Malgré la guerre engagée par la Grande Bretagne au bout du monde, l'automne est dominé par la politique colonialiste des grandes puissances européennes. Depuis la Conférence de Berlin, les nations se lancent crânement dans le partage de l'Afrique, qui apparaît comme une véritable lutte de pouvoir. La razzia commence avec la Belgique qui annexe le Katanga, l'Allemagne qui débarque au Nigeria & l'Italie qui prétend étendre son domaine en Libye. L'ambition de la France brûle la politesse aux Anglais, en lançant une campagne d'Egypte avec des moyens colossaux.

 

- Le café des comédiens - 

 

La France, l'Allemagne & l'Italie sont en train de se tailler un empire colonial impressionnant en Afrique, à moindre coût, pendant que les autres puissances dorment ou errent. La popularité des gouvernements de ces trois nations est au zénith, alors que les éditorialistes se posent beaucoup de questions & font l'écho du désarroi de l'opinion publique. La colère monte, le peuple gronde. C'est surtout en Angleterre que les journaux n'hésitent pas à mettre la pression sur le gouvernement de William Gladstone, qui est aux abonnés absents dans la lutte impérialiste que se livrent les plus grands. Jamais, depuis deux cents ans, les Britanniques n'avaient été si négligents dans la conquête du monde. En conséquence, n'est-on guère surpris d'apprendre que la foule s'est massée à Trafalgar Square, pour demander la démission du Premier ministre. Mais les Anglais sont gens pratiques & peuvent compter sur la flegmatique garnison de la capitale pour calmer les ardeurs les plus vives.

Dans la double monarchie danubienne, la police a eu fort à faire pour arrêter des terroristes serbes préparant un attentat. Sa majesté l'Empereur François-Joseph s'est ainsi senti chagriné d'apprendre que la Russie était toute désignée dans l'appui politique identifié au royaume de Serbie, venu ouvertement défier l'Autriche-Hongrie. Le commissaire Arschloch est chargé de transmettre à la Russie toutes les preuves destinées à faire accuser les services du Tsar. Ces preuves semblent toutefois suspectes & augurent de vertes négociations à venir entre les puissances concernées.

 

- Chroniques méditerranéennes -

Au coeur de l'automne, la marine républicaine apparait au large de la vaste rade d'Alexandrie & offre aux autochtones le spectacle d'un déploiement de puissance rarement opéré, avec ses énormes cuirassés à tourelles. Le onze octobre à sept heures du matin, le premier obus est tiré contre le fort Adda & dix minutes plus tard, toute la flotte est engagée. La défense côtière riposte avec peu d'effets. Protégé par le feu de deux escadres, un premier corps de Spahis s'empare de la zone portuaire & assure le débarquement de l'armée de campagne, soutenue par un bataillon d'appui lourd, sous le commandement de l'expérimenté général Jean-Baptiste Billot. Les Egyptiens sont totalement décontenancés, mais parviennent, après plusieurs jours de retraites, à reprendre leur souffle en organisant la défense de la capitale, en amont du Nil. Certes, Alexandrie est prise, mais le Khédive Tawfiq Pacha n'entend point laisser les Français s'emparer de son pays. Les Egyptiens préparent des défenses très importantes entre Alexandrie & Le Caire, où les attaques de l'armée française sont repoussées pendant trois semaines.

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L'Italie insiste dans sa volonté de conquérir les terres qu'elle estime lui revenir & pense qu'une simple démonstration sera suffisante à soumettre les tribus berbères de Libye. Le vice-amiral Marcello Amero d'Aste lance donc une opération sur Benghazi & bombarde la ville pour envisager un assaut en bonne & due forme. Il compte sur une attaque de front de la Garde royale masquée dans la fumée des tirs d'artillerie pour créer la surprise. Mais l'aube passée, les Italiens déchantent. Les forces adverses sont solides & les reconnaissances indiquent que les retranchements sont profonds & pourvus de plusieurs batteries. Le débarquement d'un second corps redonne l'initiative aux Italiens, mais leur seconde tentative échoue. Les Libyens s'accrochent.

 

- Carnets coloniaux -

On confirme la nouvelle de la déroute des Tonkinois par l'avant-garde de la colonne d'infanterie de la Légion Etrangère sous les ordres du colonel Dominé. L'ennemi a été repéré dans les rizières le long du fleuve Rouge & l'attaque a été méthodiquement conduite. C'est ainsi que l'ennemi a été surpris & a laissé sur le terrain des centaines de morts & un drapeau. La ville de Hanoï est aussitôt attaquée par les Fusiliers Marins de l'amiral Courbet, qui viennent relayer les Légionnaires détrempés par la mousson. Ces derniers parviennent à monter deux pièces d'artillerie pour enfoncer la porte de la citadelle. Sans plus aucun obstacle, les Français chargent & ceux qui ne sont pas submergés par la ruée sont contraints de battre en retraite. La stratégie est parfaite, les Tonkinois sont écrasés. L'Empereur Dong Khanh abdique. Hanoï tombe dans l'escarcelle de France.

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La terre d'Afrique vient d'être une fois encore arrosée de sang dans sa partie équatoriale, lorsque les Chasseurs d'Afrique du colonel Alphonse van Gele ont déployé leur puissance de feu dans les environs de Kamina, où les attendaient les soldats balubas. Effrayés par l'efficacité de l'armement belge, les guerriers autochtones se sont dispersés, laissant la voie vers Elisabethville grande ouverte. Malgré leurs pertes déplorables, les mercenaires du Roi Léopold II ont poussé leur avantage & investi les lieux, interdisant désormais le commerce de la traite au Katanga. On le voit, l'Etat Indépendant du Congo, propriété privée du Roi des Belges, bien que tolérant de nombreux abus contre les populations autochtones, est clairement opposé à l'esclavagisme & donc au commerce infâme du sultanat de Zanzibar identifié dans la région.

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Orné du casque à pointe réglementaire, un capitaine du 2e corps se penche de la balustrade pour épier le Golfe du Bénin & surveiller l'arrivée dans la lagune de Lagos. Il a toute confiance dans la manoeuvre du vice-amiral Eduard Knorr & s'apprête à commander le débarquement du premier régiment d'infanterie à terre. Deux jours plus tard, un détachement de Hussards a reçu la soumission de plusieurs tribus. La suite nous est narrée dans un article du Allgemeine Zeitung de Hanovre, dans lequel le lecteur peut se faire une opinion sur l'efficacité de l'armée du Kaiser. Le journal allemand signale que "l'infanterie de marine du colonel Lothar von Trotha vient de rentrer dans Calabar après avoir livré un combat remarquable & bref", n'hésitant pas à constater que "la population indigène a fait à nos soldats un accueil des plus favorables". La Garde impériale se met ensuite en évidence à Lagos & hisse haut les couleurs du Reich. Voici une action rondement menée, d'autant que les mercantiles ingénieurs allemands se sont occupés de remettre très vite en activité le gisement bitumeux de Calabar.

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Les marchands & les pêcheurs de la Mer Noire avaient averti les autorités voisines de l'intention russe d'amener toujours plus d'hommes & de matériel en Géorgie par la voie maritime. Il faut dire que la manoeuvre n'était point discrète & que le Tsar disait encore il y quelques jours à un ambassadeur turc que "les régions satellites de l'empire doivent au plus tôt être réincorporées, puisqu'elles nous appartiennent". Depuis lors, l'armée du Grand Duc Vladimir a ouvert le bal par une offensive terrestre, faisant marcher ses fantassins droit sur Tiflis, incontestablement la ville la plus intéressante de Transcaucasie. Sa marche longe le fleuve Koura, entre les montagnes du Caucase & parvient sans encombre devant la capitale Géorgienne. La suite n'est qu'une histoire d'obus, de charge de cavalerie & d'un assaut de l'infanterie dans le bruit, la fureur, la fumée & le sang.

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Tout ne se passe pas aussi bien pour tout le monde. Les Hollandais, par exemple, viennent de réaliser le pas de trop car, après avoir réussi miraculeusement à s'implanter à Singapour en évitant l'ire du Sultan de Johore, ils osent cette fois débarquer pour vaincre un autre Rajah, le Sultan de Negeri Sembilan, qui tient le pays menant à la riche cité de Kuala-Lumpur. Et là, le manège des Bataves est brutalement arrêté par les hordes locales, qui saignent tellement le corps expéditionnaire, qu'il doit tourner les talons pour ne pas connaître l'anéantissement & abandonner tout espoir de vaincre les Etats Malais.

 

- Manoeuvres britanniques - 

Ignorant les mises en garde de son cabinet, le Premier ministre britannique William Gladstone pense faire oublier le désastre de Khartoum en lançant une opération sur la côte somalienne, précisément à Djibouti. Pour s'emparer de ce minuscule territoire sans intérêt, les Britanniques déploient une force de frappe qui consterne les observateurs : les corps des Royal Guards & des Scottish Black Watch - rien moins que les deux meilleures unités de la nation - sont jetés sur les plages pour débusquer un ennemi volatil & s'emparer d'un frêle hameau, impitoyablement annihilé par le feu intense des croiseurs de la Royal Navy. Toute cette affaire fait les gorges chaudes à Londres, où l'on se demande surtout ce qu'il advient des forces envoyées en Extrême-Orient, contre la Chine.

Là, les choses sérieuses se mettent en place, avec plusieurs tentatives de traité de paix, toutes avortés "par la mauvaise volonté chinoise", précise-t-on dans le plus grand quotidien de Londres, ce qui a engendré immanquablement le déclenchement des opérations. On pouvait légitimement penser que ces dernières ne laisseraient planer aucun doute sur la suite des événements, avec une supériorité écrasante de la part des Britanniques. Or, pendant que les troupes chinoises se cachent ou se renforcent lentement, il s'avère que les Anglais adoptent une stratégie sans orthodoxie. Ainsi, le 5e corps de Fusiliers gallois, parti de T'ien-Tsin, entre à Jinnan, une cité mineure, sans intérêt, sans aucune industrie, perdue au coeur d'une province bien éloignée de la capitale ! Que diable, les Tuniques Rouges allaient-elles se perdre dans ce trou à rats ? Par contre, le débarquement & la prise de Fou-Tchéou qui s'en suit est autrement plus efficace. Le corps des Gordon Highlanders, commandé par Sir Alexander Ewart, se met au travail & prive l'Impératrice douairière des revenus de la grande cité. Voilà enfin la première victoire, tant attendue du côté anglais.

 

- Mission archéologique - 

Dans un vibrant discours, le président du Conseil, Monsieur Jules Ferry, argue de la présence des passionnés d'antiquité en Egypte & améliore la mission permanente en créant l'Institut français d'Archéologie orientale. "La France a un devoir moral de protéger le patrimoine unique de l'Egypte & ses vestiges glorieux (...) La pratique détestable des pillages organisés doit être réprimée & nous allons nous y atteler". Un trafic de contrebande existe, en effet, en Egypte & la République compte bien l'enrayer, voire le liquider. Toutefois, toutes ces belles déclarations ne pourront se concrétiser que lorsque la guerre en Egypte sera terminée, tous en France en sont bien conscients.

 

- Commémorations - 

De l'autre côté des Alpes, les Italiens construisent le premier hôpital à pavillons du pays, afin d'égaler l'hygiène irréprochable des nations les plus avancées en la matière, mais surtout, ils bâtissent un monument exceptionnel sur la place Venezia de Rome en l'hommage de Victor-Emmanuel II & de l'unification italienne. Voici un engouement pour le patriotisme que l'on retrouve dans le rassurant traité d'alliance entre l'Italie & la France. A ce sujet, le Ministère des Affaires Etrangères de Paris confirme la ratification d'une rafale de pactes avec l'Italie, mais aussi avec la Belgique & l'Espagne. Mais revenons à Rome, car l'Italie poursuit une brillante politique européenne & pacifique & s'engage avec l'Autriche-Hongrie dans un pacte d'alliance militaire. Pour ce faire, le Roi Umberto s'est rendu en grandes pompes à Trieste, la grand port autrichien, pour y saluer l'Empereur François-Joseph, mais aussi galvaniser la population de la ville, majoritairement italienne. Ce qui n'a pas manqué de troubler les esprits & d'agiter les passions...

 

- Oeuvres & Expositions - 

A l'heure où Paul Verlaine s'imbibe d'absinthe au Café Procope du 6e arrondissement, les Parisiens découvrent Edgar Degas, peintre original qui développe l'usage du pastel dans des dessins très évocateurs ; tant les sujets empruntés à la vie quotidienne que l'emploi du pastel sont novateurs. Une émulation est née & le Roi des Pays-Bas relève le gant en ouvrant les cordons de sa bourse, afin de financer l'achat de collections de peintures destinées à enrichir le Rijksmuseum, fraîchement ouvert au public amstellodamois.  

Mais c'est de l'archipel nippon que nous vient l'événement du trimestre, avec une exposition à Tokyo. L'Empereur a décidé d'ouvrir la séculaire civilisation japonaise au monde & organise une Expo, afin de faire découvrir au peuple japonais les techniques de la verrerie, la cristallerie & la porcelaine les plus en vogue de la planète. Cette joyeuse manifestation se déroule dans la nouvelle capitale, près du temple de Senso-Ji, reconnaissable par ses toitures, ses lanternes rouges géantes & sa pagode à cinq étages. On y entre par la "porte du Tonnerre" pour permettre aux Japonais de prouver à tous qu'ils sont des admirateurs raffinés de l'Art, très ouverts sur les productions étrangères.

 

- Ponts & Chaussées -

Aujourd'hui, les habitudes ont changé complètement. Grâce au chemin de fer, il y a de la place pour tout le monde. Si l'on ne part pas à une heure, on part à une autre & l'on n'a pas besoin de faire le pied de grue depuis l'aube. En France, on le remarque avec de nouvelles destinations mises en place entre Paris, Lille & le réseau ferré du royaume de Belgique, ainsi que par le percement des Alpes depuis Lyon, vers la frontière italienne.

L'Italie termine le travail de l'autre côté du tunnel alpin vers Turin, mais fusionne également avec le réseau autrichien en réalisant la voie Venise - Trieste. Et comme le Roi Umberto adore le train, il demande que l'on prolonge la ligne du Sud depuis Rome pour Naples. C'est dans ce tourbillon de traverses & de rivets que certains journalistes ont remarqué la belle entente entre le Roi d'Italie & le Président français, qui se sont rencontrés pour se féliciter à Turin.

Les cheminots espagnols empruntent dorénavant le rail de Madrid à Alicante & de La Corogne à Valladolid. 

En Russie, de grands chantiers s'ouvrent, avec l'agrandissement de la gare de Varsovie pour relier Posen & Cracovie, ainsi que l'ouverture de la première liaison Moscou - Smolensk - Minsk. Ce n'est pas tout, puisque la concession de la Compagnie des Wagons-Lits en Russie poursuit ses activités, afin de relier Odessa à Krivoï-Rog, puis Kiev au bord de l'immense Dniepr.

L'Allemagne aussi est saisie par la fièvre de la vapeur & construits sans relâche entre Hambourg & Brême & même jusqu'au réseau néerlandais. Puis de Cologne à Munich & encore de Berlin à Posen. De là, les trains partent vers Breslau ou Varsovie, au-delà de la frontière.

En Autriche-Hongrie, le rail part de Budapest vers Klausenbourg & Temesvar, pendant que de Vienne, le voyageur rejoint Trieste & ainsi le réseau italien.

Loin d'Europe, les chantiers sont réalisés avec autant d'enthousiasme, comme lorsque le Premier ministre du Japon annonce à la presse que son pays vient de déployer une voie ferrée gigantesque de Shimonoseki à Sendaï, en passant par Kyoto, Osaka, Nagoya & Tokyo, soit toutes les villes importantes de l'ile de Honshu, la province principale.

Les Etats-Unis démarrent leur réseau ferré & voient immédiatement les choses en grand dans trois secteurs différents : les ingénieurs posent du rail de Boston à Washington, sur la Côte est, en passant par New York & Philadelphie, mais aussi de Los Angeles à San Francisco en Californie & de Saint-Louis à Chicago au centre de l'Union. 

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Les compagnies maritimes poursuivent leur essor, notamment avec les Italiens qui lancent des paquebots en Méditerranée & même jusqu'au Japon. Ce dernier s'ouvre à grande vitesse, puisqu'une ligne supplémentaire est ouverte entre Yokohama & Trieste. Les Etats-Unis entrent dans la danse & eux aussi envoient des bateaux au Japon "the place to be", en se vantant d'avoir les turbines les plus puissantes du monde & donc les paquebots les plus rapides jamais construits.

Les Russes arrivent soudain avec de gros moyens pour embarquer les passagers & les conduire à bon port, un peu partout depuis Odessa & Vladivostok.

Tournant résolument le dos à leur première tentative, les Hollandais investissent massivement dans une compagnie nationale maritime & créent la Koninklijke Oostindische Compagnie qui lance des paquebots vers Le Cap & les Indes néerlandaises.

Notons que trois nouvelles manufactures ont vu le jour : un consortium alimentaire au Mexique nommé Empresa Exportadora de Maiz de Puebla, un consortium de tabac à Constantinople Sagaralar Fatima & un consortium sidérurgique au Japon, le Nippon Seikoschi Mitsui à Kobe.

Quant aux marchés neutres, ils sont toujours recherchés par les industriels les plus voraces. C'est pourquoi Portugal, Pérou, Honduras & Nicaragua accueillent dès à présent les marchands des grandes puissances.

 

- Le bal des blessés -

Aux Etats-Unis, l'armée approche de Phoenix & rassure la population. Toutefois, les Apaches ne sont pas vaincus & d'autres soucis apparaissent. Ce matin, dans le port de New York, le vapeur City of Richmond a chassé sur ses amarres ; en se heurtant à un autre navire, il s'est fait de graves avaries. De plus, plusieurs bateaux ont retardé leur départ à cause de l'état de l'océan & par la violence du vent. Il n'en faut pas plus, semble-t-il, pour pousser les dockers à la grève. Le contexte houleux entre le gouvernement & certaines compagnies maritimes étrangères n'arrange point la possibilité d'un retour au calme. William Russel Grace, le maire de New York, craint l'émeute & appelle l'armée. 

La scène suivante se passe au Maroc. Pendant qu'Auguste Escoffier révolutionne les cuisines des restaurants des plus beaux palaces parisiens, le colonel André, dit "le boucher", marche à la tête de ses Grenadiers pour pacifier le pays. Il a fait donner vingt-quatre coups de fouet à un sujet grec, pour avoir vendu de la boisson aux soldats. La ville de Fès est étroitement surveillée, l'armée patrouille dans l'arrière-pays & toute action anti-française est sévèrement réprimée. Pourtant, notre correspondant à Casablanca nous rappelle la gentillesse de la population. Le salut oriental est d'ailleurs ravissant : il consiste dans une inclinaison du corps & de la tête, ensuite de doigts portés au front, à la bouche, puis la main descend vers le coeur où elle reste un instant posée. Le Maroc est entièrement pacifié.

Ce n'est pas le cas à Wuhan, au confluent du Yang-Tsé-Kiang & de la rivière Han, qui n'a pas eu les faveurs de l'Impératrice. Totalement abandonnée à son sort, la cité est maintenant tenue par un seigneur de guerre nommé Tchang Chi-dong, un temps gouverneur des deux lacs & ancien fidèle au pouvoir pékinois. Désormais, il se déclare ennemi de l'Impératrice & prend le titre de Roi du Huguang. La province devient indépendante & confisque les productions de la manufacture d'armement, construite il y six mois seulement.

Un important mouvement de contestation voit le jour à Monterrey, au Mexique, où les troupes gouvernementales sont attendues de toute urgence, avant que la situation ne dégénère. 

C'est en Espagne, enfin, que les manifestations les plus hostiles à un gouvernement ont éclaté au grand jour. L'armée est vivement souhaitée à défiler dans les rues de Bilbao, si le Roi Alphonse ne veut pas que les émeutes deviennent plus sérieuses. 

 

- Consortiums actuels -

Alimentaire : Abyssinie, Argentine, Ceylan, CHINE, ITALIE, MEXIQUE, TURQUIE.

Armement : AUTRICHE, BELGIQUE, CHINE, Suède.

Banque : FRANCE, JAPON, ROYAUME UNI, Suisse.

Chantier naval : ESPAGNE, Grèce, JAPON, ROYAUME UNI.

Charbonnage : ALLEMAGNE, ETATS-UNIS, Mandchourie, Mozambique.

Chimie : ALLEMAGNE, Norvège.

Gisements : Brésil, Congo (BELGIQUE), Etats Malais, Matebeleland, Nigeria (ALLEMAGNE), RUSSIE.

Machines outils : Danemark, ITALIE, PAYS-BAS.

Mines : Australie, Côte d'Or, Katanga (BELGIQUE), MEXIQUE, RUSSIE.

Pétrole : Azerbaïdjan, Birmanie, ETATS-UNIS, Roumanie, Sumatra (PAYS-BAS).

Sidérurgie : BELGIQUE, ESPAGNE, JAPON, MEXIQUE.

Tabac : Barbade, Cuba (ESPAGNE), JAPON, Nicaragua, TURQUIE.

Textile : Corée, Egypte, Gujarat (ROYAUME UNI), Maroc (FRANCE), Pendjab.

Verrerie : AUTRICHE, Canada, CHINE, FRANCE, Perse.

 

DATE LIMITE DE L'HIVER 1885 : VENDREDI 10 FEVRIER A LA SAINT ARNAUD

 

Nouvel ambassadeur pour l'Empire Ottoman à voir dans la liste des joueurs.