La victoire est-elle proche ? Telle est la question que chacun s'adresse en Autriche-Hongrie & en Russie. On attend la réponse, on scrute les nouvelles avec une impatience fébrile, on s'arrache les dépêches desquelles on espère tirer quelques éclaircissements. Mais les bulletins des batailles en cours ne parviennent pas avec régularité & objectivité. Ils n'arrivent, le plus souvent, qu'à travers ce voile de ménagement & de discrétion qui laisse la population dans une anxiété que nul ne peut raisonner. Et qu'écrire donc pour ceux qui désirent des renseignements fiables concernant les opérations du bout du monde ?
- Saison meurtrière sur le front de Galicie -
Selon les informations des états-majors, des témoignages recueillis & des positions des armées, il est tout de même possible de dresser un tableau de la situation sur le front meurtrier de Galicie. D'abord, tous savent que les combats se sont encore intensifiés autour de la ville de Cracovie & que l'Empereur François-Joseph est venu encourager en personne ses officiers & ses soldats. Mais à la fin de la saison, les pertes recensées sont colossales. Huit grandes unités ont été englouties & le front n'a guère varié. Toujours est-il que le Tsar, pourtant calculateur consommé, ne doit pas négliger de prendre en compte une réalité majeure. Les combats sont confus, incertains, la chaleur est torride & les soldats sont trempés par les orages. De plus, & en raison des destructions sur le réseau ferroviaire, les déplacements sont lents & malcommodes. Cependant, les Russes optent pour un réseau moderne de télégraphie pour coordonner les ordres & les manoeuvres. Leur première action est de renforcer Cracovie pour saigner à blanc l'ennemi. Mission parfaitement réussie. Cracovie devient le théâtre d'un carnage abominable.
- La forteresse de Przemysl -
Malgré les annonces falsifiées & le flou qui règne sur la ligne des Carpathes, nous pouvons affirmer que le Grand Duc Vladimir, frère du Tsar & érudit reconnu - il est président de l'Académie impériale des Beaux-Arts - a exécuté avec autant de vigueur que d'habilité de grands mouvements stratégiques, dont on ne tarde pas à voir le résultat heureux. Le secteur de Lublin étant sécurisé, les Russes lancent une vague d'assaut à l'Ouest de Lemberg, près du bourg de Przemysl, qui est la troisième ville la plus fortifiée d'Europe, après Anvers & Verdun. De grandes unités ont été mobilisées & maintenant elles s'avancent au centre du front, un secteur que les Autrichiens ont souvent négligé. La citadelle est prise, Lemberg est prise, tout le dispositif défensif est anéanti. Le Grand Duc envoie aussitôt un télégramme au Tsar, annonçant une grande victoire. Doit-il maintenant se rabattre sur Tarnopol ou Cracovie & donner le coup de grâce, ou doit-il foncer sur Budapest ? Bien malin celui qui pourra deviner les intentions russes pour l'automne.
- Tarnopol est prise -
L'héroïque population de Tarnopol a été de celles qui savent regarder en face tous les dangers & qui sont prêtes à tous les sacrifices. Un médecin arrivé à Vienne, nous rapporte que l'on a appris dans cette ville, que les forces de l'Empereur François-Joseph ont croisé la baïonnette avec leurs envahisseurs & ont préféré mourir que de reculer. Pourtant, des groupes de Hongrois & de Croates en débandade, cavaliers & fantassins, n'ont pas cessé d'arriver à Klausenburg, la base arrière de la réserve autrichienne. C'est par ordre exprès du Comte von Berg-Rzykowski que la citadelle de Tarnopol, les baraquements & le matériel restant ont été livrés aux flammes. Dans la ville martyre, les citadins traquent les chats, rebaptisés lièvres de gouttières, pour les manger. Les Russes, presque aussi mal en point, s'emparent de la ville, avec leurs corps légers, les lourdes armées étant détruites. C'est alors que surgit le général Wilhelm von Württemberg, que la troupe surnomme "le Beethoven de la grenade", qui parvient à combler le trou béant en positionnant ses canons & ses troupes d'assaut le long de la rivière Seret, protégeant Klausenburg, où affluent les blessés. A Vienne, on comprend que les Russes n'avaient qu'une idée cette saison ; ils voulaient épuiser l'armée austro-hongroise & non s'emparer de territoire.
- La France attaquée -
Espagnols, Hollandais & Américains se sont concertés pour envahir la France & le front de l'Atlantique est ouvert. Les Ibères traversent laborieusement les Pyrénées & entrent dans Toulouse & les Bataves débarquent à Nantes par les bons soins de la marine de l'Oncle Sam. Mais, très mal armée & mal commandée, l'armée espagnole se retrouve vite en très mauvaise posture. Voulant prendre Bordeaux, le cinquième corps d'infanterie du Roi d'Espagne recule précipitamment après avoir été rossé par l'artillerie française du vieux général Jean-Baptiste Billot, dont les moustaches ont humé la chaleur des Amériques lors de l'expédition du Mexique & la poudre allemande lors de la guerre franco-prussienne. Ses soldats vêtus du célèbre pantalon rouge garance n'ont aucun mal à refouler l'ennemi. Armés de vieux fusils Dreyse, les Hussards néerlandais ont compris à qui ils avaient affaire & n'osent pas porter leur opération plus à l'intérieur de l'Hexagone.
Au Maroc, les Français ont une nouvelle fois une mauvaise visite. Là, les Cazadores du colonel Manuel Macias y Casado ont débarqué à Nador & marché pour attaquer Fès, qui semblait vide de troupe. Or, la France y stationne là, une puissante garnison, qui est apte & suffisante à dire vrai, pour repousser les intrus. Les Espagnols s'en retournent la queue entre les jambes. Ils sont heureusement oubliés par les journaux, qui peuvent mettre en Une la victoire extraordinaire obtenue par l'amiral Segismundo Bernejo y Merelo, qui est parvenu à couler le dernier cuirassé de la seconde escadre républicaine, au large de Marseille.
- Les Détroits sont fermés -
L'annonce est officielle & pourrait régler définitivement les problèmes maritimes des puissances qui manoeuvrent en Mer Méditerranée. Les Détroits du Bosphore & des Dardanelles sont dorénavant fermés & interdits à toute flotte de guerre. La marine ottomane a été chargée de verrouiller le secteur, démontrant aux amirautés étrangères que le Sultan de Constantinople reprenait la main dans cette région stratégique & entendait se faire respecter dans ses eaux territoriales. Et c'est tant pis pour la flotte autrichienne, qui se voyait déjà bombarder le port d'Odessa.
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Le Sultan Abdul Hamid II ne se contente pas d'imposer des règles strictes au large de ses côtes & s'associe avec la Reine Victoria pour clarifier la viabilité du canal de Suez. En conséquence, la Grande Bretagne & l'Empire Ottoman déclarent préparer la Convention de Constantinople, qui garantirait le libre passage à toutes les marines civiles & militaires du monde, en temps de paix, comme en temps de guerre. A n'en pas douter, voici deux souverains qui travaillent pour que la raison l'emporte. De nombreuses nations semblent intéressées par cette initiative, puisque la France a même proposé d'y inclure le canal de Panama. Notons que Washington demande une fois de plus que Paris renonce à conserver le canal de Panama, pour faire une zone franche indépendante, garantie par les Etats-Unis.
- Lettre ouverte de Rome -
En Italie, on décoche ses flèches & la presse est priée de relayer le message : « Après de nombreuses investigations remontant au plus haut de différents gouvernements, nous pouvons affirmer aujourd’hui que les conflits qui font imploser l’Europe sont orchestrés & dirigés en coulisse par les Etats-Unis d’Amérique ! Cette jeune nation, qui doit son apogée grâce à la bienveillance de nombreuses nations européennes, est prête à tout pour continuer son enrichissement & son hégémonie mondiale. Force est de constater que de nombreux pays sont tombés sous sa coupe. La Russie en premier, qui est une pièce maîtresse puisqu’elle a, elle-même, organisé l’assassinat de Mayerling, élément déclencheur de sa propre déclaration de guerre ! Soutenue massivement par les Etats-Unis, elle accepte ce rôle déplorable de bourreau d’une nation qui ose dire NON aux Etats-Unis. Ces mêmes Etats-Unis, qui infligent les pires tortures à une population d'origine italienne, qui doit courber l'échine, & Monsieur Cleveland a pour seul prétexte à cette infamie, qu'une mafia italienne dirigeait la contrebande d’alcool. C’est encore cette nation qui s’est alliée secrètement avec le Japon pour orchestrer la dilapidation des comptoirs occidentaux, non seulement pour les affaiblir mais surtout pour avoir le contrôle sur les puissances européennes (...) La coupe est pleine & les nations européennes devraient être prêtes à se mettre autour de la table pour signer un traité de paix & de défiance face aux Etats-Unis, car cette nation n’est rien si elle est isolée. La guerre ne fait que détruire des pays, des villes, des économies florissantes & des hommes. Pendant ce temps, les Américains ne se mouillent guère et préfèrent payer pour que les Européens s’entretuent… Quelle triste époque ! »
- Les Orientaux poursuivent leurs attaques -
Après un silence imposé par la victoire de Hué - un instant volé au temps dira l'Histoire - le grand amiral chinois Ding Ruchang ordonne à tous ses généraux de passer à l'attaque, terrestre cette fois. Dès lors, seule compte la rapidité d'action & non plus le secret. Largement en supériorité numérique, les Chinois avancent vers Hanoï, d'abord en toute confiance. Là, les attendent les Légionnaires, soldats aguerris par de nombreuses campagnes & prêts à en découdre. Ceux-là tiennent pratiquement huit semaines derrière les murs séculaires de la citadelle de Thang Long, où les combats les plus meurtriers se déroulent pour la prise de la porte du Nord, dite Cua Bac. Les Chinois sont obligés d'utiliser de lourds mortiers pour écraser les défenses & brûler les toitures, puis lancent les fantassins à l'assaut. Hanoï est finalement prise & cette victoire rassure, un peu, les Chinois sur leur potentiel de combat face à une armée européenne. Elle fait écho à la prise difficile mais réussie de Canton, où le septième corps français a dû rendre les armes. Après T'ien-Tsin qui a été arrachée à l'Angleterre, Canton n'est plus une concession. Il ne reste plus en Chine que Shanghaï comme concession & elle est sous pavillon américain.
- Supériorité tactique française -
Malgré le contexte très défavorable, le commandement français en Indochine est sûr de sa force & ose lancer de vigoureuses contre-attaques. Ainsi, les forces conquérantes basées à Hué s'organisent cette saison pour attaquer Saïgon. Avec une hardiesse peu commune & un matériel offensif inconnu des Orientaux, le huitième corps d'armée français déboule dans les rangs adverses à un contre six, pour reprendre la capitale de l'Annam. D'abord amusés, les officiers chinois déchantent vite & doivent s'appliquer pour tenter de repousser la "furia francese". Les Japonais ayant fait progresser leurs forces vers le Mékong, pour entrer au Cambodge, sont trop loin pour apporter un soutien à leurs alliés, qui s'avancent, eux, le long de la côte. Les Chinois se trouvent seuls à marcher, en suivant la ligne de chemin de fer, avec une artillerie pesante & sont, tout à coup, giflés entre Nha Trang & Hué, à la sortie du col des Nuages, au lieu-dit de Tourane. Les intrépides soldats français chargent & renversent les rangs, tiraillant en tout sens & faisant tirer des obus à balles, bien connus en Europe sous le nom de shrapnel. Leurs adversaires tombent comme capucins de cartes sans seulement avoir le temps de comprendre d'où vient l'attaque. La seconde armée impériale est enfoncée par les Marsouins & les Zouaves du colonel Edmond d'Esclevin, qui se couvrent de gloire en réduisant en une journée cette armée en bouillie, ne laissant aucun survivant. Hué est libérée dès le lendemain par la reddition du général Feng.
- On s'étripe à Bangkok -
Les journaux n'en avaient pas parlé, mais il s'est passé quelque chose au Siam. Au printemps dernier, déjà, le général Joannes van Heutsz était rejoint par les régiments de la Garde, quatre pièces de canons & un convoi de vivres à Nakhon Sawan. De là, il n'avait plus qu'à descendre le long des berges de la rivière Menam Chao Phraya. Quatre jours plus tard, la colonne entrait dans les faubourgs de Bangkok, chef-lieu de la grande colonie française. C'est seulement maintenant que le consul des Pays-Bas à Medan nous envoie ces informations car, aujourd'hui, tel un César, le général van Heutsz lance l'attaque, dessine ses mouvements vers Bangkok par la rive occidentale & s'empare sans difficulté des positions que les Français avaient pourtant fortifiées. L'avance des deux corps bataves parait facile & l'ennemi semble épuisé lorsque, tout à coup, éclate des deux rives une fusillade qui préface un combat qui va durer plusieurs heures. Armés de mitrailleuses Reffye, dont la cadence de tir est de cent coups à la minute & qui projettent des munitions de 13 mm, deux fois plus puissantes que les cartouches du fusil Chassepot, les Fusiliers Marins du général Louis Brière de L'Isle repoussent brutalement l'assaut. Là, les Français peuvent pousser un soupir de soulagement.
- La riposte de l'Oncle Sam -
Qu'importe l'arrogance outre-atlantique ou le sans-gène qui ferait rustre en Europe, l'Américain est celui qui ose. Le voici d'ailleurs devant Reykjavik en Islande pour défier l'Italien. Les sirènes se mettent à hurler depuis le cuirassé Andrea Doria & l'escadre de l'amiral Carlo Mirabello sort du port pour se déployer. Toutes les tourelles des vaisseaux américains se tournent vers les navires de la Regia Marina & ouvrent instantanément le feu. Les cuirassés à tourelles & à barbettes ripostent avec fracas. Les obus, les fusées de contact, les bombes pleuvent sur les ponts, enfoncent les coques, ravagent les tourelles. Les Américains prennent l'ascendant, lorsqu'ils décident d'envoyer deux cuirassés bombarder le port de Reykjavik, dont ils redoutent les batteries côtières. L'escadre italienne ne parvient pas à en profiter & doit rompre le combat pour ne pas être annihilée. La victoire va clairement à la bannière étoilée, mais le débarquement, si débarquement il doit y avoir, promet d'être épique.
- Recrudescence de la dissidence indienne -
La réduction des troupeaux de bisons, le cantonnement en réserve, l'interdiction de la danse du soleil conduisent de nombreux Sioux Lakotas à s'engager avec les Cheyennes dans une révolte de grande ampleur au centre du continent nord-américain. Leur chef, Thathanka Iyotake, mieux connu des visages pâles par la traduction anglaise "Sitting Bull" mène les guerriers contre Fort Laramie & Denver & perturbe hautement les membres du Congrès, qui décident de faire intervenir les Tuniques bleues. Mais tout ceci est réalisé par les fonctionnaires de Washington, qui ne semblent guère pressés & qui ne saisissent pas que les villes mentionnées sont au Colorado ou au Wyoming, des Etats loin de tout & sans aucune jonction ferroviaire. Les villes sont tôt prises, quelques pionniers sont exécutés &, devant le silence des autorités, la révolte grandit. Les Arapahos de la cheffe Pretty Nose - une guerrière qui a combattu à Little Big Horn - rallient le mouvement & inquiètent au plus haut point le Président Cleveland, qui éprouve un grand malaise face à ces massacres indigènes.
- Carnets d'Afrique -
Les Autrichiens reprennent l'initiative en Ethiopie, en chassant d'abord les enragés d'Abyssins vers Neguele, puis en contenant les fous furieux de Mahdistes qui dévastent Massaoua, en Erythrée. Les Mahdistes demeurent cependant une grande menace, d'autant qu'il est certain que de grandes puissances n'hésitent pas à les armer. Tout cela va mal finir.
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Les Ottomans poursuivent leur avance au coeur de l'Afrique équatoriale, admirent l'immense lac Victoria & atteignent les sources du Nil aux chutes de Ripon, puis le bourg royal de Kampala. Ils prennent ainsi possession du Bouganda, une terre de collines, de grands lacs & de marécages remplis de papyrus. Avouons que cette terre n'est guère très prometteuse du point de vue alimentaire ou minéral.
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Quant aux Allemands, ils s'enhardissent, avec la lenteur qui les caractérise. Un détachement de Cavalerie badoise est envoyé au Nord du fleuve Niger, en qualité d'avant-garde, & confirme la présence de guerriers peuls tout autour de Tombouctou. Cette avant-garde a toujours été un des meilleurs atouts de l'armée allemande, puisque ses éclaireurs & ses espions sont dressés à instruire la troupe. Le général von Hahnke peut maintenant montrer du doigt le chemin à prendre aux soldats chevronnés de la Garde, qui annihilent les prétentions des Touaregs à dominer le pays. Tombouctou est reprise. Le gouverneur allemand peut reprendre ses fonctions & enquêter sur l'armement suspect des insurgés.
- Seconde campagne contre les Boers -
Nous ne quittons pas l'Afrique, puisque les Italiens y oeuvrent encore. Car, quitte à avoir les Etats-Unis sur le dos, l'Italie a décidé de reprendre les hostilités au Transvaal. Les Grenadiers de la Garde royale forcent la frontière depuis Maputo, contournent les sources du fleuve Komati & atteignent les villages de Barberton & Middelburg, où des colons descendants des migrants hollandais les regardent, atterrés. Là, les Italiens savent que les Boers sont au courant de leur offensive & décident d'éviter Pretoria, pour s'emparer de Johannesburg, où ils bloquent l'exportation aurifère du pays. Les Boers ne sont point sots & bougent à leur tour, envoyant d'abord leur cavalerie. Cette dernière est foudroyée par les Grenadiers du notoire général Antonio Baldissera, qui n'en est pas à sa première démonstration face aux pauvres Boers.
- L'odieux trafic du Rif -
Le plus vieux trafic de contrebande, mais aussi le premier repéré des commerces illicites, est enfin dénoncé dans la presse internationale par la République Française. La contrebande de hashish dans les montagnes du Rif, que Paris avait longtemps tolérée, est aujourd'hui démantelée par les autorités françaises, en action dans le piémont de l'Atlas. De grandes saisies sont réalisées, les plants arrachés, la marchandise systématiquement brûlée & l'Espagne voit s'envoler les revenus de cette lucrative contrebande. Les lecteurs se posent beaucoup de questions, mais nous, nous ne poserons qu'un constat : ce trafic, connu de la France & d'autres nations, est resté secret tant que l'Espagne était alliée de la France. Combien de contrebandes prospèrent donc encore dans l'ombre ? Combien d'administrations nous diront plus tard "nous savions" ?
- Sicile & Sardaigne -
Du chaos, nait un nouveau monde. A l'instar de Palerme, toute la Sicile a rejeté l'autorité de Rome sur l'île & a décrété devenir céans une république. Personne ne veut plus du Roi Umberto & peu sont tentés par le retour de Francesco II, souverain en exil du royaume des Deux Siciles. Voilà pourquoi, Giustino Fortunato quitte la Chambre des députés & appuie totalement la candidature de Pietro Lanza, Prince di Trabia & héritier d'une grande famille sicilienne, entré en politique pour s'engager dans la revitalisation de la Sicile, une province totalement délaissée par Rome. Malgré des soupçons de corruption - à Palerme, on parle de cinq lires pour l'achat de chacune des voix - Pietro Lanza est élu premier Président de la République Sicilienne. Et, ô surprise, la première souveraine à donner son avis sur cette éruptive situation est la Reine Victoria, qui souhaite le meilleur des succès à cette entreprise courageuse. Le Tsar emboite le pas, ce qui est de suite plus attendu. Mais la vie de cette république ne dure pas plus d'une semaine, lorsque l'armée italienne apparait. A Palerme, les révolutionnaires sont arrêtés, la Sicile redevient brusquement italienne. Le lendemain, le film est rediffusé en Sardaigne, avec l'intervention des Bersagliers à Cagliari.
- Développements urbains, sociaux & économiques -
L'essor démographique est illustré cet été par le nouveau rang de la ville de La Corogne, en Espagne. Mais ce n'est pas là, le seul effort urbain. C'est à Kushiro que les Japonais ont réalisé le plus de travaux pour développer l'île d'Hokkaido. Ce bourg portuaire, au demeurant charmant, devient une cité majeure, prise soudain d'une activité débordante.
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La Reine Marie-Henriette, épouse du richissime Roi des Belges, a été désignée à la tête du service généreux que la Belgique vient de mettre en place pour garantir une retraite digne aux forces vives de l'industrie. Les ouvriers belges sont, ainsi, les travailleurs les mieux payés du monde, pendant & après leur vie active. Dans l'Empire Céleste, on s'intéresse enfin à la santé des civils & des soldats, on répare les chaussées & on ouvre des écoles.
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Les Chinois fondent une compagnie de transport maritime, la China Ocean Shipping Company, qui a pour première mission d'évacuer les ressortissants français arrêtés dans l'Empire du Milieu vers des ports étrangers.
- Manifestants & insoumis -
Les activités interlopes de Sapporo semblent avoir profité du développement marquant de Kushiro, la ville voisine, pour prospérer en toute discrétion dans le monde de l'économie parallèle des Yakuzas. Le Prince Hirobumi n'ayant pas jugé opportun d'envoyer l'armée régulière dans la grande ville du Nord, Sapporo n'envoie plus de revenus au gouvernement central.
Budapest & Sébastopol sont trop importantes pour que le haut commandement s'en désintéresse. En conséquence, ces deux villes ont immédiatement été pacifiées. Toutefois, l'empire de François-Joseph subit le contre-coup de la guerre & du réveil des nationalismes. Prague & Temesvar se révoltent. Il faut y envoyer ou y laisser l'armée.
Kuta Radja a brillamment été ramenée à la raison par l'envoi de la Garde royale.
Enfin, les habitants de Merida, au Mexique, se révoltent contre un pouvoir véritablement ignorant de la vie dans la péninsule du Yucatan, avec un maque criant d'activité, aucun travaux ferroviaires ou aucun accès maritime. Il faut signaler que le Mexique est tout entier dans la muise, ces derniers mois, avec une carence au niveau des importations commerciales. L'économie mexicaine s'effondre, ce qui est un indicateur évident d'une paresse gouvernementale & d'une corruption grandissante. Du pain béni pour les révolutionnaires...
- Liste des Consortiums -
Alimentaire : Abyssinie (AUTRICHE), Argentine, BELGIQUE, Ceylan (ROYAUME UNI), CHINE, ESPAGNE, ITALIE, MEXIQUE, TURQUIE.
Armement : ALLEMAGNE, AUTRICHE, BELGIQUE, CHINE, ESPAGNE, FRANCE, ROYAUME UNI, RUSSIE, Suède.
Banque : AUTRICHE, BELGIQUE, FRANCE, JAPON, ROYAUME UNI, Suisse.
Chantier naval : BELGIQUE, ESPAGNE, Grèce, JAPON, MEXIQUE, ROYAUME UNI.
Charbonnage : ALLEMAGNE, BELGIQUE, ETATS-UNIS, Mandchourie (CHINE), Mozambique (ITALIE).
Chimie : ALLEMAGNE, BELGIQUE, JAPON, Norvège, ROYAUME UNI.
Gisements : Brésil, Congo (BELGIQUE), Etats Malais (PAYS-BAS), Matebeleland (ROYAUME UNI), Nigeria (ALLEMAGNE), RUSSIE.
Machines outils : BELGIQUE, Danemark, ITALIE, JAPON, PAYS-BAS, ROYAUME UNI, RUSSIE.
Mines : Australie, Côte d'Or (ESPAGNE), Katanga (BELGIQUE), MEXIQUE, RUSSIE, Transvaal.
Pétrole : Azerbaïdjan (RUSSIE), BELGIQUE, Birmanie (PAYS-BAS), ETATS-UNIS, Roumanie, ROYAUME UNI, Sumatra (PAYS-BAS).
Sidérurgie : BELGIQUE, ESPAGNE, JAPON, MEXIQUE, ROYAUME UNI.
Tabac : Barbade (ROYAUME UNI), BELGIQUE, Cuba (ESPAGNE), JAPON, MEXIQUE, Nicaragua, TURQUIE.
Textile : AUTRICHE, BELGIQUE, Corée (JAPON), Egypte (TURQUIE), Gujarat (ROYAUME UNI), Maroc (FRANCE), Pendjab (ROYAUME UNI).
Verrerie : AUTRICHE, BELGIQUE, Canada, CHINE, FRANCE, JAPON, Perse.
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