Une nuits de l'Empire Ottoman. Le petit pavillon des machines du royaume de Belgique. La maison italienne des arts & de la culture. On est plus ébloui encore en arrivant devant le pavillon indien & la volière du Royaume Uni, ainsi que par le palais de cristal de l'Autriche-Hongrie ou la coupole la plus grande du monde construite par l'Allemagne, qui expose aussi ses légendaires locomotives. Le clou de la visite est, sans nul doute, le palais de la métallurgie & les serres géantes tropicales construits par l'Espagne, qui a dépensé sans compter. Juste en face, se dresse le pavillon chinois, une splendeur d'architecture, qui a coûté une somme que l'on devine indécente. Toutes ces attractions sont visibles de nuit grâce au réseau électrique féérique de la ville de Paris. Une dépêche assez malintentionnée de Washington vient ternir l'enthousiasme général en insinuant que les ambassadeurs américains, après s'être concertés, ont décliné toute invitation du gouvernement français pour l'inauguration de l'Exposition. Mexique & Etats-Unis sont donc les grands absents de cette course à l'émulation.
- La fierté française -
Les journaux de France ne tarissent pas d'éloges sur l'actualité parisienne & la tour de trois cents mètres, appelée par les Anglo-Saxons la tour de mille pieds. "Le lion du jour - ou plus modestement, car l'ingénieur est un modeste - l'homme du jour est Gustave Eiffel & il est né à Dijon. Voilà les deux premiers détails de sa biographie. Quand le visiteur passe sous sa tour, il peut s'écrier avec admiration que cet homme est un génie, le génie même du fer. Que c'est audacieux, que c'est beau."
Si l'on se rappelle de l'allocution inaugurale du Président Sadi Carnot, qui soulignait "les vertus du développement scientifique, technique, artistique & moral des peuples, dans un monde en paix, au sein duquel les nations échangent, partagent, coopèrent & règlent leurs différends éventuels par le dialogue & dans le strict respect du droit", on tremble. Car, après une confidence au sujet d'un rapprochement franco-russe, on s'aperçoit que le temps des plaisirs est déjà terminé. Ce temps laisse la place à la la fureur & à la guerre qui s'invitent en ce printemps que l'on pensait universel & convivial. Certes, la guerre éclate loin de la France, mais elle promet d'enflammer de nombreuses contrées.
- Le Japon bande ses muscles -
Les tensions diplomatiques & la pression des affaires les plus sombres ont fait céder le barrage de la paix. A peine le monde a-t-il profité de l'Exposition Universelle de Paris, que les rancoeurs se lâchent. Dans l'Extrême-Orient & plus précisément au large de Manille, une extraordinaire armada de navires nippons apparait à l'horizon & Valeriano Weyler y Nicolau, marquis de Ténérife, gouverneur général des Philippines, s'émeut devant le tsunami militaire à venir. Le Japon vient de déclarer officiellement la guerre à l'Espagne & a crânement avancé ses pions en vue de s'emparer des Philippines par la force. Le gouvernement nippon a aussi remarquablement travaillé au niveau de la diplomatie, en s'assurant une correspondance avec le Roi d'Espagne, afin d'obtenir l'immense archipel sans tirer un coup de feu. A la stupéfaction planétaire, l'Espagne déclare céder les Philippines au Japon en échange de quelques capitaux. Le royaume ibère apparait alors comme n'avoir que des stratèges de salon, fort aimables courtisans, mais d'une ignorance militaire absolue. Le marquis de Ténérife, bafoué & déshonoré, fait embarquer ses troupes pour la métropole, mais refuse de monter à bord. Il se livre aux autorités japonaises & demande la déchéance de sa nationalité ! Sur place, la situation devient rocambolesque & la confusion totale. Le Japon n'ayant rien payé, les Espagnols s'irritent & déclarent qu'ils ne signent pas le traité. Mais, n'ayant plus d'armée sur place, ils déplorent la perte de contrôle de Manille, qui se révolte. Les commissariats sont attaqués par une foule haineuse.
- La foudre s'abat sur l'Autriche-Hongrie -
Comme pour respecter la réussite de l'Exposition Universelle, la Russie attend le dernier jour de la saison pour déclarer la guerre à l'Autriche-Hongrie. Jusqu'ici, le Tsar avait dissimulé son vif ressentiment, mais lorsqu'il a découvert que les esprits de Vienne étaient retords, sa colère éclate. Il fait remettre à l'ambassadeur de François-Joseph à Saint-Petersbourg la déclaration officielle, qui est aussitôt câblée à Vienne. Par contre, si la déclaration est prononcée dans le dernier jour de l'hiver, le positionnement des troupes a été longuement préparé & l'on voit de nombreuses troupes se concentrer à la bordure des crètes des monts de la Galicie. Les raisons de cette déclaration de guerre sont nombreuses & le gouvernement russe ne se prive pas de les énumérer dans la presse : l'Autriche est coupable d'avoir favorisé une haine anti-russe, d'avoir permis l'enlèvement du banquier Polyakov, d'avoir fomenté une tentative d'assassinat du Tsar en pactisant avec des groupuscules terroristes comme Narodnaïa Volia que l'on peut traduire comme "Volonté du Peuple" & d'avoir financé tout cela sous le couvert d'une diplomatie coupable. La Russie exige donc, que l'Autriche-Hongrie démantèle son réseau d'espionnage extérieur, divulgue l'identité de ses complices, rende sa totale indépendance à la Serbie & paye un dédommagement de 150 millions.
- Alliance franco-russe -
Poussé à bout par une dernière provocation, semble-t-il, le Tsar Alexandre III engage le fer contre l'Autriche-Hongrie & promet une victoire étincelante. Mais son état-major comprend, que si la Russie veut éviter des désastres irréparables, elle doit se hâter de conclure des alliances solides. Le nouveau Président du Conseil des ministres, Konstantin Pobiedonotsev, parvient à se rapprocher de la République Française & obtient son soutien total avec la signature d'un traité d'alliance qui scelle le destin de ces deux nations. Quand on se rappelle que l'Autriche-Hongrie est publiquement alliée à l'Italie, il va de soi que l'on est en droit d'imaginer une dangereuse extension du conflit.
En Russie, l'ambiance commande à la prudence & le Tsar en personne décore le général Krasnov, le héros de Kaboul, pour ses hauts faits en Afghanistan, "devant un peuple en liesse" comme le signale le journal de Moscou. De plus, toutes les gares se voient garnies d'affiches à la gloire des armées invincibles de la Russie, afin de galvaniser les soldats qui embarquent dans les trains, mais aussi la population, convaincue d'une victoire prochaine.
- La Royal Navy ferme le canal de Suez -
La diplomatie, qui craint toujours de chômer, s'attache aux moindres incidents & la presse se régale d'en faire l'écho. A Londres, les journaux sont immédiatement avertis que la Royal Navy a reçu l'ordre de l'Amirauté de bloquer le canal de Suez à tout vaisseau de guerre, quel que soit son pavillon. Les énormes cuirassés de l'amiral Algernon de Horsey viennent s'ancrer devant Suez & interdisent l'accès au célèbre raccourci. Seuls les navires marchands & les paquebots ont le droit d'utiliser ce passage. Pour l'instant, ce sont les Français & les Turcs qui se retrouvent gros Jean comme devant en étant à l'arrêt respectivement devant Suez & Port-Saïd. Voilà qui ne va pas plaire au Sultan. Notons que la marine française réalise la même action au canal de Panama, laissant le trafic marchand passer, mais en refusant le transit par tout bateau militaire.
- L'Oncle Sam ne calme pas le jeu -
Alors que l'armée patrouille, une conférence de presse au Capitole illustre l'amertume qui s'accroche comme un chat dans les gorges américaines. Suite à l'entêtement français, qui refuse d'utiliser le canal de Panama de manière raisonnable & concertée, les Etats-Unis d'Amérique se retirent de l'Exposition Universelle de Paris. Voilà pourquoi Monsieur Théodore Roustan, ambassadeur de France à Washington, a été auditionné quatre fois par les autorités compétentes & n'a jamais convaincu personne quant à la sincérité des projets de la France dans le Pacifique. Le Président Cleveland, un homme qui ne cesse de rappeler sa devise "mieux vaut vivre un jour comme un tigre que mille ans comme un mouton", poursuit en expliquant à qui veut l'entendre que les accointances françaises avec l'Italie représentent ouvertement une menace pour la sécurité nationale américaine. La méfiance est telle, que la Navy a reçu l'ordre de bloquer le détroit de Gibraltar contre la France & surtout l'Italie. Même les navires de commerce sont neutralisés. L'amiral Rufus Griffin est déterminé à faire feu sur les bateaux qui tenteraient de forcer le blocus. Il bat en tous sens le détroit, guette les navires, interrompt le trafic commercial. Devant les protestations du capitaine Sconcertato du paquebot Principe d'Ostia, l'amiral américain se serait exclamé : "si vous voulez passer, creusez donc un canal." Ce n'est pas tout ! Après l'Italie & la France, le Président Grover Cleveland se fâche maintenant avec l'Empereur François-Joseph, car il a convoqué l'ambassadeur d'Autriche-Hongrie, le doux & émérite Ernst Ritter Schmidt von Tavera, pour lui signifier sa perplexité quant à la participation d'agitateurs autrichiens dans les récentes émeutes de New York.
- Le Salvador retrouve son indépendance -
Alors que le simple quidam rencontré dans les rues de San Salvador aurait parié un mois de salaire sur l'exécution à venir du Président renversé par l'intervention de la France, on apprend avec abasourdissemernt que Francisco Menéndez a été libéré de prison & remis au pouvoir par cette même armée française. Ce revirement de situation, pour le moins ineffable & inédit, surtout en Amérique Centrale, est rendu possible par la décision française de quitter le pays, d'évacuer tous les soldats de la République, de retirer tous les vaisseaux de guerre & de rendre son autonome pleine au Salvador. Cette étrange situation peut être évaluée comme un dommage collatéral, suite au bras de fer engagé entre la France & les Etats-Unis depuis l'ouverture du chantier du canal de Panama. Mais concrètement, alors qu'il se voyait déjà fusillé, le Président Menéndez est désormais l'homme fort d'une nation qui redevient un partenaire commercial potentiel sur la marché neutre des influences économiques.
- Carnets coloniaux -
Il est probable que l'Autriche-Hongrie soit sur le point de poursuivre sa marche en avant dans le Somaliland. Le Comte von Teschen veut évidemment agir pour abattre au plus tôt ses adversaires, mais surtout pour obtenir une victoire qui relèverait le prestige des Habsbourg. Pour cela, la flotte impériale est venue fermée la rade de Berbera, l'un des rares ports en eau profonde de la Corne de l'Afrique. En parallèle, les deux colonnes de l'armée de terre avancent pour bousculer la défense des Somalis. Très vite submergés par la puissance de feu des assaillants, les indigènes consentent à déposer les armes.
- L'illustre Université de Vienne -
Ignorant encore que la guerre allait s'inviter, les Viennois se félicitaient des crédits accordés par la Maison impériale pour agrandir les bâtiments & créer la cité universitaire du Prince Rodolphe de Habsbourg. Cette nouvelle faculté se veut une école de relations humaines pour la paix & offre des conditions de logements & d'études de qualité pour des étudiants de l'empire comme du reste du monde & même aux demoiselles. Les bâtiments prolongent la prestigieuse façade & s'enrichissent de vastes jardins botaniques destinés autant à l'étude qu'au repos. Ce poumon vert devient aussitôt le parc préféré des Viennois.
- Au pays du Soleil Levant -
Ce n'est pas seulement en Europe, à ce qu'il parait, que le besoin se fait sentir de réformer les vieilles institutions. Tout à l'autre bout du monde, les Japonais ont songé à réviser la disposition de leurs préfectures. Ainsi, la ville de Kochi, au pied de son traditionnel château médiéval, devient la capitale préfectorale de l'île de Shikoku, son territoire est agrandi & le bourg devient une cité majeure.
En Allemagne, les ouvriers de la société de la Tour Guillaume se sont mis à l'ouvrage, pour ériger le plus haut monument du monde. Sous une structure de métal, le bâtiment sera recouvert de marbre, étage après étage, pour former un cône de 450 mètres de haut. C'est d'autant plus impressionnant que cette tour, lorsqu'elle sera achevée, n'aura guère laissé longtemps de record à la Tour Eiffel ! Mais pour l'heure, c'est la ville de Stettin qui fait la une des journaux allemands, en devenant une cité majeure du Reich.
- Espionnes en jupons -
Elles trainent dans les luxueux palaces, prennent des trains internationaux sous les hautes marquises des gares, traversent les frontières avec l'art de présenter leur passeport, séduisent les agents étrangers pour leur soutirer des renseignements ou pour les emmener dans un vil traquenard. C'est ainsi que l'on apprend que des ressortissants italiens ont été éliminés dans la Hauptbahnhof de Hambourg, ville qui est aussi le plus grand port d'Allemagne. Selon les journaux allemands, il pourrait s'agir d'une opération secrète montée par une organisation ayant attiré là des agents italiens enquêtant dans l'affaire Mayerling & visiblement proches de la vérité. A Rome, le ministère des Affaires Etrangères n'émet aucun commentaire, mais les autorités allemandes insistent pour savoir ce que préparaient ces espions italiens, armés & détenteurs de passeports de multiples nationalités & de documents de la plus haute confidentialité. Dans les bureaux discrets des ambassades, on se demande plutôt qu'elle est l'organisation qui peut se permettre d'éliminer des concurrents sur le sol d'une puissance tierce.
- Contrebande -
Devenu le potentat du Bhoutan, un tout petit Etat himalayen presque voisin du Tibet, Ugyen Wangchuk reçoit un explorateur du nom d'Ernest Ayscoghe Floyer dans son palais de Punakha & lui apprend beaucoup à propos d'un trafic intense d'oeuvres d'art. Les graves révélations, que le courrier des Indes arrivé hier par le paquebot-poste Melbourne nous apporte, indiquent clairement qu'une puissance profite dans l'anonymat le plus complet d'une contrebande juteuse en pillant les trésors de ces anciens royaumes.
- Carnets de voyage -
L'Exposition Universelle draine des millions de visiteurs & le réseau national se doit d'être à la hauteur. Pour cela, le Président Sadi Carnot a exigé que les ports soient parfaitement connectés aux gares. Voilà pourquoi la gare Saint-Lazare de Paris, qui reçoit les voyageurs du Havre, est désormais le terminus de la ligne directe de Brest. Une transversale est créée à travers le Massif Central depuis La Rochelle & Limoges, jusque Lyon. Et justement, à Paris, la gare de Lyon est embellie avec sa tour de l'horloge caractéristique & un grand restaurant appelé le "Train Bleu" inauguré par le Président en personne. Ce nom fait référence au luxueux train express Calais-Méditerranée, qui transporte les voyageurs d'Angleterre à travers la France & en priorité à destination de la Côte d'Azur & de l'Italie.
La compagnie britannique poursuit la pose de rail dans les confins de son empire colonial & prend en charge la ligne des Ottomans, de Lahore à Karachi, mais aussi de Lahore à Pechawar & Kaboul par la très difficile passe de Kayber. En Chine, la compagnie ferroviaire inaugure la ligne de X'ian à Tcheng-Tu. Quant aux Allemands, qui sont les plus grands spécialistes de chevaux-vapeur, ils lancent des trains de Bamako à Ségou, Tombouctou & Gao, puis de Douala à Bata. On les voit aussi dans l'empire du Tsar construire une ligne de Vladivostok à Khabarovsk sur le fleuve Amour, large à cet endroit de trois kilomètres. Les Russes, enfin, achèvent la ligne de Samarcande à Kaboul.
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La société française des Messageries Maritimes déploie depuis Le Havre de nouvelles liaisons vers le Royaume Uni, l'Islande & la Russie. Ca tombe bien, puisque les glaces du golfe de Botnie viennent de fondre. Le paquebot City of New York de la compagnie Navigazione Generale est lancé par les Italiens, qui annoncent qu'il est le plus gros steamer du monde. D'une longueur de 170 mètres, ce navire racé à la proue "à l'ancienne", développant une puissance de vingt mille chevaux vapeur, ne parvient pas à subtiliser le Ruban Bleu qui désigne le navire qui traverse le plus rapidement l'Atlantique. Cependant, il fait forte impression en arrivant à New York pour venir embarquer les ressortissants d'origine italienne. Un malaise évident plane sur les docks de la grande ville américaine, d'autant que les candidats du retour au pays sont nombreux, le gouvernement italien ayant promis une exonération d'impôts sur une durée de cinq ans pour tous les migrants qui reviendraient vivre dans la mère-patrie. Mais le bateau promis n'arrive pas à New York, car tous les steamers italiens ont été retenus dans le détroit de Gibraltar, bloqué par la marine américaine !
- Angoisse des peuples -
Les aristocrates anglais sont réputés pour leurs mauvaises manières, qu'ils qualifient d'excentricités. Peu habitués à cela, les gens du Pendjab, une terre qui a été facile à conquérir, refusent céans de se montrer trop dociles & voilà pourquoi, devant la mosquée royale de Lahore, des manifestants sont très nombreux à exprimer leur mécontentement. L'armée des Indes va devoir agir.
En Espagne, la population est atterrée par l'abandon des Philippines - littéralement les terres de Philippe II - & ulcérée par la signature du Roi Alphonse XII qui doit être apposée au bas du Traité de Luçon. La vente des Philippines au Japon est un acte infamant & indigne d'une puissance souveraine. Comment oser céder une terre conquise de haute lutte & gérée depuis des siècles par de vaillants Espagnols ? A Madrid, les membres de la famille royale, ainsi que les hommes du gouvernement, n'osent plus se promener en rue. On raconte même que le Roi est parti en France pour visiter l'Exposition Universelle & n'en serait toujours pas revenu. Les citoyens crachent sur les statues de la dynastie & brûlent le drapeau national. L'armée doit intervenir de toute urgence... si elle accepte de protéger ce gouvernement, couvert d'une honte indélébile.
Dans l'empire d'Autriche-Hongrie, le petit peuple de Cracovie hurle soudain sa colère contre les dirigeants de la Double monarchie. La soldatesque est attendue pour que la ville retrouve de la sérénité.
Benghazi, la douce capitale de la Libye italienne, entourée de palmiers-dattiers qui s'étendent à perte de vue, est soudain le centre d'une virulente revendication contre le joug colonial des Italiens. En conséquence, la ville se révolte & l'armée y est vivement attendue.
- Liste des Consortiums -
L'Espagne devient le plus gros producteur de vin du monde, comme l'illustre la création de la grande manufacture Bodega Marqués de Riscal.
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Alimentaire : Abyssinie (AUTRICHE), Argentine, Ceylan (ROYAUME UNI), CHINE, ESPAGNE, ITALIE, MEXIQUE, TURQUIE.
Armement : ALLEMAGNE, AUTRICHE, BELGIQUE, CHINE, ESPAGNE, FRANCE, ROYAUME UNI, RUSSIE, Suède.
Banque : AUTRICHE, BELGIQUE, FRANCE, JAPON, ROYAUME UNI, Suisse.
Chantier naval : BELGIQUE, ESPAGNE, Grèce, JAPON, ROYAUME UNI.
Charbonnage : ALLEMAGNE, BELGIQUE, ETATS-UNIS, Mandchourie (CHINE), Mozambique (ITALIE).
Chimie : ALLEMAGNE, JAPON, Norvège, ROYAUME UNI.
Gisements : Brésil, Congo (BELGIQUE), Etats Malais (PAYS-BAS), Matebeleland (ROYAUME UNI), Nigeria (ALLEMAGNE), RUSSIE.
Machines outils : Danemark, ITALIE, JAPON, PAYS-BAS, RUSSIE.
Mines : Australie, Côte d'Or (ESPAGNE), Katanga (BELGIQUE), MEXIQUE, RUSSIE, Transvaal.
Pétrole : Azerbaïdjan (RUSSIE), BELGIQUE, Birmanie (PAYS-BAS), ETATS-UNIS, Roumanie, Sumatra (PAYS-BAS).
Sidérurgie : BELGIQUE, ESPAGNE, JAPON, MEXIQUE.
Tabac : Barbade (ROYAUME UNI), BELGIQUE, Cuba (ESPAGNE), JAPON, MEXIQUE, Nicaragua, TURQUIE.
Textile : AUTRICHE, BELGIQUE, Corée (JAPON), Egypte (TURQUIE), Gujarat (ROYAUME UNI), Maroc (FRANCE), Pendjab (ROYAUME UNI).
Verrerie : AUTRICHE, BELGIQUE, Canada, CHINE, FRANCE, Perse.
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