Il y a dans la vie des peuples des moments solennels, où l'honneur national violemment excité s'impose comme une force irrésistible, domine tous les intérêts & prend en main la direction de la destinée de la patrie. Mais ce moment s'étiole au fil du temps, lorsque les peuples découvrent l'horreur des combats, le gouffre des pertes humaines & des dépenses financières. Il y a aussi des moments d'espérance & de bonheur, quand les souverains & les gouvernants réussissent à trouver le chemin de la raison. C'est ce moment que nous célébrons aujourd'hui.
- Armistices à venir -
Les négociations ont filé bon train tout le mois de décembre entre les plénipotentiaires autrichiens, allemands & russes, afin d'arriver à signer un armistice & même à parvenir à se réunir pour concrétiser un traité de paix. Dans l'ombre de cette scène majeure, d'autres puissances se sont entretenues pour s'accorder une chance de sortir des conflits multiples. La France, par exemple, a fait travailler ses diplomates sans compter. L'Italie, elle aussi, est sortie de sa réserve pour entamer des discussions. Même l'ambassadeur du Sultan de Constantinople a tenté de mettre en contact certaines puissances, tout en préparant un événement mondial annonciateur de paix. Pendant ce temps, le KronPrinz Wilhelm de Prusse, fils aîné de l'Empereur d'Allemagne, quittait Vevey en Suisse, où il prenait les eaux au bord du lac Léman, afin de regagner Prague. Là, le prince héritier avait l'honneur de recevoir un nouveau titre, intitulé Roi de Bohême, & nous allons vous expliquer pourquoi.
- Traité de Prague -
Un premier traité de paix est ratifié & vient garantir la fin des hostilités entre l'Autriche-Hongrie vaincue, la Russie & l'Allemagne. Aucune dette de guerre n'est exigée par les vainqueurs, mais le gouvernement viennois doit valider la cession du Tyrol & de la Bohême (avec la ville majeure de Prague, qui compte deux consortiums) en faveur du Reich, ainsi que l'annexion de la Galicie orientale (avec les villes mineures de Tarnopol & Lemberg) pour la Russie. Comme avec le Prince Bismarck, lors du Traité de Francfort qui réclamait la cession de l'Alsace-Lorraine au Reich, le Comte Georg Leo von Caprivi a refusé la consultation des populations. Pour le Chancelier berlinois, il s'agit d'un retour à l'Allemagne de terres qui ont jadis fait partie du Saint Empire romain germanique. Tandis que pour les Russes, il n'y a même pas matière à débat. La Galicie est peuplée de Slaves depuis la nuit des temps & elle représente un haut lieu de la guerre gavé de sang russe.
Ce n'est malheureusement pas la fin de la guerre en Europe &, par ricochet, ce n'est pas la démobilisation pour des milliers de soldats dans chacun des pays cités. Ce qui engendre une grogne. Toutefois, l'élan est pris & les peuples du monde attendent maintenant le saut concret des nations dans la marre du pacifisme.
- La République contre-attaque -
La France est une armée, a dit jadis une voix illustre. Aujourd'hui, plus que jamais, cette parole se trouve vérifiée par les événements, car l'enthousiasme militaire court dans les veines & dans les coeurs des Français. De glorieux faits de guerre redonnent de l'espoir à une nation, qui n'a jamais eu peur d'être belliqueuse. Nous connaissons le Président Sadi Carnot, homme à la faconde notoire, qui déclare aujourd'hui que la République n'a plus à se défendre, puisqu'elle est supérieure & qu'elle passe sans délai à l'offensive. L'effet est dévastateur sur les différents fronts & avant tout en Normandie, où une attaque foudroyante est lancée contre les Hollandais. C'est aussitôt la débandade pour les Bataves & une course poursuite contre la mort. A l'Ouest de Rouen, une batterie de mitrailleuses des Chasseurs d'Afrique bloque le pont de Monfort & balaie la route de l'infanterie ennemie. Repoussé par l'armée de Paris, les soldats franchissent la rivière Risle sous le feu, en ayant de l'eau jusqu'aux épaules. Le troisième corps néerlandais est anéanti & noyé, leur armée principale à son tour malmenée. Elle tente de récupérer quelques bataillons épars & perd du temps pour rembarquer. De plus, dans leur déroute normande, les Hollandais n'ont pas le temps de faire sauter les ponts enjambant la Seine, mais ils pillent Bayeux & emportent la célèbre tapisserie. Ils réapparaissent devant Marseille quelques jours plus tard, avec une armée démoralisée & malade, qui parvient toutefois à mettre le siège devant Marseille, grâce à l'artillerie du commandant de marine Lodewijk Thomson. Mais, là aussi, les espoirs hollandais fondent comme neige au soleil, la garnison de la cité phocéenne étant trop importante.
- Effondrement espagnol -
Une autre flotte néerlandaise attend, cette fois, devant Bordeaux. Elle attend que l'armée espagnole donne le coup d'envoi de l'assaut, pour enfermer dans un blocus la grande ville de Gironde. Mais cet ordre n'arrivera jamais, car l'armée espagnole, en déroute, se replie au grand complet derrière les Pyrénées. Les Français, qui avaient envisagé cette manoeuvre, font tout pour intercepter les fuyards. Par une marche habile & une disposition excellente des divisions, l'armée du général Jean-Baptiste Billot accroche les colonnes espagnoles déconfies. Jadis vilipendé par ses pairs & aujourd'hui carrément voué aux gémonies, le pauvre général Manuel Salamanca y Negrete annonce au gouvernement madrilène qu'une armée complète est anéantie & que tous les corps d'armées sont sérieusement accrochés. L'Espagne, qui croyait achever une France à genoux, est envahie ! De même, l'attaque de la citadelle de Fès est un cuisant échec de la part des Espagnols, qui ne parviennent pas à obtenir la reddition de la garnison.
Dans les bureaux d'ambassade & dans les quartiers généraux militaires, les grands esprits sont abasourdis. Pourquoi la coalition anti-française s'acharne-t-elle à faire plier la République avec les moins bons éléments ? Chacun envoie au petit bonheur la chance des unités, que les Français éliminent l'une après l'autre, comme au tir aux pigeons. Les officiers français se couvrent de gloire & la patrie soutient le Président Carnot. Partout les soldats sont accueillis dans les gares par des fanfares & sont acclamés par la foule euphorique.
- Résultats mitigés pour les Italiens -
La Chine déclare la guerre à l'Italie ! L'Allemagne déclare la guerre à l'Italie ! L'Italie déclare la guerre à l'Espagne ! A cette heure de grande effervescence, où tous les regards sont dirigés vers Rome, le Roi Umberto se jette dans le tourbillon de la guerre à outrance, sans penser aux lendemains. Sur le terrain, quatre théâtres d'opérations retiennent notre attention. Le premier, en Russie, où l'armée du Tsar Alexandre III s'est enfin débarrassée du corps intrépide des Chasseurs alpins, qui tentaient un repli vers Rostov. Le second, en Islande, voit s'opposer une fois de plus Russes & Italiens. Mais, à la surprise générale, les Russes ne parviennent pas à s'emparer de la citadelle de Reykjavik. Pire, leur corps de Grenadiers est annihilé par les braves du quatrième Lancier. Le troisième lieu retenu est le détroit d'Otrante, où l'escadre britannique commandée par l'amiral Charles Fellows est interceptée par les cuirassés du commandant Augusto Aubry. Les tirs fusent, mais on ne passe pas ! Enfin, le dernier acte se joue au large de Gibraltar, où la marine italienne est venue défier l'US Navy & ne peut que le regretter amèrement. Les navires de la cinquième escadre de la Regia Marina sombrent jusqu'au dernier torpedo, par le fait de trois escadres américaines qui bloquent le détroit.
- Bombardement de Dammaan -
Grattant la dépêche, le directeur du bureau de télégraphe de Trieste nous informe qu'il s'est produit un événement naval peu ordinaire au large du port arabique de Dammaan. Là, la brise est fraîche, le ciel est clair, la plaine liquide miroite sous le soleil d'Orient qui brille & les flots s'entrouvent sous la proue des grands cuirassés de l'escadre autrichienne de l'amiral Maximilian Daublebsky von Sterneck. Celui-ci vient d'entrer dans le golfe persique avec un ordre de mission inédit, à savoir venir à portée de Dammaan & pilonner les installations portuaires du peu illustre bourg sus-nommé. Cette opération, qui semble n'avoir aucun sens, n'est pas un acte gratuit. Mais seuls les hommes dans la confidence comprendront les tenants & les aboutissants de ce qu'il vient de se produire.
Une autre action navale est remarquée à l'entrée des Dardanelles, que gardent les navires ottomans. Visiblement, le Tsar ne semble pas avoir averti son voisin qu'il souhaitait faire revenir en hâte toute sa flotte en Mer Noire. Elle est donc logiquement arrêtée devant les fameux Détroits. Mais, maintenant que les tensions semblent s'apaiser dans la région, il parait évident que le Sultan puisse envisager de rouvrir ce passage stratégique. Assurément, il n'était au courant de rien à propos du Traité de Prague.
Notons que si le canal de Suez est rouvert à tous les navires, il est infranchissable aux marines française & italienne selon un communiqué des instances britanniques.
- La foudre peut tomber deux fois au même endroit -
En Extrême-Orient, les manoeuvres sont souvent plus complexes, les événements toujours plus originaux. Le télégraphe de Hué confirme qu'il y a eu des combats, mais que ce ne sont absolument pas les Japonais qui les ont entamés, mais bien les Français. Ces satanés Français ont une fois de plus prouvé que leur Légion Etrangère était composée de tireurs d'élite opposés à une massive armée adverse. En théorie, l'arme de service des soldats de la République est l'excellent fusil Lebel de la Manufacture de Saint-Etienne & les fantassins sont soutenus par une artillerie composée d'obusiers lourds & de mortiers de Bange de 270 mm, d'une efficacité chirurgicale. En face, Chinois comme Japonais, apparaissent patauds & leur équipement, bien que principalement fourni par l'arsenal de Hanyang, est moins performant & moins bien utilisé. Sur le théâtre des opérations, le potentiel de combat des adversaires est encore plus flagrant. La Légion entre ainsi en Annam, prend Nha-Trang, puis remonte vivement vers Hué. Là, les Japonais, trop sûrs d'eux, sont en pleine réorganisation & ne pensent pas une seconde que les Français oseraient un retour. Quant aux Chinois, ils n'ont plus le moindre bataillon dans le secteur. Le massacre débute par un assaut à la baïonnette contre les durs de durs de l'armée japonaise, à savoir les redoutables Fusiliers de Marine du deuxième corps. Les Français les étrillent, reprennent position dans la citadelle, réactivent le télégraphe, annoncent leur incroyable victoire & attendent la réaction ennemie. Cette réaction ne traine pas. Mais, devenus prudents, les Japonais décident de lancer l'assaut au soir tombé. La nuit devient leur manteau, l'obscurité est leur complice. D'ailleurs, dans la palais de Kyoto, tous sont formels : l'Empereur a eu la vision d'une scène de bataille nocturne, où les lames tranchaient l'obscurité, le sang se répandait sous une lune cachée. Le quatrième corps, puis la troisième armée sont débarqués. L'attaque est lancée. Aussitôt, le général Katsura Taro, à la moustache d'apparat & aux incisives saillantes, se retrouve en première ligne & a le visage traversé par une balle, de joue en joue. La situation devient confuse, le canon gronde, les balles sifflent de tous les côtés. Le courage japonais est admirable, mais leurs divisions sont repoussées à chaque tentative.
- Espions & faux journalistes surpris -
On vient d'arrêter à Berlin trois espions japonais & la police secrète du Reich, qui exerce une surveillance très active depuis le règlement de compte mystérieux commis à Hambourg, annonce être à la poursuite d'un quatrième en fuite. Plusieurs journaux ont donné des détails sur la mission des forces de l'ordre & du renseignement qui patrouillaient sous les flocons de neige. Voici une situation incompréhensible qui ne va pas plaire au Kaiser Guillaume II.
La presse se régale d'autres nouvelles étranges, comme le démantèlement du trafic de tabac de contrebande dans les Caraïbes. Le décor exotique des Antilles n'a pas amolli l'ardeur des journalistes italiens, qui ont enquêté sur un système mafieux mis en place par les Mexicains pour vendre dans le monde un tabac de piètre qualité. Le trafic est interrompu sur le champ, le Mexique fortement embarrassé & ses rentrées financières rabotées.
Enfin, la police française a dû ouvrir une enquête à propos de faux journalistes, que la rumeur désigne comme argentins, qui infiltraient les cercles marxistes de la capitale, afin de jeter quelques bâtons de dynamites sur les voies de la gare du Nord. La capitale étant quadrillée par l'armée, qui ne cesse de faire passer ses divisions par cette station, l'attentat est déjoué & les faux journalistes envoyés à l'interrogatoire.
- Les Etats-Unis ne changent pas de cap -
L'écrivain Mark Twain est à New York pour la promotion de son nouvel ouvrage & le compare avec la situation de la France. L'auteur termine sa présentation par un vif appel à la société civile française : « Peuple français, toi qui soumit tes monarques & tes bourreaux, toi qui fit naître Lafayette, héros des Deux Mondes, qui aida à forger les Républiques-Sœurs de France & d’Amérique, que reste-t-il de cette France aujourd’hui soumise à la folie de ses nouveaux chefs ? Reviens à la Raison, Peuple français, soulève-toi contre les sbires du Déclin et fais à nouveau régner cette Paix sacrée, gardienne de l’Ordre & du Progrès ».
En parallèle, les agents consulaires des Etats-Unis dans toutes les capitales du monde ont reçu l'ordre de renseigner les gouvernements quant au souhait américain de démilitariser & d’internationaliser le canal de Panama. « La nation qui souhaiterait en devenir acquéreuse est condamnée à financer les armées françaises & cela ne saura rester sans conséquences… Par ce biais, nous réaffirmons que toute nation finançant l’Autriche, l’Italie ou la France est directement dirigée contre le Etats-Unis d’Amérique & de ses Alliés ». Sur les flots de la Mer des caraïbes, la marine américaine vient régler son compte à la petite escadre française, qui se fait pulvériser.
- Oeuvres -
A Amsterdam, le Roi Charles-Auguste des Pays-Bas inaugure une nouvelle aile du Rijksmuseum & profite de la présence du Roi d'Espagne Alphonse XII - qui, décidément, passe sa vie dans les bateaux & les hôtels - ainsi qu'une délégation chinoise ou encore l'ambassadeur des Etats-Unis. Cette aile met en valeur les tableaux impressionnistes de Claude Monet, que les Hollandais ont réussi à attirer loin de la République & de la guerre.
Au Japon, l'Empereur décide de se soucier de son brave peuple & demande à ses ministres de construire des marchés couverts, des dispensaires, des routes & un système d'eau potable dans chaque ville. Et, tant que Sa Majesté ordonne, une représentation est envoyée aux Pays-Bas pour offrir toute la verrerie nécessaire aux toasts portés & aux festivités de l'exposition Monet d'Amsterdam.
Dans l'Empire du Milieu, le gouvernement s'active à réaliser des canalisations pour le traitement des eaux usées dans les grandes cités.
Enfin, en Autriche-Hongrie, la paix permet la poursuite des travaux d'agrandissement de l'université de Vienne, dans ce que l'on appelle la cité internationale, gérée par la fondation Rodolphe de Habsbourg, sise à côté d'un jardin botanique exaltant. Cette université se veut la meilleure du monde & peut accueillir des étudiants de tous les horizons.
- Urbanisme -
Dans l'empire infini du Tsar, une ville reçoit les crédits nécessaires à son épanouissement. Bien sûr, la vieille cité de Rostov-sur-le-Don, est séculaire, mais elle joue désormais un nouveau rôle économique dans la région du Sud. Elle devient ainsi la ville la plus peuplée de la Russie méridionale, d'autant que le chemin de fer y est présent depuis plusieurs années. Un grand monument dédié aux soldats héros de l'empire y est érigé sur une butte qui domine le cimetière des Italiens.
L'hiver n'arrête pas les Russes, qui installent dans de beaux bâtiments, une école d'ingénierie à Jitomir, afin de mieux maîtriser les communications télégraphiques.
- Carnets d'Afrique -
Les Autrichiens ont décidé envoyer au-delà de la Mer Méditerranée, une immense armée coloniale, afin de régler le conflit qu'ils ont déclenché contre le Mahdi. Pour cela, les escadres autrichiennes réalisent un véritable carrousel, afin de convoyer les divisions depuis le port de Trieste. Les trains ne cessent de déverser les bataillons, à peine reposés de la dure guerre contre les Russes, & l'on voit monter à bord, des hommes exténués & peu enthousiastes. De l'autre côté de la Méditerranée, au fond de la Mer Rouge, les opérations sont entamées, avant l'arrivée de ces renforts. L'Archiduc Frederik von Teschen, maître des opérations coloniales, se précipite à Massaoua, que les Mahdistes assiègent. Le deuxième corps de Dragons n'est pas armé pour une telle opération & s'étiole jour après jour, jusqu'à disparaitre. Seule une cantinière réussira à rejoindre la base d'Assab.
♦
Le général Baldissera peut prendre un peu de repos à Beira & laisser ses sous-officiers se saoûler & se pavaner devant quelques effeuilleuses. En effet, la campagne contre le Boers semblent tomber au point mort, les deux adversaires étant épuisés. Toutefois, il ne faut pas oublier que les Britanniques sont présents non loin de là & que le général Harry Prendergast, nouveau commandant des Royal Guards, a des fourmis dans les jambes. Il lance opinément ses hommes contre la ville portuaire de Maputo.
- Paquebots du monde -
La compagnie maritime Toyo Kisen Kaisha demeure la plus importante de monde & lance cette saison plusieurs nouveaux vapeurs de grande classe, afin de relier tous les continents. Le confort à bord est notoire & le voyage est garanti comme étant sûr & rapide.
Les Ottomans & les Hollandais, eux, s'arrangent pour réaliser une ligne entre les Indes néerlandaises peuplées de Musulmans & Djeddah, le port de la Mer Rouge, qui permet aux pèlerins de rejoindre La Mecque. Ceci augure d'une bonne entente entre Amsterdam & Constantinople. Pourtant, un événement va venir assombrir ce beau tableau. A suivre...
♦
En Belgique, les ingénieurs complètent le réseau ferroviaire national en reliant toutes les villes majeures par un grand anneau portant le nom de Ring. De nouvelles locomotives carénées sortent d'usines & se veulent les plus rapides du monde. Aux Etats-Unis, Abilène est reliée à Albuquerque.
- La renaissance des Jeux Olympiques -
La conjoncture actuelle est à l'apaisement & voici peut-être la solution pour que cessent définitivement les massacres affreux d'Europe & d'Asie. C'est le Sultan Abdul Hamid II qui a l'idée rafraîchissante de faire renaître les Jeux de la Grèce antique, quinze siècles après l'abandon de ces réjouissances. Le Sultan propose de réunir les meilleurs sportifs, à Athènes - la Grèce est ainsi déclarée l'alliée de l'Empire Ottoman, qui en garantit militairement les frontières - pour l'été 1892. Ces Olympiades modernes rassembleront, dans un esprit de trêve, les athlètes de toutes les nations, désireux de s'affronter dans le grand stade d'Athènes. Les épreuves d'athlétisme, de gymnastique, de lutte & d'haltérophilie côtoieront les compétitions de tirs, d'escrime, d'équitation, de natation & de cyclisme. Signalons que plusieurs timides tentatives avaient déjà eu lieu pour régénérer l'esprit sportif d'antan, comme lors des Olympiades de la République en France, en 1796, les Jeux de Much Wenlock en Angleterre, en 1849 & les Jeux de Zappas en Grèce, dès 1859. Les personnes les plus avisées disent même que le Roi Charles-Auguste des Pays-Bas envisageait d'organiser une telle compétition à Amsterdam... avant de se retrouver emporté par le tsunami de la guerre. Cette fois, un Comité Olympique se met en place & prend une dimension internationale. Il est temps d'endurcir les corps, de fortifier les esprits & de promouvoir la paix. Les Américains, les Français, les Hollandais & les Autrichiens ont annoncé qu'ils y participeraient.
- Surprenante perfidie -
Mais, alors que de beaux sourires de circonstance illuminaient la façade, il apparait dans l'arrière-cour que de vilaines transactions viennent contrecarrer les projets ottomans. Pour illustrer le malentendu, nous dévoilons que la police grecque a intercepté de peu discrets agents hollandais, en mission à Athènes, & s'est évertuée à rendre l'incident public. Les espions du peu prudent Roi Charles-Auguste ont immédiatement été entravés pour cause de propagande anti-ottomane & forfaits évidents visant à troubler l'ordre du pays. Ces agitateurs aux gros sabots n'ont donc pu qu'avouer avoir été envoyés par Amsterdam, ce qui a mis le Sultan de Constantinople dans une colère noire. Les témoins de cette éruption sultanesque sont unanimes : à l'annonce de l'arrestation des séides bataves, Abdul Hamid II aurait tourné le visage vers son secrétaire avec un regard d'aigle, avant de pulvériser de son sabre un vase rempli de tulipes. Puisse Charles-Auguste d'Orange-Nassau comprendre ce que ses actes maladroits pourraient avoir comme conséquences, d'autant que le grand public croyait ces deux nations en très bons termes. Pire. Nous apprenons en dernière minute, qu'une autre puissance aurait, par une voie plus pudique, souhaité envenimer la situation. Nous ne pouvons, malheureusement, pas en dire plus.
- Révoltes & Révolution -
Au Mexique, les problèmes s'amplifient. Une armée est levée par les révolutionnaires de Merida, car les troupes gouvernementales n'ont pu atteindre le foyer de contestation du Yucatan. Le rail mexicain a, en effet, été bien utile pour emporter les corps d'armée appelés pour mâter la révolte, mais la ligne s'arrête à Vera Cruz du côté Atlantique, à Arriaga du côté Pacifique. Comme le Président Diaz a encore oublié qu'il avait une flotte, toutes les troupes envoyées doivent poursuivre le chemin à pied. Si bien, qu'elles n'atteignent que Villahermosa pour les unes, Campêche pour les autres, ce qui est déjà un exploit.
Batavia & Singapour monopolisaient les attentions des ministères en Asie du Sud-Est. Ces deux villes portuaires de premier rang sont désormais apaisées, au moment où Urumtsi, au fin fond de l'Empire Céleste est secouée d'ardents opposants à l'Impératrice douairière. L'armée doit s'y rendre dans les plus brefs délais.
Alger & Tunis n'ont pas été libérées & poursuivent leurs mouvements de contestation, face aux pouvoirs métropolitains, français en Algérie, italien en Tunisie. La République est visée par une myriade de complots, puisque Besançon est paralysée par une grande grève, lorsque Nancy, à son tour, est révoltée par d'obscurs manifestants faisant flotter dans l'air des drapeaux... royalistes !
- La Reine Victoria -
S'il est impossible aujourd'hui de se reconnaitre dans la masse de dépêches contradictoires publiées par les agences, la rédaction du journal L'Illustration peut rassurer ses lecteurs au sujet de la santé de la Reine Victoria. L'opinion publique en Grande Bretagne est persuadée que le palais est assez disposé à faire des révélations sur la santé de Sa Majesté & ceci est confirmé par une annonce du secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Sir Archibald Primrose. Tous les canaux consulaires sont rouverts & la Grande Bretagne peut retrouver l'ardeur de la diplomatie, après avoir exprimé ses regrets à l'appel des réserves. On prie de croire que tous seront persuadés que la Grande Bretagne usera de toute son influence sur les événements à venir. Il parait donc assez certain que Londres abandonne dans les prochains jours l'attitude strictement passive qu'elle avait montré ces dernières semaines.
- Soyons sérieux & précis sur la Concorde -
L'idée de Concorde via des Jeux Olympiques tombe on ne peut mieux, car les couloirs diplomatiques ont vibré toute la saison, avec un vent de panique qui n'avait pas lieu d'être, d'autant qu'il y a ici pas mal de diplomates aguerris. Les règles sont très claires & inchangées pratiquement depuis Empire 1. Donc, pour ceux qui ont encore des doutes & des inquiétudes, on ajuste ses lunettes & on lit attentivement, sans s'énerver.
Soit on négocie une paix entre gentlemen assez vite & l'on s'arrange sur ce que l'on veut. TOUS les cas de figures sont envisageables & c'est souvent la meilleure solution. Les protagonistes s'écrivent - Empire reste avant tout un jeu de diplomatie - l'un tentant d'amoindrir les exigences de l'autre. La guerre peut donc voir quelques belligérants se retirer avec des accords publics ou secrets, ou se clôturer sans devoir occuper la capitale adverse.
Exemple : une puissance sent mal le dénouement de la guerre & propose 300 millions à ses adversaires pour cesser tout combat. Les adversaires acceptent. Un traité est signé. Tout est bien qui finit bien.
Soit une puissance refuse les négociations & l'ennemi s'empare de la capitale & la tient encore une saison. Dans ce cas, la capitulation est forcée & la guerre est terminée. Dans ce cas uniquement - c'est très clair - le vainqueur peut SOIT exiger 200 millions au maximum au vaincu, SOIT amputer le territoire métropolitain d'une ville majeure, SOIT exiger deux villes coloniales. C'est l'un ou l'autre, pas les trois. Cette capitulation indique que la guerre est TERMINEE & les alliés venus s'associer au dépeçage doivent s'arranger avec le vainqueur.
Exemple : douze salopards défoncent la tronche d'un pauvre hère. Dès que l'un d'eux prend la capitale & la garde un tour de plus, la guerre est terminée pour tout le monde. Celui qui a pris la capitale impose le paiement ou la cession au vaincu & partage avec les potes. Il peut envoyer balader les vautours.
- Revue de la Bourse -
Un modeste grouillot court depuis le boulevard Anspach, où trône la Bourse de Bruxelles, afin de transmettre les résultats annuels au Roi des Belges. Là, flânant dans les serres royales de Laeken, considérées comme les plus belles du monde, Sa Majesté Léopold II s'entretient avec son premier ministre & s'étonne de voir le commerce belge si peu récompensé. Les sociétés nationales sont pourtant présentes dans tous les secteurs, mais seules deux d'entre elles parviennent à se hisser dans les colonnes de la Bourse. Les primes vont donc aux habituels capitaines d'entreprises, qui enrichissent principalement l'Allemagne & la Russie. Qu'importe ! La Belgique s'est alignée sur la stratégie du Japon & réussit à vendre à tout-va.
CONSORTIUM EXPORTATEUR 1. Nizhne Serginsk RUS 2. Sagaralar Fatima OTT 3. Bayer AG ALL 4. Fabrique Nationale BEL 5. Terminal Coal USA 6. Kbovilano Vorkuta RUS 7. Shoten Fujisawa JAP 8. AH Vizcaya ESP 9. Standard Oil USA 10. Bitumen Sands ALL 11. Brown Clyde GBR 12 Arsenal Yokosuka JAP 13. Scheepwerf SA BEL 14. Mitsubishi Banque JAP |
COMPAGNIE D'IMPORTATION 1. American Trade USA 2. Russkoye Depo RUS 3. Societa di Importazione ITA 4. Osmanli Ticareti OTT 5. Donauer Handels AUT 6. Handelsbedrijf HOL 7. Chambre des Mandarins CHI 8. Norddeutsche Hansa ALL 9. Empresa Importadora ESP 10. Kokusai Boeki JAP 11. Hacienda Mejicana MEX 12. British Trade GBR 13. Chambre de Commerce FRA 14. Etoile du Nord BEL |
COMPAGNIE FERROVIAIRE 1. Deutsche Reichsbahnen ALL 2. British National Railway GBR 3. Ferrovie dello Stato ITA 4. Kaiserlisch Statsbahnen AUT 5. Compagnie Wagons-Lits BEL 6. US Railways Limited USA 7. Bagdad Bahn OTT 8. Société Nationale FRA 9. Camino Real ESP 10. Nippon Railway JAP 11. Chihuahua Pacifico MEX 12. Compagnie des Services RUS 13. Chemin de Fer chinois CHI 14. Statsspoorwegen HOL |
COMPAGNIE MARITIME 1. Toyo Kisen Kaisha JAP 2. Messageries Maritimes FRA 3. K.O.C. HOL 4. Navigazione Generale ITA 5. Beyaz Yildiz OTT 6. Sabena SA BEL 7. Hamburg Amerika Linie ALL 8. British Steamship GBR 9. Ropit d'Odessa RUS 10. Real Cruz ESP 11. Global Ocean USA 12. China Merchants CHI 13. Triester Lloyd AUT 14. - |
- Liste des Consortiums -
Alimentaire : Abyssinie (AUTRICHE), Argentine, BELGIQUE, Ceylan (ROYAUME UNI), CHINE, ESPAGNE, ITALIE, MEXIQUE, TURQUIE.
Armement : ALLEMAGNE, AUTRICHE, BELGIQUE, CHINE, ESPAGNE, FRANCE, ROYAUME UNI, RUSSIE, Suède.
Banque : AUTRICHE, BELGIQUE, FRANCE, JAPON, ROYAUME UNI, Suisse (ALLEMAGNE).
Chantier naval : BELGIQUE, ESPAGNE, Grèce, JAPON, MEXIQUE, ROYAUME UNI.
Charbonnage : ALLEMAGNE, BELGIQUE, ETATS-UNIS, Mandchourie (CHINE), Mozambique (ITALIE).
Chimie : ALLEMAGNE, BELGIQUE, JAPON, Norvège, ROYAUME UNI.
Gisements : Brésil, Congo (BELGIQUE), Etats Malais (PAYS-BAS), Matebeleland (ROYAUME UNI), Nigeria (ALLEMAGNE), RUSSIE.
Machines outils : BELGIQUE, Danemark, ITALIE, JAPON, PAYS-BAS, ROYAUME UNI, RUSSIE.
Mines : Australie, Côte d'Or (ESPAGNE), Katanga (BELGIQUE), MEXIQUE, RUSSIE, Transvaal.
Pétrole : Azerbaïdjan (RUSSIE), BELGIQUE, Birmanie (PAYS-BAS), ETATS-UNIS, Roumanie, ROYAUME UNI, Sumatra (PAYS-BAS).
Sidérurgie : BELGIQUE, ESPAGNE, JAPON, MEXIQUE, ROYAUME UNI.
Tabac : Barbade (ROYAUME UNI), BELGIQUE, Cuba (ESPAGNE), JAPON, MEXIQUE, Nicaragua, TURQUIE.
Textile : BELGIQUE, Corée (JAPON), Egypte (TURQUIE), Gujarat (ROYAUME UNI), Maroc (FRANCE), Pendjab (ROYAUME UNI), RUSSIE.
Verrerie : ALLEMAGNE, BELGIQUE, Canada, CHINE, FRANCE, JAPON, Perse.
DATE LIMITE DU PRINTEMPS 1891 : SAMEDI 2 NOVEMBRE
La Conférence de Berlin a réuni cet hiver plusieurs comités internationaux, à l'initiative du Prince Otto von...
Agé de 83 ans, Victor Hugo s'est éteint à Paris ce 22 mai 1885. Il incarnait à double titre l'image du Grand...
L'ambassadeur britannique à Pékin, Sir Nicholas O'Connor, rencontre le Prince Yung-Lu, afin de lui signifier...
Malgré la guerre engagée par la Grande Bretagne au bout du monde,...
Les principales puissances européennes accentuent leur emprise sur les territoires...
Bien sots ont été ceux qui ont oublié dans l'équation mondiale le rôle du Sultan des Ottomans. A...
Les démons qui s'étaient apaisés sous les bonnes...
Un maintien discret & un air d'innocence semblent convenir à Lord Richard Lyons,...
Comme il descendait dans les mers impassibles, porteur de blés flamands ou de coton...
Le progrès est en marche, le présent déjà plaisant & l'avenir radieux. A...
Le tropique du Capricorne porte ce nom, parce que le...
Les sanglots longs des violons de l'automne, bercent nos coeurs d'une langueur monotone. Tout suffocant &...
Dans le sardanapalesque harem du palais de Topkapi de Constantinople, une concubine circassienne déambule depuis...
Il ne faut jamais s'endormir sur d'anciens lauriers & il ne faudrait pas croire que,...
Pendant que l'Allemagne vit une année singulière, la conquête des déserts semble vivement passionner le grand...
La ville de Paris se trouve évidemment à un moment décisif de son histoire. La grande...
Nous avons la bonne fortune de donner des nouvelles complètes des activités...
Devant le flot de l'opinion publique qui grossit chaque jour & s'apprête à les...
Dans les temps difficiles, il vaut mieux allumer des bougies que maudire...
Quatre cent mille moutons, quarante-cinq mille boeufs, dix-huit mille porcs, quatre mille...
C'est toujours un bain de jouvence que de vivre une aventure. Les officiers se sentent ragaillardis &...
Un nouveau souffle, âpre & fougueux, virevolte à travers les plaines, se moquant des...
La victoire est-elle proche ? Telle est la question que chacun s'adresse en...
L'épuisement & la ruine se sont abattus sur les sols envahis. Les cités & les villages sont dépouillés...
Au moment où nous mettons sous presse, le vie politique ne s'est guère assoupie & l'activité diplomatique...