Bien sots ont été ceux qui ont oublié dans l'équation mondiale le rôle du Sultan des Ottomans. A Constantinople, le souverain est à la fois tourmenté & rieur, comme un ciel de mars que le soleil & l'orage se disputent. C'est pourquoi, exaspérés par le peu de respect des Autrichiens pour l'équilibre des Balkans, les Turcs ont avancé leur armée en Bulgarie, seul pays de la région qui n'a jamais été reconnu comme réellement indépendant. Déplaire au Sultan est décidément une mauvaise idée & la colère du Calife de l'Islam engendre de brusques soubresauts, jusqu'à Jérusalem, qui devient interdite aux Chrétiens de France. L'impact de cette décision est immense & interpelle les ambassades, qui vont devoir tourner à plein régime, afin de calmer la situation.
- La poudrière des Balkans -
Les organes de presse recueillent des nouvelles vraisemblables de Bulgarie & nous donnent plus de détails sur les événements de la nouvelle campagne dans les Balkans. Le journal The Standard, par exemple, annonce de Sofia que la déroute des Bulgares à Plovdiv est complète ; toutes les routes du pays sont couvertes de troupes désorganisées, battant en retraite sans ordre, des officiers sans soldat, des troupes de toutes armes pêle-mêle marchant dans un chaos indescriptible. On dit que le Prince Alexandre est très affecté. Que s'est-il passé, au juste ? Au moment où l'Empire Ottoman, ayant épuisé tous les moyens diplomatiques pour empêcher le chaos balkanique engendré par l'Autriche-Hongrie de s'étendre, se trouve dans la nécessité de se préparer à intervenir, la Bulgarie subit les conséquences de l'équilibre des ambitions des grandes puissances. Deux semaines plus tôt, le Sultan avait manifesté l'intention de déployer l'étendard vert du Prophète & de se rendre à Andrinople pour se mettre à la tête de son armée. Un communiqué rapporte que le maréchal Osman Nuri Pacha a fait progresser les colonnes de soldats avec une grande rapidité, poursuivant les Bulgares en retraite, sans leur laisser de répit. Devant Sofia, les Turcs ont fait sept mille prisonniers, se sont emparés de plus de soixante canons & d'un grand nombre de drapeaux. Mais la capitale bulgare n'est pas encore prise, même si des rumeurs déclarent que le Prince Alexandre s'est enfui du pays.
- Convoitise en Méditerranée -
La question égyptienne est toujours au premier plan de l'actualité & nous cherchons à récolter le plus d'informations à son sujet. A Paris, le gouvernement annonçait hier matin, avec grand fracas de prétendus documents qui présageaient la paix, que le Vice-Roi d'Egypte avait abdiqué. A Manchester, le journal The Guardian publiait un bulletin de victoire de l'armée britannique au Caire. Ces deux nouvelles à sensation sont également fausses. De grands efforts sont tentés pour que la campagne reste circonscrite entre la Grande Bretagne, la France & l'Egypte. La position française semble d'ailleurs sérieusement compromise, puisque l'armée est en retraite vers Alexandrie, où l'état-major ne sait comment faire pour acheminer des renforts sans délai. Sortant d'une audition privée du Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns, le président Jules Grévy a déclaré qu'il consacrerait tout son temps à cette campagne & qu'il n'oubliait point les soldats. Pourtant, en Egypte, toutes les divisions françaises sont à la dérive, le clairon sonnant le ralliement pour toutes les compagnies. La presse française reçoit du gouvernement une indication précisant que c'est aux alliés britanniques de finir le travail. Ce, pendant qu'il faut admettre, qu'une manoeuvre "coordonnée" comme rappelle Paris apparait de plus en plus aux yeux de tous comme un désordre militaire, où l'improvisation règne à tous les niveaux, face à la résistance imprévue des Egyptiens.
Les dispositions des belligérants condamnent à l'expectative les autres puissances, mais il est assuré que l'impact de cette guerre touche de nombreuses régions proches & inquiètent au plus haut niveau. Et, puisque ce sont les Britanniques qui doivent conclure ce chapitre, les voici devant Le Caire. Cinquante pièces du plus fort calibre viennent d'être dirigées sur cette cité. Le pilonnage est si intensif que la vieille ville n'apparait plus que dans un panache de fumée. Pourtant, les troupes de Tawfiq Pacha tiennent toujours bon & ne montrent aucun signe de faiblesse, que du contraire.
Non loin de là, les Italiens sont venus désamorcer les crispations en venant faire rire les sentinelles britanniques à Chypre & les vigies turques à Rhodes, en prétextant venir conquérir ces territoires !
- Importance des lieux saints -
A l'évidence, la République Française a déplu dans sa correspondance avec le Sultan de l'Empire Ottoman, puisque ce dernier a ordonné que la ville de Jérusalem ne soit plus accessible aux pèlerins français. Charles Fortuné Ledoulx, Consul de France à Jérusalem, est assignée à résidence surveillée & l'entrée au Saint-Sépulcre est limitée. Les autorités turques signalent que le pèlerinage en Terre Sainte reste un voyage accessible pour tous, excepté pour les voyageurs & les ressortissants français, qui sont conduits au port de Beyrouth pour y embarquer sur le premier bateau en partance. Partout en France, mais surtout à Paris, la sidération est perceptible & le gouvernement est invité à trouver une solution rapide, sans quoi de graves incidents pourraient éclater autant dans les grandes villes que dans le monde rural.
- Campagne du Caucase -
A la suite de l'annexion de la Géorgie, les Russes souhaitent à l'évidence empêcher quiconque & surtout les Persans & les Turcs de s'implanter dans le Caucase. Alexandre III exige donc la poursuite de la campagne en Transcaucasie & rêve de s'emparer rapidement de Bakou & accessoirement de ses puits de pétrole. Les colonnes empruntent la vallée du fleuve Koura, le bien connu Cyrus de l'Antiquité. Un télégramme nous renseigne sur la conduite de l'armée durant les jours qu'elle a occupé le bourg de Gandja, que les Slaves appellent Elizavetpol. Le premier soin des Russes, à leur entrée dans la ville, a été de désarmer la population, puis d'exécuter tous les hommes, les uns fusillés, les autres massacrés à coups de sabre. Onze mille hommes ont ainsi été mis à mort, sans pitié & toutes les femmes de ce district ont subi les derniers outrages. Les Russes continuent de porter la dévastation & le carnage dans les localités environnantes, toutes les maisons étant pillées.
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Nous soumettons à la sagacité des lecteurs le courrier d'un expéditeur, qui nous raconte la progression des ambitions du Tsar en Asie Centrale. De l'autre côté de la Mer Caspienne, les Russes avancent à toute vitesse, malgré les périls de la steppes asiatiques, avec la même détermination & les mêmes méthodes. Mais là, la troupe n'est toujours pas en vue de Tachkent, subissant d'abord les assauts du climat. En effet, en une semaine, les Cosaques ont trotté par moins quinze & marchent maintenant sous un soleil de plomb, vers un horizon aride & sans fin. Les Ouzbeks sont plus hostiles encore, puisqu'ils lancent une charge contre les premiers détachements du redoutable général Mikhaïl Tcherniaïev. La conquête du Turkestan promet d'être épique.
- La riposte de l'Empire Céleste -
Selon nos correspondants sur place, il faut se rendre compte des efforts inouïs que l'armée chinoise a consenti à faire pour moderniser son artillerie. Les divisions innombrables engagées sur le front du Nord sont maintenant truffées de bouches à feu & matraquent l'armée des Mandchous. C'est à peine croyable de constater une telle concentration de force, alors qu'il y a six mois, la Chine avait plié le genou face à ces mêmes Mandchous & était totalement à la merci de la Grande Bretagne !
Plus au Sud, le deuxième corps part prestement pour la ville de Wuhan. Là, le bombardement, commencé tout récemment, apporte un espoir de succès. Une partie de la ville est incendiée, mais pas l'arsenal. Et c'est bien l'arsenal que les troupes de l'Impératrice sont venues chercher. Un assaut meurtrier annihile les forces du renégat Tchang Chi-dong, dont on retrouve le corps noyé flottant dans le Fleuve Bleu.
- Carnets d'Afrique -
Après avoir navigué sur les flots céruléens de l'Océan Indien & franchi l'Equateur, les navires turcs se présentent devant la cité fortifiée de Zanzibar. L'infanterie de marine débarque & s'en prend directement à la garnison du Sultan Sayyid Barghash. Les croiseurs ottomans ne sont pas de trop pour occuper les défenses adverses & le commodore Tahir Bey déplore un manque de moyens, bien que, après plusieurs jours d'acharnement, les Turcs pensent percer. A la fin du printemps, il n'en est pourtant rien.
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Du côté atlantique, plus aucun journaliste ne peut cacher la vérité au sujet des opérations espagnoles en Côte de l'Or, le pays des Ashantis. Ces derniers n'ont laissé aucune chance aux compagnies moribondes de l'armée de campagne du Roi Alphonse XII, oubliées par l'état-major sur les plages du Golfe de Guinée. L'amiral Pascual Cervera y Topete semble avoir reçu l'ordre incompréhensible de récupérer l'artillerie abandonnée lors de la débâcle de cet hiver, sans jamais se soucier de sauver la dernière division espagnole. Pas un homme n'en sort vivant. C'est un désastre d'une ampleur inégalée, qui fait l'effet d'une bombe dans la péninsule ibérique.
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Les Allemands n'ont pas abandonné l'idée de contrôler le Cameroun. Après avoir sauvé leur deuxième corps mal engagé, ils envoient en seconde vague l'élite de leur armée, à savoir l'infanterie de la Garde, commandée par le général Wilhelm von Hahnke. Le long voyage océanique depuis Dakar, la traversée de la forêt tropicale humide & la rage insatiable des Camerounais ont raison de l'élan allemand & Douala n'est pas prise.
- Bulletin d'Asie -
D'après le témoignage de quatre officiers arrivant de Singapour, le général Otto van Rees & le Radjah de Negeri Sembilan se sont rencontrés une deuxième fois devant Kuala Lumpur, où a eu lieu une bataille terrible. Le bruit nous arrive que les autochtones ont essuyé une sanglante défaite. Mais pourquoi les Hollandais s'acharnent-ils à détruire ce sultanat & conquérir les Etats Malais, qui n'ont pas de ville d'importance & une faune entomique infernale ? La vérité est que les Hollandais acceptent d'affronter la dengue & le paludisme pour s'emparer des riches gisements de caoutchouc. Mais pour l'heure, ils ne réussissent pas à abattre la résistance du Radjah, malgré le contexte particulièrement confus parmi les potentats régionaux. On cite des tentatives de renversement, des assassinats en série, des dissensions & un foisonnement d'intrigues sans fin. En attendant des détails sur ces opérations, constatons que les envois de troupes sont très actifs.
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D'après le Morning Post, on affirme dans les cercles diplomatiques que l'île de Formose a été conquise avec la plus grande vigueur par l'armée britannique. Il est avéré que le corps des Highlanders n'a pas réussi à enfoncer les défenses adverses & qu'il a fallu amener en toute hâte le renfort des rudes Gallois pour engager une bataille. Appuyés par un massif bombardement de la Royal Navy, ces derniers n'ont pas fait de quartier & ont pris la ville de Taipeh, dans ce qu'il faut nommer un bain de sang. Des bateaux continuent en ce moment de transporter la population du littoral vers la Chine.
- Exploration du bassin amazonien -
Depuis le XVIIe siècle, on tenait déjà pour l'hypothèse la plus vraisemblable que l'Amazone prenait sa source dans les glaciers des Andes, au-delà de Cuzco, sans pour autant arriver à la localiser précisément & avec exactitude. Voilà pourquoi l'Académie de Géographie d'Amsterdam envoie en Amérique du Sud une mission scientifique. Pour cela, le vieux baroudeur Herman Carel ten Kate & le jeune Augustinus Cleen, ainsi qu'une bande de botanistes & d'entomologistes dégourdis, s'embarquent pour le Pérou. Sur place, les véhéments aventuriers étudient le cours d'eau, ses affluents, mais aussi les populations & leurs coutumes. C'est à 650 kilomètres de Lima, après avoir bourlingué près du Lac Titicaca, que les hollandais établissent la source du plus grand fleuve du monde, au pied du glacier Mismi, à plus de cinq mille mètres d'altitude. Le télégramme qu'ils communiquent à Amsterdam trouve écho dans la presse nationale, qui en fait les nouveaux héros du pays.
- Urbanisme ambitieux -
Sir Reginald Hanson, Lord-maire de Londres, avait alerté le gouvernement de Monsieur Gladstone, pour accélérer les travaux d'achèvement du splendide pont érigé près de la Tour de Londres. Cet édifice d'une grâce inimitable détient une machine époustouflante, qui lève les deux tabliers, afin que passent les plus grands navires. Les badauds esbaudis viennent de partout pour admirer l'architecture & l'ingénierie britannique. Quant à l'urbanisme britannique, il est mis au service de la ville de Manchester, qui devient majeure.
En Autriche-Hongrie, l'Impératrice Elisabeth s'est déplacée pour voir les travaux considérables réalisés à Temesvar, pour rendre la cité multiculturelle du Banat majeure. Ce n'est pas tout, puisque le gouvernement impérial octroie aux écoles d'agronomie de substantiels crédits afin d'améliorer les rendements des cultures.
La Rhénanie devient le foyer de population le plus dense du Reich & peut-être du monde (après l'Angleterre & la Belgique). Ce constat se confirme avec la décision du Kaiser d'octroyer à la ville de Dortmund le statut de cité majeure.
- Magnifique réalisation -
La fièvre du rail ne baisse pas & l'on voit ces messieurs des chemins de fer s'activer un peu partout. D'abord en Italie, avec de nouvelles lignes, de Palerme à Syracuse, puis de Naples à Tarente & enfin de Milan à Zurich & Berne.
La double monarchie danubienne continue d'être à la pointe, avec des raccords d'importances entre Prague & Ratisbonne, puis Munich, ainsi qu'entre Cracovie & Breslau, fusionnant le réseau à celui du Reich. Les Allemands achèvent le travail de l'autre côté de la frontière & intensifient les voies pour relier toutes les villes du Reich. Munich, Ratisbonne & Leipzig d'abord, Cologne, Dortmund & Brême ensuite. Karlsruhe à Nancy aussi. Et même dans les colonies, avec un train de Dakar pour la frontière du Mali & un autre depuis Lagos pour Calabar.
En France, on se rend compte du retard ferroviaire qu'accumule l'Hexagone vis-à-vis des grandes puissances voisines. Paris réagit en plaçant des parallèles d'acier depuis la capitale vers Nancy & Lyon.
Les Espagnols allongent leur réseau au Portugal, de Lisbonne à Porto.
Les Russes, eux, agencent une ligne de Moscou à Novgorod & de Stavropol à Tiflis. Les ingénieurs belges en Russie achèvent la ligne Moscou-Orel, via Toula. D'autres ouvriers à la solde de Léopold II construisent un chemin de fer de Boma à Léopoldville, au Congo.
En Amérique, Washington est connectée à Chicago & Los Angeles à Phoenix, pendant que les Mexicains allongent leur rail, cette fois de Mexico à Vera Cruz, en passant par Puebla.
Même la Chine commence à se couvrir d'un réseau, qui démarre modestement de Pékin à Kinnan.
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Une nouvelle compagnie maritime a vu le jour à Constantinople & propose des destinations proches, comme Athènes ou Constanta.
Les Italiens sont plus ambitieux avec de nouveaux paquebots pour l'Amérique latine.
En Grande Bretagne, on ne fait rien comme tout le monde. Alors on coule l'ancienne société canadienne de transport, pour fonder une nouvelle compagnie maritime, la British Steamship Co & on s'axe désormais sur de petits trajets rentables, comme la liaison Douvres-Calais. Très vite, le directeur de la société se rend compte qu'il ne faut pas ignorer les longues destinations & se lance sur le marché du transport des émigrés, pour New York ou des marchands pour Bombay.
Quant aux Français, ils réactivent les Messageries Maritimes, chères à Napoléon III, avec de nouveaux bateaux pour relier les colonies, soit Alger, Saïgon & Alexandrie.
- Découverte exceptionnelle -
Lorsque l'on parle d'archéologie, on est obligé d'avouer que c'est le plus souvent en rapport avec la contrebande, le marché noir & le profit à la limite du licite. Mais depuis que la France a fondé un Institut d'Archéologie Orientale au Caire, certains gouvernants se sont attachés à protéger avec le plus grand sérieux les découvertes les plus remarquables.
C'est ainsi que nous apprenons de Constantinople, qu'un nouveau Musée dédié aux vestiges archéologiques a ouvert ses portes au public. La première oeuvre présentée est l'extraordinaire sarcophage dit "d'Alexandre le Grand" que la mission d'Osman Hamdi Bey - un notable érudit du Bosphore dont l'altruisme en matière d'art est sans défaut - ramène de Sidon, après l'avoir exhumé d'un cimetière antique. Une clameur a annoncé l'arrivée du cortège lorsque la foule stambouliote a accueilli le trésor descendu du bateau & accompagné le convoi jusqu'au Musée dans un tonnerre d'applaudissements. De tout l'empire, les curieux viennent voir la cuve en marbre, richement sculptée de guerriers de Macédoine & de Perse en pleine bataille. Alexandre, lui-même, est représenté sur son cheval Bucéphale.
Ce n'est pas tout, puisque le Sultan a offert aux Américains un sauf-conduit pour les laisser fouiller les tells les plus prometteurs de l'Empire Ottoman. Le 8 mai, arrive donc Cornelius Van Alen Van Dyck au Proche-Orient, pour dégager le site supposé de Babylone avec des moyens considérables. Les Etats-Unis se sont mobilisés pour lever les fonds nécessaires & envoient un matériel moderne pour engager sur place plus de cent ouvriers, le tout bénéficiant de l'appui personnel du président Cleveland, qui manifeste un vif intérêt pour l'Antiquité orientale. Le Kasr, le tell des palais royaux est le premier exploré. Les fondations du palais du tell de Babil est méthodiquement fouillé, ainsi que le complexe de temple de Marduk. De ce chantier colossal, se dégage assez tôt une vue d'ensemble & quelques vestiges de valeur, qui vont enrichir le musée de Constantinople. Toutes les parutions sont toutefois réservées à l'université de Philadelphie, lorsque soudain, Cornelius Van Alen Van Dyck envoie un télégramme enthousiaste. Son équipe vient d'exhumer une partie des fondations de la triple muraille & les fragments bleutés de la Porte d'Ishtar. Quand on sait que le découvreur de la Troie antique, Heinrich Schliemann, a reçu la nationalité américaine il y a quinze ans, on perçoit l'attrait fabuleux des Etats-Unis pour l'Antiquité & l'avance évidente qu'ils ont face aux Européens, qui délaissent bien maladroitement leurs musées.
Piquée au vif, la Grande Bretagne réagit & fonde la Société de l'Exploration de l'Egypte, nommant comme directeur le jeune égyptologue William Flinders Petrie. Directeur des futurs chantiers de fouilles, Flinders Petrie se brouille déjà avec ses collègues, qu'il traite de bureaucrates incompétents. Visiblement, le financement de la société apparait bien faible pour les ambitions britanniques.
- Chaos au Mexique -
Les lenteurs de l'armée mexicaine engendrent une insurrection, généralisée lors de la réélection du président Porfirio Diaz, dirigeant le pays de manière dictatoriale depuis des années. Monterrey est pacifiée par l'armée enfin arrivée sur place, mais pas Hermosillo & encore moins Chihuahua, menacée par les Apaches de Geronimo. Le mouvement révolutionnaire connait donc ses premiers succès dans le Nord du pays, qui sombre dans le chaos. La mine de cuivre de Chihuahua est fermée.
En Chine, la situation du Roi du Huguang à Wuhan est scellée par la victoire des forces impériales.
- Consortiums actuels -
Le lucratif monopole allemand sur la chimie a vécu. Depuis quelques semaines, beaucoup d'actionnaires sentaient le vent tourner & supputaient qu'une nouvelle entreprise allait venir concurrencer la fabrique Bayer, immanquablement. C'est désormais chose faite, avec la naissance de la société pharmaceutique japonaise Shoten Fujisawa, qui est une raffinerie de camphre installée à Osaka.
Le Pays basque demeure le coeur de l'industrie espagnole & ouvre une nouvelle manufacture d'armement dans les environs de Bilbao, la Fabrica de Armas de Eibar.
Le Costa-Rica, l'Equateur, le Guatemala & l'Islande sont désormais sous influence économique.
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Alimentaire : Abyssinie, Argentine, Ceylan, CHINE, ITALIE, MEXIQUE, TURQUIE.
Armement : AUTRICHE, BELGIQUE, CHINE, ESPAGNE, Suède.
Banque : FRANCE, JAPON, ROYAUME UNI, Suisse.
Chantier naval : ESPAGNE, Grèce, JAPON, ROYAUME UNI.
Charbonnage : ALLEMAGNE, ETATS-UNIS, Mandchourie, Mozambique.
Chimie : ALLEMAGNE, JAPON, Norvège.
Gisements : Brésil, Congo (BELGIQUE), Etats Malais, Matebeleland, Nigeria (ALLEMAGNE), RUSSIE.
Machines outils : Danemark, ITALIE, PAYS-BAS.
Mines : Australie, Côte d'Or, Katanga (BELGIQUE), MEXIQUE, RUSSIE.
Pétrole : Azerbaïdjan, Birmanie, ETATS-UNIS, Roumanie, Sumatra (PAYS-BAS).
Sidérurgie : BELGIQUE, ESPAGNE, JAPON, MEXIQUE.
Tabac : Barbade, Cuba (ESPAGNE), JAPON, Nicaragua, TURQUIE.
Textile : Corée, Egypte, Gujarat (ROYAUME UNI), Maroc (FRANCE), Pendjab.
Verrerie : AUTRICHE, Canada, CHINE, FRANCE, Perse.
DATE LIMITE DE L'ETE 1886 : VENDREDI 24 MARS
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